Gabon: « Le CTRI ne s'exprimera pas mille fois. Le gouvernement doit se gouverner en conséquence pour faire bouger les lignes. Le monde nous regarde »

« Le CTRI ne s'exprimera pas mille fois. Le gouvernement doit se gouverner en conséquence pour faire bouger les lignes. Le monde nous regarde ». Dixit l'ancien Procureur de la République Nestor Bingou, Président de l'Association Tebakani, spécialisée dans la promotion de la culture du peuple autochtone Ungom.

En effet, depuis quelques semaines, l'actualité de notre pays est polarisée sur le futur Dialogue National, beaucoup s'interrogeant sur son format et sur la date réelle de son démarrage. Pour l'ancien Procureur de la République Nestor Bingou, la balle est dans le camp du Gouvernement, le CTRI ayant depuis longtemps clarifié sa position sur cette rencontre gabono-gabonaise, position matérialisée une inscription budgétaire d'environ 5 milliards de FCFA consacrée à cet évènement.

Pour l'ancien Magistrat, le montant de cette inscription budgétaire allouée au Dialogue National témoigne de l'importance accordée à cet évènement historique par le Comité pour la Transition et la restauration des institutions (CTRI). Le Gouvernement devrait alors accompagner le CTRI dans la concrétisation de cette noble vision pour le pays.

Selon le Président de l'association TEBAKANI « Le CTRI ne parlera pas mille fois. Le Gouvernement doit se gouverner en conséquence pour faire avancer les choses. Le monde nous regarde ». Le Magistrat estime ainsi que le CTRI a déjà donné toutes les indications à propos du format de ce Dialogue National et qu'il appartient au Gouvernement de s'atteler à la mise en musique de ces orientations. Il précise que « Le CTRI a indiqué que ce Dialogue National sera présidé par l'Archevêque de Libreville, et qu'en outre ce Dialogue sera inclusif et souverain », des notions que le Magistrat a développé ainsi qu'il suit :

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1-La Commission indépendante pour le Dialogue National.

Pour le Magistrat, dire que le Dialogue National sera présidé par une autorité civile du monde religieux ou autre, signifie que le CTRI a la volonté de donner l'initiative de cet évènement au peuple, le Gouvernement et d'autres institutions de la République ne seraient alors que des parties prenantes à l'organisation de ce Dialogue National, et non des acteurs prépondérants de cette organisation.

C'est pourquoi, d'aucuns ont été surpris de constater que le CTRI n'ait pas accompagné son annonce par l'adoption d'un texte règlementaire définissant le cadre et les contours de la présidence de ce Dialogue National par l'Archevêque de Libreville. Ce vide a laissé croire au Gouvernement qu'il avait l'initiative de l'organisation de ce Dialogue National. Et c'est donc à juste titre qu'il a lancé l'appel à contributions des gabonais, en lieu et place de l'instance indépendante présidée par l'Archevêque

de Libreville. Il est alors urgent de corriger cette faiblesse et de transférer à l'Archevêque de Libreville, la plénitude de ses compétences, à la faveur d'un décret définissant le cadre d'exercice de ses compétences.

2- Le caractère inclusif du Dialogue National

Le Président de l'Association du peuple autochtone Ungom explique, en outre, que le CTRI veut d'un Dialogue National inclusif, et c'est d'ailleurs le souhait de la grande majorité des gabonais. Mais, la notion de Dialogue National inclusif appelle à la participation de toutes les forces vives de la nation à cet évènement historique, a-t-il ajouté. Cela signifie qu'il faut imaginer un cadre de dialogue qui permette la participation de tout ce monde à cet évènement historique.

L'Appel à contributions lancé par le Gouvernement a reçu à lui seul près de 20000 contributions. Il s'agit alors de près de 20000 potentiels participants à ce dialogue National. Et comme on peut l'imaginer, ces 20000 potentiels participants sont de loin représentatifs de l'ensemble des forces vives de la nation gabonaise.

Il serait alors illusoire, dans le contexte actuel, de penser recevoir à Libreville plus de 20000

participants au Dialogue National, les transporter, héberger, nourrir et sécuriser pendant toute la durée du Dialogue. Ce qui paraît pragmatique pour le Magistrat, et pour la garantie du caractère inclusif de l'évènement, est d'envisager un Dialogue National en deux phases, suivant la technique de l'entonnoir, encore appelée approche pyramidale.

Les gabonais dialogueraient ainsi, dans un premier temps, au niveau provincial, ou consulaire (en ce qui concerne les gabonais de l'étranger), puis dans une seconde phase, au niveau national par le biais des délégués provinciaux et consulaires, auxquels seront associés d'autres forces à compétences nationales.

Les contributions déposées par les uns et les autres devraient servir à l'élaboration du document de base de travail de ce Dialogue, un document de synthèse contenant les termes de référence et traduisant de manière fidèle les préoccupations exprimées par les gabonais dans leurs contributions. Pour garantir cette fidélité, la Commission indépendante pour le Dialogue National devrait publier à temps ce document de synthèse et ouvrir la phase des réclamations permettant à ceux qui n'y auraient retrouvé leurs préoccupations dans le document de le faire savoir.

3- Un dialogue National souverain

Enfin, selon l'ancien Procureur de la République, le CTRI souhaite un Dialogue National souverain, comme l'a affirmé plus d'une fois le Président de la Transition. Cela signifie que les résolutions issues de ces assises nationales devraient revêtir une force exécutoire, en raison de ce qu'elles seraient l'émanation de la volonté populaire, donc d'une volonté au-dessus de toutes normes juridiques nationales. En d'autres termes, aucun acte juridique ne peut paralyser la force exécutoire des résolutions issues d'une consultation populaire.

Le Dialogue National en perspective ne peut revêtir un caractère souverain que si en amont, son caractère inclusif est assuré. C'est parce qu'un grand nombre des gabonais auraient pris part à ces assises que son caractère souverain serait garanti.

Le caractère souverain de ce Dialogue National naît alors de sa dimension inclusive. S'il n'est pas incisif en amont, il ne pourrait être souverain en aval. Ainsi, si le CTRI et les gabonais rêvent d'un Dialogue souverain, il leur revient de veiller à ce qu'il soit inclusif en amont. Et ce n'est que par ces mécanismes que notre pays pourrait se réjouir d'avoir organisé une Dialogue qui sorte des sentiers battus.

Pour aller au Dialogue d'Avril, le peuple attend alors des autorités nationales :

1- La publication d'un texte règlementaire portant organisation et attributions du Comité indépendant d'organisation d'un Dialogue National, inclusif et souverain ;

2- La désignation des membres de ce Comité ;

3- La mise à la disposition du public du document de synthèse contenant les termes de référence résultant de la compilation des préoccupations exprimées par les gabonais dans leurs contributions ;

4- La fixation de la date et de la durée de la première phase destinée aux dialogues provinciaux et consulaires ;

5- La fixation de la date et de la durée de la seconde phase, dite « phase nationale »

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