Madagascar: Centrale hydroélectrique - Volobe classé projet urgent

Un chantier pressant à initier d'urgence. C'est ainsi que Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de l'Union européenne, présente l'impératif de lancer sans délai la construction de la centrale hydroélectrique de Volobe.

Une urgence. Le mot est fort. Il est probable que Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de l'Union européenne (UE), ne l'a pas choisi au hasard, lorsqu'elle a abordé la question du projet de construction de la centrale hydroélectrique de Volobe durant la conférence de presse qu'elle a donné, hier, à Ankorondrano.

"J'espère que nous allons très bientôt pouvoir nous engager aux côtés du gouvernement et du consortium privé pour aller de l'avant afin de construire le barrage de Volobe et d'augmenter considérablement la fourniture d'électricité à la population. Puisque c'est un facteur de développement humain et c'est un facteur de développement économique. Et c'est urgent de vraiment mettre en chantier ce projet de barrage", déclare ainsi la diplomate européenne, alors qu'elle dressait un florilège des différents axes d'action de l'UE à Madagascar.

Selon les explications de l'ambassadrice Delattre Burger, l'UE appuie avec un don d'environ 20 millions d'euros, pour la part de l'État dans le projet Volobe. Soit près d'un tiers de la contribution étatique, note-t-elle. L'Europe, ajoute-t-elle, est également acteur dans un projet d'installation de lignes de transmission électrique, connexe à la construction de la centrale hydroélectrique. La diplomate affirme, cependant, son regret face au retard qu'accuse sa concrétisation.

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Le mémorandum d'entente entre l'État et la Compagnie générale d'hydroélectricité de Volobe (CGHV), a été signé en 2016. La compagnie a été créée spécialement, cette même année, pour le développement du projet et afin qu'il soit concrétisé le plus rapidement possible. Seulement, jusqu'ici, la phase de mise en oeuvre n'est toujours pas d'actualité. Face à la presse, hier, Isabelle Delattre Burger a affirmé qu'il n'y a pas encore de date en vue.

Dommages collatéraux

À la lecture du rapport du Conseil des ministres du 24 janvier, pourtant, le démarrage de la construction des centrales hydroélectriques de Volobe et Sahofika sont inscrits parmi les missions prioritaires du ministère de l'Énergie et des Hydrocarbures. S'agissant de Sahofika, justement, le projet est encore balbutiant à entendre les propos de la diplomate européenne, hier. Le groupe Eiffage "est sorti du projet", selon elle.

La future centrale hydroélectrique de Volobe devrait produire 120 mégawatts, pour une capacité de production annuelle de 750 gigawatts. Ce qui correspond à 40% de la consommation annuelle nationale. La ville de Toamasina, le Réseau interconnecté d'Antananarivo (RIA), jusqu'aux principales villes d'Alaotra et Mangoro, ainsi que la région Vakinankaratra en bénéficieront. Une solution à l'insuffisance de la production énergétique dans le pays donc.

"Nous échangeons en permanence avec le consortium chargé de la conduite du projet afin de le faire avancer", est la réponse de Olivier Jean-Baptiste, ministre de l'Énergie et des Hydrocarbures, dans un message, hier. Comme l'a confirmé l'ambassadrice de l'UE, les négociations sur le prix du kilowattheure sont la cause du retard pris dans l'exécution du projet. L'État a renégocié le prix du kilowattheure affiché à 6,3 centimes de dollars au départ, pour le ramener jusqu'à 5 centimes de dollars.

La durée de concession de la centrale est également réduite à 25 ans. Ce qui est acté dans le contrat de concession du site, signé au Palais d'État d'Iavoloha, en mai 2023. En septembre de la même année, le Conseil des ministres du gouvernement collégial a donné son feu vert pour l'octroi des autorisations nécessaires à la CGHV pour exploiter le terrain où sera construite la centrale hydroélectrique. Seulement, jusqu'ici, le chantier proprement dit ne démarre pas. Le manque de financement est en cause.

Le coût total du projet Volobe est estimé à environ 550 millions d'euros. Dans l'architecture financière du projet, 25% sera pris en charge par le promoteur et le reste par des emprunts, selon les explications de Remy Huber, directeur général de la CGVH, face à la presse, le 16 février. "C'est l'obtention du financement qui va conditionner le début des travaux", indique-t-il. La Compagnie effectue des tours de table des éventuels partenaires et bailleurs, confirme l'ambassadrice de l'UE.

Le groupe Électricité de France (EDF) serait parmi des acteurs de ce tour de table pour la centrale de Volobe, glisse Isabelle Delattre Burger. Outre le volet développement humain, la diplomate avance, du reste, un argument financier et structurel à l'urgence de concrétiser le projet Volobe et par la suite, le projet Sahofika. Le retard dans les délais cause des dommages collatéraux. "Le fait de vouloir réduire les coûts pour le consommateur est certes louable, mais le temps perdu a signifié des surcoûts dus à la production massive d'électricité via la solution thermique", regrette la diplomate.

En conséquence, il y a l'accroissement des dettes croisées entre l'État et les pétroliers et cela impacte les fonds d'entretien des routes. "En tant que partenaires qui avons contribué à améliorer le réseau routier à Madagascar (...) nous sommes régulièrement frustrés de voir que, depuis des années, le Fonds d'entretien routier n'a pas les moyens d'entretenir ce réseau", lance-t-elle.

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