Madagascar: Recommandations électorales - L'Europe requiert un dialogue avec l'État

Selon l'ambassadrice de l'UE, la quasi-totalité des recommandations européennes sur les élections reste lettre morte. Elle requiert un dialogue avec l'État et la Ceni pour leur mise en oeuvre, du moins en partie.

Toujours d'actualité. C'est la situation des recommandations émises par la mission d'observation électorale de l'Union européenne (UE) pour améliorer le processus électoral à Madagascar. Des recommandations formulées à l'issue de l'élection présidentielle de 2018. Aussi, la délégation de l'Union européenne (UE) souhaite-t-elle entamer «un dialogue» avec le gouvernement pour voir comment ces recommandations pourraient être appliquées.

Le déroulement et l'issue de l'élection présidentielle du 16 novembre 2023 ont été parmi les sujets abordés par Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de l'UE, lors de la conférence de presse qu'elle a donnée hier à Ankorondrano. «De toute façon, les recommandations de la mission de 2018 restent d'actualité», a déclaré la diplomate en réponse à une question de la presse et en faisant le rapprochement avec le rapport de la mission des trois experts électoraux européens qui ont suivi le déroulement de la course à la magistrature suprême.

Le rapport des experts européens a été remis au gouvernement et à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), indique l'ambassadrice Delattre Burger. «Il appartient maintenant au gouvernement de décider s'il veut le rendre public ou pas», lance-t-elle en ajoutant, «mais ce que je peux souligner, c'est qu'ils [les experts électoraux de l'UE] ont dû constater que beaucoup, sinon la quasi-totalité des recommandations préconisées par la mission électorale de 2018, n'avaient pas été suivies d'effets».

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De prime abord, l'Europe ne compte pas lâcher l'affaire. D'autant plus qu'il y a encore les législatives et les communales en vue. À entendre Isabelle Delattre Burger, l'UE pourrait être prête à faire des compromis sur certains points.

Sans effet

«Ce que je souhaite, c'est que nous puissions prochainement entamer un vrai dialogue avec le gouvernement et avec la Ceni sur les recommandations qui ont été formulées par les experts de l'Union européenne. Afin de voir quelles sont celles qui seront reprises à son compte par le gouvernement (...) nous espérons quand même que certaines recommandations puissent faire écho au sein du gouvernement avec leur volonté de démocratiser le pays», affirme alors la diplomate européenne.

Cependant, bien que l'Europe soit prête à faire des concessions, «il y a certains points plus sensibles que d'autres pour améliorer le cadre électoral», sur lesquels elle pourrait insister durant le dialogue avec l'État. Un exemple de ces «sujets sensibles», fréquemment soulevé par l'ambassadrice Delattre Burger et qu'elle a repris hier, est la transparence du financement des campagnes électorales des candidats. Selon la diplomate, le débat sur les recommandations électorales n'affectera pas «la coopération bilatérale» entre l'UE et la Grande île.

Madagascar vient de signer, le 13 février, l'accord des Samoa qui remplace celui de Cotonou. Il s'agit du nouvel accord de coopération économique, politique et de développement entre l'UE et ses partenaires. «(...) Dans son ensemble, la coopération bilatérale avec Madagascar n'est pas directement affectée puisque nous ne pratiquons pas ce qu'on appelle «aide liée». (...) Nous n'allons pas arrêter les programmes pour punir Madagascar», explique l'ambassadrice européenne.

Pour conclure la question sur les recommandations électorales, Isabelle Delattre Burger ajoute, «dans l'accord des Samoa, il n'y a pas de clause qui prévoit de réduire les aides puisque les recommandations de la mission d'experts électoraux ne sont pas suivies. En revanche, c'est un sujet qui fera nécessairement l'objet de discussions avec le gouvernement, notamment lors du dialogue politique prévu dans l'accord des Samoa, mais pas seulement».

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