Madagascar: Sanctions pénales - Rajoelina réaffirme la tolérance zéro contre les violeurs

Le président de la République est intransigeant sur la tolérance zéro contre les violeurs d'enfants. Il réplique aussi aux détracteurs des nouvelles lignes du code pénal et défend avec véhémence l'application de la castration sur les coupables.

Indéfendable. Ce mot résume la réaction de Andry Rajoelina, président de la République, vis-à-vis de ceux qui remettent en cause l'application de la castration chirurgicale contre les auteurs de viol sur enfants.

Le locataire d'Iavoloha a, en effet, répliqué à ceux qui remettent en cause les nouvelles lignes du code pénal inscrivant, notamment, la castration chirurgicale parmi les peines contre les violeurs d'enfants. Une réaction qu'il a glissée avec véhémence dans son discours prononcé lors de l'inauguration du nouveau siège de la Direction régionale de la sécurité publique (DRSP) d'Atsinanana, à Toamasina, hier. Il en a profité pour réaffirmer la tolérance zéro contre les auteurs de viol, surtout, les viols sur enfants.

«Il n'y a rien qui puisse justifier de tels crimes ignobles qui détruisent la vie d'enfants innocents», décoche le chef de l'État, dans une tirade passionnée. Sur sa lancée, il ajoute, «je tiens à attirer l'attention de tous, y a-t-il encore des Malgaches qui osent affirmer que les coupables de telles atrocités ne devraient pas être sanctionnés de la manière la plus sévère possible ? (...) Une simple peine d'emprisonnement ne suffit pas par rapport aux séquelles physiques et psychologiques, aux traumatismes que les victimes porteront durant toute leur vie».

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Andry Rajoelina l'affirme, «je me dresse pour protéger nos enfants, pour défendre les femmes et les enfants victimes de violences. Je défendrai jusqu'au bout l'application de la castration contre les auteurs de ces actes atroces». À entendre l'allocution présidentielle, ceux qui avancent que la castration n'est pas l'option idéale, ou encore, que cette peine outrepasserait les droits humains «défendent l'indéfendable».

« Osez dénoncer »

Certains acteurs de la société civile nationale et internationale fustigent l'inscription de la castration dans le code pénal. Le 26 février, Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de l'Union européenne (UE), a également tiré à boulets rouges contre cette mesure. Ce qui lui a valu une convocation «pour explication», par Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères, le 29 février.

Amnesty International a été le premier à envoyer un scud en qualifiant la castration de «traitement cruel, inhumain et dégradant». Dans un texte publié le 8 février sur son site web, l'organisation table sur l'incompatibilité de cette peine avec les dispositions constitutionnelles et les normes régionales et internationales relatives aux droits humains. Un argument réaffirmé par l'ambassadrice de l'UE, face à la presse, la semaine dernière.

Dans sa décision du 23 février, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) a déclaré conforme à la Constitution la castration, en optant pour «la castration chirurgicale». Une décision qui tient compte de l'objectif de préserver l'intérêt supérieur de l'enfant, mais aussi, de l'impératif de respect des droits humains. En l'occurrence, ici, il était question d'aligner l'esprit des nouveaux articles avec la Constitution qui dispose que «nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants».

Selon la HCC, la castration chirurgicale peut se faire de manière à ce que l'exécution de la peine ne rentre pas dans la catégorie des actes de torture. «La castration chirurgicale est une opération destinée à supprimer la production des hormones sexuelles sécrétées par les ovaires ou les testicules, privant ainsi l'individu de sa faculté de se reproduire ainsi que de sa recherche incitative du plaisir sexuel», explique la Cour d'Ambohidahy. Une explication renchérie par le Président, hier.

Le chef de l'État affirme alors que la castration chirurgicale n'implique pas d'infliger des sévices physiques aux violeurs. Selon ses dires, il est question ici de «supprimer», la faculté reproductive et la recherche du plaisir sexuel. Des mots qui rejoignent l'explication de la HCC. En marge de la cérémonie d'hier, Landy Mbolatiana Randriamanantenasoa, ministre de la Justice, a indiqué que les nouvelles dispositions du code pénal qui prévoient la castration, notamment, «ont été promulguées le 26 février».

La Garde des Sceaux souligne ainsi que les individus accusés de viol sur enfant appréhendés depuis cette date du 26 février, seront jugés sur la base de ces nouvelles dispositions légales. Ils encourent ainsi la castration chirurgicale. «Le ministère de la Justice a porté le projet de loi et est prêt à l'appliquer, maintenant qu'il est en vigueur. La consigne est déjà donnée pour son application de façon impartiale», affirme-t-elle.

Dans son allocution d'hier, le Président a, du reste, mis l'accent sur l'importance de la dénonciation par les victimes et leur entourage. «Osez dénoncer», soutient Andry Rajoelina. Sur ce point, la contrôleure générale de police Ny Aina Randriambelo, directrice de cabinet du ministère de la Sécurité publique, note que les opérations de sensibilisation, comme celles menées par la Brigade féminine de proximité (BFP), ont délié les langues. «C'est ce qui explique les fréquentes arrestations de présumés violeurs depuis quelques mois», indique-t-elle.

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