Tunisie: Fédération de l'enseignement de base - Quand la grève générale est donnée pour seule réponse

11 Mars 2024

La Fédération générale de l'enseignement de base (Fgeb) annonce une grève générale, le jeudi 14 mars 2024, dans toutes les écoles primaires de la Tunisie

Le communiqué publié par le ministère de l'Education exprime sa confiance en la justice pour trouver une issue légale et équitable à cette affaire épineuse et tragique consistant à la fois à préserver la dignité des éducateurs et à garantir le droit de l'enfant victime et de sa famille.

Le secteur de l'enseignement traverse, encore une fois, une crise menaçant déjà le bon déroulement de la saison scolaire à la suite de la tension suscitée par le grave incident survenu dans une école primaire de Sfax récemment. C'est une véritable tragédie dont la victime est un élève de six ans et l'agresseur aussi, vu qu'il s'agit de son camarade qui lui a crevé l'oeil avec une paire de ciseaux.

Or, compte tenu de la multiplicité des versions, la tension est montée de plusieurs crans, notamment après l'arrestation de l'institutrice de ladite classe et du directeur de l'école. A la première, on reproche sa «sortie de la salle pour faire des photocopies, selon les parents de l'élève agressé » alors que le directeur est accusé de « négligence, puisqu'il ne l'a contactée qu'une heure après l'incident.

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La mère de la victime assure que le directeur lui « avait caché certains éléments sur ce grave incident et avait essayé de le minimiser, en lui assurant que l'agresseur de son fils l'avait, juste, frappé avec un stylo, mais en arrivant à l'école, elle a découvert la gravité de la blessure... ».

La maman ajoute, encore que son fils « a dû subir une intervention chirurgicale avant que les médecins ne lui apprennent que son fils a perdu un oeil...».

Une grève annoncée le 14 mars dans toutes les écoles primaires

De leur côté, l'administration de l'école primaire Al Mouna, à Markez Esseba de la délégation de Sakiet Eddaier (Sfax) et la Fédération de l'enseignement de base de Sfax présentent une autre version des faits, en exprimant leur solidarité avec l'institutrice et le directeur de l'école placés en détention.

En effet, dans un communiqué rendu public, la Fédération de l'enseignement de base de Sfax affirme que «la collègue institutrice avait quitté la classe pour un besoin urgent, car elle souffre d'une maladie, mais elle a préféré poursuivre son travail afin d'assurer les cours à la veille des examens et cet incident aurait pu se produire même en sa présence».

Quant au directeur, poursuit le même communiqué, « il a veillé à appliquer toutes les procédures nécessaires après ce malheureux drame...».

Les choses ne se sont pas, toutefois, arrêtées là puisqu'outre un sit-in de 2 heures observé, vendredi 8 mars courant de 8h à 10h, en guise de solidarité avec le directeur de l'école et l'enseignante, la Fédération générale de l'enseignement de base annonce qu'une grève générale a été décidée le 14 mars 2024 dans toutes les écoles primaires du pays.

Ainsi, au vu de la tournure prise par cette affaire, le ministère de l'Education a publié un communiqué dans lequel on assure que le Président de la République suit l'évolution de l'affaire qui a fait l'objet d'un échange avec le Chef du gouvernement et avec la ministre de la Justice.

Réactions disproportionnées

Dans son communiqué, le ministère de l'Education exprime sa confiance en la justice pour trouver une issue légale et équitable à cette affaire épineuse et tragique consistant, à la fois, à préserver la dignité des éducateurs et à garantir également le droit de l'enfant victime et de sa famille.

En tout «état de cause, la raison et l'équité veulent que tout en réaffirmant le droit des syndicats à défendre les droits de leurs adhérents, il va de soi que la bonne marche des cours doive aussi être garantie, car il y va de l'avenir de centaines de milliers de nos enfants qu'on ne cesse d'impliquer à tort dans les querelles entre le pouvoir et l'Ugtt ».

On l'a vu lors des dernières années, avec la rétention des notes et autres pratiques qu'on croyait révolues, mais voilà, encore une fois, la Centrale syndicale opte pour les réactions disproportionnées et les solutions extrêmes.

Avec l'intervention de la justice, on ne peut qu'émettre l'espoir d'un dénouement équitable pour toutes les parties ; l'enfant agressé et sa famille, les enseignants et les syndicats.

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