Congo-Brazzaville: Le mal récurrent de manque de menue monnaie au pays

En avril 2021, Les Dépêches de Brazzaville alertaient dans ses colonnes les lecteurs face à la pénurie de pièces de monnaie. Cette alerte a été réitérée le 6 février dernier à propos de ce mal récurrent prêtant a priori à la risée, pourtant une raison de disputes entre consommateurs et commerçants. Trois ans plus tard, les ménages congolais sont livrés à eux-mêmes face à cette problématique sérieuse de rareté de menue monnaie.

À l'issue de la première enquête du service « Économie » des Dépêches de Brazzaville, il y a trois ans, l'une des premières explications était la mise en cause des salles de jeux tenues par des groupes chinois qui étaient accusés d'être à l'origine de la pénurie. Quant aux pouvoirs publics, ils peinaient à prendre des mesures pour prémunir les ménages congolais contre les risques de rareté des pièces de monnaie.

Au quotidien, le constat est de voir les consommateurs du marché congolais qui doivent renoncer à certains achats impératifs ; voir des enfants commissionnés revenir sans avoir obtenu le manioc parce que les vendeuses ont refusé de prendre le billet de 5 000 FCFA en échange de l'achat de quatre maniocs d'une valeur de 200 FCFA : « pas de monnaie ! ». Renoncer à l'achat à la pharmacie d'un médicament indispensable en raison du refus du pharmacien de rendre la monnaie. Ne pas prendre le bus ou le taxi parce que le contrôleur ou le taximan manque de monnaie.

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Il est établi depuis un certain temps que, par manque de monnaie, les usagers des taxis de Brazzaville et de Pointe-Noire n'ont pas eu le choix et ont dû subir une hausse des prix redoutable. La course de 700 francs est passée à 1000 francs.

Des initiatives éparses ont été prises. En 2006, la Banque des États d'Afrique centrale émettait une nouvelle gamme de pièces dont l'objectif était de répondre à la demande. 1, 25 milliard de francs CFA (environ 1,9 million d'euros) a été injecté, en vain visiblement.

Treize ans après, en 2019, le Conseil d'administration de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) s'était engagé à prendre des mesures dans l'optique de prémunir la sous-région Afrique centrale contre les risques de pénurie de pièces de monnaie. Elle avait ordonné, d'une part, d'entreprendre des démarches auprès des États de la sous-région, en vue d'interdire l'usage des pièces de monnaie dans les salles de jeux et, d'autre part, de définir un plan pluriannuel de mise à disposition des pièces au profit des populations.

Un an plus tôt, le gouverneur de la BEAC, Abbas Mahamat Tolli, avait promis de lancer une enquête sur ce phénomène d'exportation des pièces de monnaie hors de la zone Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac). Une interdiction avait été envisagée à la suite de nombreuses plaintes au Cameroun, au Congo et au Tchad. Les promoteurs asiatiques faisaient sortir des pièces de 50 et 100 francs CFA en grosse quantité, d'après les enquêteurs, pour la fabrication de bijoux à l'étranger.

Dans la foulée, des études sur les besoins du public avaient été régulièrement menées par les services de la direction centrale de l'émission, mais les résultats jusqu'alors se font toujours attendre. Des approvisionnements importants en signes monétaires des centres avaient été effectués afin de répartir sur l'ensemble des pays de la zone les billets et les pièces neufs.

La menue monnaie manque à Brazzaville et à Pointe-Noire et aucune explication viable n'est obtenue. Pendant ce temps, la population congolaise, semble-t-il, serait soudainement touchée en masse par un besoin de thésauriser. Et, du côté des institutions financières, dès le début de l'année 2024 , la BEAC et l'Union économique et monétaire Ouest-africaine sont entrées en discussions avec la Cémac et la Banque de France productrice en partie des pièces de francs CFA, une nouvelle tentative pour produire de nouvelles pièces dotées d'un alliage garantissant la sécurité du circuit monétaire.

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