Ile Maurice: Relocalisation des marchands - Mise en demeure servie à la mairie et au CP

Une mise en demeure a été servie, hier, à la municipalité de Port-Louis et au commissaire de police (CP) contre la relocalisation des marchands opérant au ruisseau du Pouce. Cela, en raison de la démolition de la place, a affirmé l'avoué Me Pazhany Rangasamy. Il s'est rendu sur place hier après-midi pour s'entretenir avec les marchands qui risquent de voir leurs étals démolis par la municipalité aujourd'hui.

«Le tribunal a émis un stay of execution jusqu'à ce que l'appel soit entendu le 17 juin. En tant qu'homme de loi, j'estime que les autorités commettent un grave outrage à la cour en allant à l'encontre de cette décision. Il convient de souligner que ces marchands ne sont pas des occupants illégaux, mais qu'ils travaillent légalement ici. Nous demandons qu'ils soient autorisés à continuer à travailler ici jusqu'à ce qu'un jugement soit rendu par le tribunal et qu'un autre endroit approprié soit trouvé pour les reloger» , a-t-il expliqué. Or, l'après-midi d'hier a été marqué par des moments de forte tension et de mouvements, avec de multiples visites de personnalités du monde juridique et politique, venues apporter leur soutien aux marchands du ruisseau du Pouce.

Parmi eux, l'activiste politique Raouf Khodabaccus ainsi que d'autres membres de Linion Moris. L'avocat Rama Valayden, qui s'est adressé à la presse en présence des marchands, a expliqué que «lorsqu'il s'agit des bâtiments de KFC et de Rogers, ceux-ci auraient déjà dû être démolis et servir d'exemple». Ajoutant : «En ce qui concerne les marchands qui travaillent très dur pour gagner leur vie, nous demandons à la municipalité de discuter avec nous afin de trouver un endroit approprié pour qu'ils puissent travailler. Les prendre d'ici et les jeter là-bas (NdlR, au Victoria Urban Terminal), c'est les traiter comme des animaux parce que le manque de ventes et de revenus les empêchera de vivre. (...) Le gouvernement ne nettoie pas les rivières, ne déploie pas la Special Mobile Force pour assurer la sécurité autour des rivières pendant les inondations, mé zot gagn nisa tous marsan anbulan...»

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Une lettre concernant cette affaire a également été adressée en urgence hier au lord-maire, Issop Nujuraully, par Linion Moris, demandant une réunion pour trouver une solution. Répondant à une question de l'express concernant la légalité, ou plutôt l'illégalité, des choses, étant donné qu'il y a un sursis d'exécution par la Cour suprême, Me Rama Valayden a déclaré : «Ils agissent dans l'illégalité. C'est un outrage à la cour. Plus nous leur dirons, plus ils diront : 'Nous sommes au-dessus de tout. Pouvwar dan nou lamé'. Le pouvoir et l'arrogance sont temporaires....»

Le député du Mouvement militant mauricien, Reza Uteem, était également présent au ruisseau du Pouce. Il nous a dit : «La municipalité est aux prises avec des occupants légaux qui paient leur loyer mensuel. Si elle constate qu'elle a besoin du terrain pour le démolir, elle doit reloger les propriétaires d'étals dans un endroit adapté à leurs moyens de subsistance. S'ils paient un loyer de Rs 500 ici, ils ne peuvent pas être relogés là où ils paient un loyer d'environ Rs 5 000 tout d'un coup. S'ils ont une bonne clientèle ici, ils ne peuvent pas être relogés dans un endroit où il n'y a pas de clients. Le Victoria Urban Terminal est une faillite totale. Les marchands existants y ont laissé leurs étals. Voulez-vous y envoyer ceux du ruisseau du Pouce ?»

Par ailleurs, en réaction à l'argument avancé par la municipalité, selon lequel les bâtiments de KFC, Rogers et Air Mauritius sont des entités privées et que la municipalité n'a pas le pouvoir de leur demander de quitter les lieux, Reza Uteem a avancé : «Nous avons un problème si nous avons un lord-maire qui ne connaît pas la loi. Tout le monde sait que, dans le cas d'une construction illégale ou d'une construction qui cause une nuisance, le gouvernement a le pouvoir d'acquérir obligatoirement la propriété et de la démolir. Dans le cas du projet Metro Express, kan gouvernma inn pran terin kot ti ena lakaz dimounn ek inn krazé, lémer pa ti konn lalwa? Quand il s'agit de KFC et des 'gro palto', il ne connaît pas la loi ? Ils agissent de manière discriminatoire...»

Pour les marchands, ce sont des moments interminables de stress et d'inquiétude quant à leurs moyens de subsistance et qu'ils confient une fois de plus leurs soucis. Alors que nous étions sur le terrain hier, un marchand a même fait une syncope, nécessitant l'aide urgente de passants et d'autres marchands. «Nous continuerons à travailler ici. Nou pou res ouver nou. Dir zot vinn krazé si zot anvi. Nou pa pou bouzé», ont-ils encore dit.

Me Nabiil Kaufid, l'avocat représentant les marchands, répète que «tout ce que nous demandons à nouveau, c'est que la loi soit respectée et que les marchands soient autorisés à travailler dans l'attente d'une décision de la cour».

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