Congo-Brazzaville: La solidarité africaine détruite par la ville

La solidarité africaine qui a existé dans les campagnes, il y a de cela près d'une cinquantaine d'années, est en train de disparaître considérablement avec l'urbanisation. En d'autres termes, la ville a tué la famille élargie, fruit de la solidarité agissante.

Si hier l'altruisme et l'entraide étaient de véritables ciments de la parenté socio-consanguine africaine, aujourd'hui tout cela s'est étiolé au profit de la famille nucléaire restreinte en ville. La modernité qui accompagne la forte urbanisation a causé une dilatation de la solidarité. Et cela est vécu presque dans toutes les familles dans nos villes. On note qu'à cause de la disparition de cette solidarité, des ennuis de toute sorte vécus par un voisin immédiat sont perçus avec une certaine indifférence. En cela, personne ne s'occupe ou ne se soucie du calvaire que vit l'autre à proximité de lui. Or hier au village, c'est toute la communauté qui se mobilisait si l'autre avait quelques ennuis sociaux.

Cette disparition de la parenté socio-africaine est vécue de deux façons, au niveau de la famille élargie consanguine et au niveau de la famille sociale. La ville, avec sa kyrielle d'exigences financières, a fait que les membres d'une même famille consanguine refusent de s'entraider, car nombreux ont totalement changé le logiciel mental d'hier pour s'arrimer à celui d'aujourd'hui. « Ma famille, ce sont mes enfants et mon épouse », disent les adeptes du rejet de la famille élargie, jugée occasionnant trop de dépenses. Même chose pour la famille sociale, c'est-à-dire « la solidarité agissante née d'une certaine cohabitation ». Cette famille tend à devenir un leurre, une démagogie et une tromperie sociale, car elle n'existe plus en ville. Voir l'autre souffrir sans intervenir devient une monnaie courante.

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Ce comportement peut avoir dans nos villes un impact négatif sur la cristallisation du « vivre ensemble » que nous souhaitions tous. Du point de vue humain, est-il normal qu'un voisin se frotte les mains et se permette de déverser le reste de la nourriture dans la poubelle quand, à côté, il y a bien des familles qui passent des journées entières ne sachant quoi manger ?

Le « kandza », le « olèbè », le « mbalé », le « mbongui », ce sont des hangars dans nos langues vernaculaires. Ces cadres symbolisent la solidarité agissante qui a longtemps existé dans nos villages, mais actuellement en voie de disparition dans nos villes. Est-ce la ville qui a détruit la solidarité africaine élargie ou c'est l'égoïsme de certains citadins qui se cachent derrière le caractère dépensier de la famille élargie ? En clair, ceux qui rejettent la sociabilité villageoise le font sciemment car si une situation ennuyeuse leur arrive, ils crient toujours au nom de la solidarité, de l'amour, de l'altruisme et de l'entraide qui doit relier des hommes.

En réalité, la solidarité agissante devrait continuer pour une meilleure cristallisation du « vivre ensemble ». La ville n'est pas la cause réelle de la disparition de cette solidarité, c'est plutôt l'égoïsme des hommes.

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