Ile Maurice: Base militaire or not base militaire - Des élus n'ont «rien vu»

«Ce n'est pas une base militaire», a répété Pravind Jugnauth à plusieurs reprises cette semaine, après l'inauguration de la piste d'atterrissage et de la jetée à Agaléga. Même les députés de l'opposition ont été rassurés après avoir constaté de visu la situation. Cependant, plusieurs questions restent en suspens.

Lors de son discours, le Premier ministre a parlé d'une «connectivité» comme à Rodrigues. Cependant, il a aussi fait savoir qu'il n'y a pas de plan établi pour le lancement des vols commerciaux car il y a plusieurs facteurs, dont la rentabilité, à prendre en considération. La question qui se pose toujours donc est, à quoi serviront de telles infrastructures, avec un hangar surdimensionné, désormais ?

Il n'y a pas mal d'infrastructures qui ont été construites sur l'île. Parmi celles-ci, un hôpital pour la cinquantaine de techniciens indiens qui travaillent au port et sur la piste. L'hôpital (voir ci-contre) comprend une unité de soins intensifs, une unité de grands brûlés, deux salles d'opération, une salle de triage pour gérer les catastrophes, un laboratoire où l'on peut effectuer des analyses très poussées, entre autres. Cet hôpital, construit par les Indiens, sera géré par les Indiens.

(L'immense lobby du nouvel hôpital.)

Les quelques centaines d'habitants y auront accès uniquement s'ils sont référés par le médecin du ministère de la Santé posté dans l'île. Il n'y a pas que cet hôpital. Entre la jetée et la piste, plusieurs bâtiments ont été construits. Des «guest houses» qui ne sont pas à la disposition de la population et qui, pour l'heure, ne seront pas mis à la disposition des touristes lorsqu'il y aura une éventuelle ouverture aux visiteurs, un nouveau générateur des hangars.

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Toutes ces constructions se trouvent sur la route principale de l'île, qui part de la jetée au Village 25. En ce moment, il y a des travaux pour l'asphaltage d'une autre route qui, de la jetée, contournera ces constructions et la piste pour arriver au village (voir ci-contre). De ce fait, ces bâtiments seront totalement isolés du reste de l'île.

Ce qu'ils en disent

Sandra Mayotte : «J'ai cherché je n'ai rien vu, et vous ?»

«C'est ma première visite. J'ai été touchée par la sincérité et par l'authenticité des habitants. Ils m'ont parlé de quelques soucis, dont l'accès à des soins de santé. Ce n'est pas évident pour une maman de laisser ses enfants pour aller terminer sa grossesse à Maurice. Mais maintenant, avec la connexion aérienne, ce ne sera plus un problème. Quant à la base militaire, je vous pose la question. Qu'avez-vous vu, car moi j'ai cherché, je n'ai rien vu. Ce n'est que le début des projets de développement.»

Ismaël Rawoo : «Démagogies»

«L'accueil a été extraordinaire. Concernant les Agaléens, ils ont été émerveillés par la piste. J'ai effectué plusieurs visites, et ces infrastructures représentent vraiment une bouffée d'air pour l'économie. En tant que PPS de la circonscription, avec la connectivité aérienne, il sera désormais plus facile d'accéder aux demandes des jeunes Agaléens, comme l'installation d'un terrain de foot synthétique. Quant aux démagogies sur la base militaire, je vais simplement dire que même les Agaléens sont contents de ce qui se passe.»

Stephan Toussaint : «Bizin al rod baz-la !»

«J'ai été frappé par la simplicité de la vie ici. Il n'y a pas ce gros rush, le temps s'est arrêté. Je vais retourner à Maurice et voir ce qui peut être fait ici au niveau des loisirs. Je dois voir avec les techniciens de mon ministère pour déterminer le potentiel des jeunes d'ici. C'est un travail très technique. Puis, pour arriver à un niveau de l'élite, il faudra qu'ils viennent à Maurice, et pourquoi pas ramener des médailles au pays. Quant à la base militaire, j'ai fait le tour, mais je n'ai rien vu. Bizin al rod baz-la ! De toute façon, il ne faut pas oublier que Maurice conserve sa souveraineté sur l'archipel.»

Salim Abbas-Mamode : «Ni base ni militaire»

«J'ai été agréablement surpris par l'accueil des habitants, et par la nature qui a été protégée. J'espère y retourner très vite. J'ai rencontré des habitants, je les ai écoutés et il y a quelques problèmes que nous allons régler dès que nous rentrerons. Quant à la base, je n'ai vu ni base ni militaire.

Kavy Ramano : «Il n'y en a pas»

«Il y a eu trois surveys qui ont été faits au niveau environnemental à Agaléga. Il s'agit de la qualité de l'air et de l'eau entre autres. Il y a plusieurs défis à relever, comme le ramassage d'ordures, mais avec l'amour que les Agaléens portent à leur île, je suis certain que cela se fera avec leur collaboration. Quant aux déchets industriels après les constructions, ils seront acheminés vers Maurice. Et il n'y a pas de base militaire, les habitants sont fiers des développements qu'il y a eus et cela permettra de booster l'économie.»

Adil Ameer Meea et Ehsan Juman : «Que l'accord avec l'Inde soit rendu public»

«Niveau logement, il n'y a eu aucune construction depuis 10 ans. Il y a deux, voire trois familles qui partagent le même toit. L'autre problème est l'éducation. Les élèves d'ici passent leurs examens, mais une fois à Maurice pour le SC, ils n'arrivent pas à obtenir les «credits» nécessaires pour continuer. Il n'est pas normal qu'ils aient à choisir leurs sujets en fonction des enseignants disponibles. Apré, éna bann zanfan lil du sud. Parfwa, dé ou trwa semenn zot pa kapav vinn lekol. Le manque de loisirs est aussi criant.

Il est temps d'avoir un service de maternité à Agaléga, car pendant leur grossesse, les femmes doivent voyager vers Maurice avant l'accouchement. Ce qui fait qu'elles laissent derrière elles proches et enfants. Ena enn nouvo lopital inn met anplas. Nek bizin amenn bann spesialis. Il n'y a aucune trace militaire, mais les infrastructures peuvent accueillir plus que des avions civils. Que l'accord entre Maurice et l'Inde soit rendu public.»

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