Ile Maurice: Première «maladresse» de Charles Cartier, nouveau CEO de MK

· Le comité instauré par le CEO est composé de cinq membres qui font l'objet de multiples plaintes et griefs émanant des employés

· Transferts «déguisés» pour Anba Manikham et ses proches

· Retard d'un vol de Rodrigues mercredi, les passagers attendant pour la énième fois

Un haut cadre d'Air Mauritius (MK) a orchestré une opération de communication, mercredi, visant à présenter les mesures radicales prises par le nouveau Chief Executive Officer (CEO), Charles Cartier, pour rétablir l'ordre au sein de la compagnie aérienne nationale. Selon cette communication, une réorganisation majeure a été entreprise, avec pour objectif principal de résoudre les frustrations et les dysfonctionnements internes, et devrait démontrer un changement significatif dans la sphère d'influence d'Anba Manikham - qui occupait précédemment le poste de responsable du service des passagers et des opérations cabine, et qui a été transféré au Ground Services Worldwide - et de ses proches. Il en ressort qu'un comité nouvellement constitué par Charles Cartier, composé de membres controversés dont les nominations suscitent une vive controverse, a suggéré le transfert d'Anba Manikham et de ses proches.

Les véritables coulisses de cette réorganisation ont été révélées tard dans la soirée de mercredi par le biais d'un mémo interne. Les employés ont alors découvert la mise en place d'un Operations Advisory Committee, chargé de conseiller le CEO sur les questions opérationnelles. Ce comité, mis sur pied dans l'attente de la nomination d'un Chief Operations Officer, est composé de Patrick Ter Hofsteede, Roodra Raghoobar, Sameer Baichoo, Ziyaad Parthasee et Jean-Bernard Sadien. Cette annonce a suscité des interrogations car au moins deux membres de ce comité sont connus pour avoir été au centre de polémiques récentes et sont réputés proches du tandem Ken Arian-Anba Manikham.

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De plus, certains des membres de ce comité font l'objet de plaintes et de griefs de la part des employés, comme en témoignent les lettres envoyées au CEO depuis qu'il est en poste. Cette révélation a alimenté les critiques, remettant en question la sincérité des intentions de Charles Cartier quant à la rupture avec l'ancien ordre établi. En effet, la promotion d'Anba Manikham au poste de Senior Manager, recommandée par un comité dont l'impartialité est remise en cause, a été perçue comme une validation des pratiques passées.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Raj Ramlugun, ancien manager et syndicaliste de MK, a exprimé sa déception, qualifiant cette décision de «mauvais signal». «Le nouveau 'réaménagement' semble accorder un certificat de compétence à Anba Manikham, Roodra Raghoobar et Jean-Bernard Sadien. Avec son nouveau titre, Anba Manikham, lui, voyagera en tout cas encore plus», dit-il. Le nouvel Operations Advisory Committee est accueilli avec sarcasme par Raj Ramlugun, qui y voit simplement un exemple de «prendre les mêmes et recommencer». Et d'ajouter : «Anba Manikham a reçu une autre promotion avec ce transfert comme Senior Manager Ground Services Worldwide, tout en gardant contrôle sur le Service Passage.»

«Lobby»

Au milieu de ces critiques et de ce mécontentement généralisé parmi les employés, une question persiste : quel lobby se cache derrière ces décisions stratégiques, influençant ainsi le cours des événements au sein de MK ? «Ces décisions constituent une déception majeure. Le CEO a commis une erreur en accordant une promotion à Anba Manikham, une personne qui a constamment miné l'autorité de la direction de MK. Au lieu d'enquêter sur les agissements d'Anba Manikham et de le tenir responsable de ses actions, Charles Cartier a opté pour ce qu'il qualifie de solution facile et peu courageuse : de simplement l'éloigner de ses responsabilités précédentes en le nommant Senior Manager», fustige un employé. La capacité de Charles Cartier à instaurer un réel changement reste à prouver.

Déception

L'annonce de cette nouvelle organisation avait d'abord été accueillie avec un soupir de soulagement par de nombreux employés, qui avaient estimé que cela signifiait la fin de l'ingérence d'Anba Manikham dans les décisions opérationnelles. Certains étaient même jusqu'à interpréter cette réaffectation comme une dégradation de son statut au sein de l'entreprise, affirmant que «ses ailes ont été coupées» et qu'il ne pourrait plus dicter sa loi comme avant. Et que le nouveau CEO avait pris leurs préoccupations à coeur en rétablissant la sérénité au sein de l'entreprise.

Or, grande a été la déception après l'émission du mémo interne. En transférant Jean Hughes Young, un proche collaborateur d'Anba Manikham, au poste de Acting Lead of Cabin Operations and Inflight Ser vices, même temporairement, le CEO a suscité davantage de mécontentement. Ce mouvement a été interprété comme une preuve supplémentaire que Charles Cartier pourrait être influencé par les forces en place.

Des employés, percevant en Charles Cartier une lueur d'espoir pour un véritable changement, lui ont adressé une nouvelle lettre pour exprimer leurs griefs. Ils dénoncent notamment la mainmise d'Anba Manikham et de ses alliés sur les nominations internes, et demandent un audit interne et externe sur toutes les nominations depuis la fin de l'administration volontaire de MK. De plus, ils soulèvent des questions concernant les traitements disparates accordés aux plaintes de harcèlement, notant que certains employés sont toujours en poste malgré les accusations, tandis que d'autres ont été suspendus sans délai.

Cette inégalité de traitements suscite des interrogations sur l'équité et la justice au sein de l'entreprise. Le nom de Jean-Bernard Sadien est cité à plusieurs reprises dans cette lettre. Le rôle et l'influence du département des ressources humaines sont également remis en question. Les employés expriment leurs préoccupations quant à l'impartialité et à l'objectivité des processus de sélection et de promotion, mettant en doute l'efficacité des pratiques actuelles en matière de gestion des talents.

Le CEO est également appelé à examiner attentivement la composition des membres des comités de sélection pour les entretiens. Ces employés ont même dressé une liste de personnes nommées à des postes importants, tout en remettant en question leurs qualifications et leurs compétences pour ces fonctions. Ils demandent au CEO de vérifier si ces individus méritaient réellement ces postes, insistant sur la nécessité d'assurer la compétence et l'intégrité des personnes occupant des rôles clés au sein de l'entreprise.

Il devient évident, selon certaines sources internes, que Charles Cartier n'a pas tenu compte de sa première priorité déclarée : restaurer la confiance des employés. Au lieu de cela, il a justifié la promotion d'Anba Manikham par le prétexte de se concentrer sur l'«expérience client». Cette décision a suscité des critiques acerbes car elle semble indiquer que Charles Cartier répète les mêmes erreurs que certains de ses prédécesseurs : croire que la communication seule peut résoudre tous les problèmes.

Les employés soulignent que l'expérience clients dépend avant tout du service offert et non de la simple nomination d'un Senior Manager. La volonté réelle de Charles Cartier de mettre en oeuvre un changement significatif au sein de MK est remise en question face à ses décisions. Certains se demandent même si cela relève vraiment du courage de la part de l'«Iron Man», faisant référence aux exploits sportifs de Charles Cartier, notamment sa participation à plusieurs concours, dont celui d'Iron Man.

Roodesh Muttylall fait son come-back

Le retour de Roodesh Muttylall chez MK a suscité une autre vague de surprises et d'interrogations parmi les employés. Après avoir quitté la compagnie il y a deux ans à la suite de l'arrivée de Ken Arian, Muttylall revient désormais pour occuper le poste de Head Corporate Finance, suite à un processus de sélection. Il prend ses fonctions le 22 avril. Il est l'ex-président de l'Air Mauritius Pension Scheme Ltd.

Certains employés se demandent pourquoi Roodesh Muttylall, qui a quitté la compagnie, se voit offrir une opportunité de revenir, alors que d'autres employés compétents et ayant fait leurs preuves chez MK n'ont pas eu la même chance. La décision de ramener Roodesh Muttylall au sein de MK après son départ donne aussi lieu à des spéculations sur les motivations de cette nomination et sur les relations entre les différents acteurs de l'entreprise.

Retard et attente pour les passagers du vol MK 181 de Rodrigues mercredi

L'arrivée du vol MK 181 en provenance de Rodrigues mercredi était prévue à 16 h 25, mais en raison d'un retard non expliqué par la compagnie qui rencontre toujours des difficultés opérationnelles, l'avion a touché le sol mauricien à 17 h 05. Cependant, une situation inhabituelle s'est présentée à l'arrivée. Aucun officier de l'immigration n'était présent au poste de contrôle, ce qui a entraîné un délai supplémentaire pour les passagers. Les voyageurs ont dû patienter pendant une demi-heure avant de pouvoir quitter l'aéroport. Une fois de plus, il n'y a eu aucune communication de MK sur une de ces situations qui agacent de plus en plus les voyageurs.

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