Gabon: Moanda /Cité de relogement Lekolo2 - Une polémique aux fondements fictifs

Inauguré le 9 février 2024 par le Président de la Transition, le général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, la cité de relogement du quartier Lekolo 2 a été au centre d'une polémique incompréhensible au regard du processus inclusif qui a conduit jusqu'à la livraison de ces maisons. Une cité censée accueillir les populations affectées par le projet d'exploitation par la Compagnie minière de l'Ogooué (COMILOG) des « bordures » du plateau Bangombé.

« Donnez-moi les clés, même aujourd'hui-là je pars rentrer, donnez-moi les clés... » s'impatiente un sexagénaire vivant à Leyima devant sa demeure bâtie en tôles, un des quartiers impacté par le projet de la COMILOG. Dans ce quartier difficile d'accès, il faut marcher en veillant à chaque pas, c'est une patinoire en saison de pluie, ces habitants disent être prêts à partir, le seul bémol actuellement ce sont les contrats qui tardent à être distribués. D'autres encore acceptent d'être relogés mais espèrent également une aide financière de la COMILOG pour le déménagement.

Si les habitants sont prêts à quitter leur quartier actuel pour la nouvelle cité « plus moderne », il reste que beaucoup estiment que la COMILOG, en faisant l'inventaire des habitations, n'aurait pas tenu compte de leurs sépultures, des jardins et des toilettes extérieurs. Ces griefs faits à l'entreprise semblent être le résultat d'une mauvaise communication de la part des représentants de ces habitants qui pourtant ont pris part à tout le processus jusqu'à la construction de la nouvelle cité.

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Les procès-verbaux des réunions multipartites sont assez éloquents. Un processus de relogement initié depuis près de 20 ans.

C'est en 2007 que la COMILOG lance le processus de compensation des personnes affectées par le projet (PAP) lors d'une première réunion d'information organisée avec les élus et les responsables des quartiers affectés pour les informer du lancement du Projet sur les bordures du plateau Bangombé et du besoin de libérer l'espace. L'inventaire des PAP interviendra cinq(5) ans après en 2012 par le cabinet Technital qui a identifié 285 PAP et 808 bâtis à compenser (maison, toilettes et tombes). Cet inventaire sera actualisé en décembre 2018 et donnera désormais 355 PAP et 895 structures à compenser. Un inventaire de perte d'arbres sera aussi réalisé identifiant 235 personnes affectées.

Il faut noter que c'est en 2017 que la sélection du projet de relogement des PAP a été faite. A ce sujet, COMILOG explique qu'il fallait choisir entre trois approches :« 1- envisager un déguerpissement avec indemnisation 2- envisager un déguerpissement + zone de relogement avec construction à la charge des populations 3- envisager des constructions,par COMILOG, de logements de substitution ». La troisième approche qui a nécessité l'accompagnement de l'État a été choisie.

L'année suivante, une consultation publique est organisée par la compagnie minière pour présenter aux autorités et aux PAP le projet de relogement et les principes de compensation. Cette même année 2018, les PAP ont validé le site de relogement proposé. En Janvier 2023, les populations ont été conviées à visiter les maisons afin d'apprécier l'évolution des travaux.

Au regard de ce qui précède, plusieurs questions turlupinent les observateurs : comment expliquer la levée de boucliers observée récemment lorsque durant tout le processus, les populations elles-mêmes ont été associées à chacune des étapes. Y a-t-il une main noire derrière toute cette agitation ? A qui profite finalement cette situation ?

De toutes les façons, on dira comme l'auteur : « Il n'y a de vérité que le temps ne révèle »

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