Ile Maurice: L'aéronef 3B NCM «grounded» à Mumbai depuis le 24 février

Annulations de vols non expliquées, reprogrammations de dernière minute et manque flagrant de communication sèment une fois de plus la frustration et l'inquiétude parmi les voyageurs ayant choisi le transporteur national. Mais ces perturbations ne seraient que le sommet de l'iceberg... D'où un appel urgent au nouveau CEO à rectifier le tir.

Le chaos règne à Air Mauritius (MK) alors que les passagers entre Maurice et Mumbai voient leurs plans de voyage sans cesse bouleversés. Par ailleurs, des allégations de nominations et recrutements douteux, de favoritisme et de conflits d'intérêts ont déclenché une demande urgente d'enquête indépendante pour restaurer la transparence et la légitimité dans l'entreprise. Les auteurs d'un article qui dénoncent ces nominations controversées lancent un appel au nouveau Chief Executive Officer (CEO), Charles Cartier, pour rétablir la confiance et prendre des mesures tangibles afin d'assainir les pratiques internes de la compagnie aérienne.

Les passagers qui ont réservé leurs billets d'avion entre Maurice et Mumbai ce mois-ci ont été confrontés à une série de perturbations, suscitant frustration et inquiétude. Plusieurs groupes de passagers avaient prévu de voyager aujourd'hui vers Mumbai, ayant réservé leurs vols depuis décembre lors d'une promotion offerte par MK. Cependant, un mois plus tard, en janvier, la compagnie aérienne les a informés que le vol du 13 mars avait été annulé et reprogrammé pour le 14, sans fournir d'explication claire sur ce changement. Dans une tentative de s'adapter à cette nouvelle date de départ, certains passagers ont cherché à avancer leur vol au 12 mars, afin d'être à Mumbai à temps pour rejoindre leur groupe touristique. Cependant, ils ont été pris au dépourvu lorsqu'ils ont reçu un nouveau message de la compagnie aérienne samedi, les informant que le vol du 12 avait aussi été annulé et reprogrammé pour le 13.

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Cette modification de l'horaire de vol a laissé plusieurs passagers dans une situation délicate, certains ayant des engagements à Mumbai dès le 14 mars, notamment des visites touristiques planifiées. Après plusieurs annulations et reprogrammations, le vol du 13 mars a finalement été maintenu sans explication supplémentaire. De plus, alors que le vol d'aujourd'hui était initialement prévu pour 17 h 20, les passagers ont reçu un message lundi soir pour les informer que l'avion décollerait finalement à 19 h 20.

Ces changements répétés ont suscité des frustrations parmi les passagers, qui ont dû revoir à plusieurs reprises leurs arrangements de voyage et leurs engagements à Mumbai. Ce manque de communication claire de MK sur les raisons de ces modifications, si ce n'est un communiqué radiophonique d'Atma Bumma lundi pour dire qu'il y avait un problème technique et que les passagers devaient se tenir in- formés, n'aura fait qu'aggraver la situation.

En attente de pièces

Les passagers touchés par les récents changements d'horaire de vol entre Maurice et Mumbai expriment leurs appréhensions quant à la fiabilité des vols retour. Certains se demandent si le même scénario se reproduira au retour alors que MK informe ses passagers qu'il y aura des perturbations sur les vols en raison d'une panne d'avion en Inde.

Selon des informations obtenues, il semblerait que MK rencontre toujours des difficultés opérationnelles, notamment un manque d'appareils pour assurer tous ses vols comme prévu. L'aéronef 3BNCM, vieux de 17 ans, est grounded depuis le 24 février à Mumbai. Son retrait permanent du service impacte grandement la performance de MK et a eu pour effet des vols annulés sur plusieurs jours. Une fois de plus, il semblerait que la compagnie soit en attente de pièces pour compléter les travaux sur l'appareil alors que les ingénieurs ont du fil à retordre pour le remettre en état de voler. Nous avons sollicité MK et nous attendons sa version.

Nominations controversées

D'autre part, MK fait face à des turbulences internes d'ordre éthique et de gouvernance qui suscitent de sérieuses inquiétudes. Ces annulations de vol ne seraient que la partie visible de l'iceberg. Dans une correspondance adressée à la direction de MK, des allégations de recrutements et nominations douteux révèlent un dysfonctionnement plus profond. Il serait question de nominations automatiques en violation des politiques internes de recrutement, de conflits d'intérêts flagrants et de favoritisme, jetant le doute sur l'intégrité et la légitimité des processus de gouvernance de la compagnie.

Les auteurs de la lettre exigent une enquête approfondie dans des pratiques de ressources humaines controversées et des nominations suspectes. Ils demandent des mesures urgentes pour remédier à ces préoccupations et rétablir la transparence et la responsabilité au sein de la compagnie aérienne nationale à travers une enquête indépendante pour faire la lumière sur cette affaire. Un exemple criant serait la nomination d'Anba Manikham à deux postes de gestion distincts, notamment responsable du service des passagers et responsable principal des opérations cabine, soulevant des questions sur la légitimité de cette double fonction au sein de différentes unités commerciales. De même, la nomination controversée de Sailesh Jhowry en tant que responsable principal des opérations au sol, malgré des qualifications apparemment inférieures à d'autres candidats, soulève des doutes sérieux sur l'équité du processus de recrutement.

Par ailleurs, l'implication présumée d'un «duo toxique» dans les nominations et des allégations de népotisme et de connexions avec des figures clés de l'entreprise alimentent davantage les inquiétudes quant à la transparence et à l'équité. D'autre part, la nomination d'un responsable de la sécurité en contournant les procédures internes a suscité des inquiétudes en matière de sécurité. L'absence d'expérience de la personne sélectionnée, associée au processus douteux de sa nomination, remet en question la responsabilité en matière de sécurité à MK. La création d'un nouveau poste exécutif des relations avec la clientèle susciterait aussi de vives interrogations. Un appel pressant est lancé au nouveau CEO de MK pour renouer le dialogue avec les syndicats et prendre des mesures concrètes pour rétablir confiance et transparence dans l'entreprise.

Vaines supplications

Une réunion a eu lieu mardi dernier, au lendemain de la démission forcée de Ken Arian, entre celui-ci et les pontes du pouvoir. Le démissionnaire aurait imploré le pardon et présenté des excuses pour avoir déclaré qu'il avait démissionné car il ne pouvait cautionner la mauvaise gouvernance. Ken Arian aurait surtout demandé de lui accorder une deuxième chance. Ce qui n'aurait pas été accepté malgré ses supplications. Selon nos informations, on lui aurait demandé de «libérer» son bureau au Paille-En-Queue Building dont il occupe tout un étage et aurait installé ses propres protégés à la sécurité. D'autre part, des questions se posent sur le sort d'un manager connu comme le «mini-moi» de Ken Arian.

«Si Charles Cartier ne se débarrasse pas de ce personnage», nous dit un membre de la direction de MK, «ce sera toujours Ken Arian qui contrôlera MK à travers ce protégé ainsi que d'autres encore. Il faut tout enlever.» Ce manager promu à la vitesse de l'éclair a toujours su conserver son poste stratégique en livrant des informations «même à l'opposition quand il sent le vent tourner». Nous sommes toujours en attente d'un retour de Ken Arian depuis lundi.

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