Libye: La décision de taxer la monnaie libyenne face au dollar fortement contestée

En Libye, la polémique monétaire se poursuit. Aguila Saleh, président de la Chambre des représentants basée à Tobrouk, dans l'est libyen, a décidé jeudi 14 mars 2024 de réduire la valeur du dinar libyen, en imposant une taxe de 27 % sur les achats de devises. Ainsi, la nouvelle taxe affaiblit le taux de change de 4,80 dinars libyens pour un dollar à entre 5,95 et 6,15 dinars pour un dollar.

Le problème fondamental de la Libye est son déséquilibre budgétaire croissant. Le pays n'a quasiment qu'une seule source de revenus à savoir le pétrole. Le prix du baril a stagné, ces derniers mois, et les perspectives les plus prometteuses excluent l'hypothèse de le voir atteindre le seuil des 90 dollars. Une mesure limitée dans le temps et qui ne devrait pas se poursuivre, selon Aguila Saleh, au-delà de l'année 2024. Cependant, la décision a été largement rejetée par les parlementaires qui ont menacé de saisir la justice.

Cette mesure d'ajuster le taux de change du dinar face aux devises étrangères a fait suite à une proposition contestée du gouverneur de la Banque centrale, Al-Seddik Al-Kabir. Sa demande a été justifiée par la nécessité de « répondre aux besoins du marché en devises » et de pallier « la difficulté qu'éprouve la Banque centrale ». La décision pourrait, selon lui, générer des revenus d'environ 12 milliards de dollars, ce qui amortirait certains effets de la dette publique.

%

Mais la décision a provoqué la colère et le refus des parlementaires. Fawzi al Nouwairi, le Premier vice-président de la chambre des représentants, s'y oppose. Il appelle au retrait immédiat de cette « fausse » mesure dont les « conséquences » seraient « catastrophiques ».

Une trentaine d'autres parlementaires ont signé une pétition appelant à réviser la décision qui est « injuste » et illégale car non soumise au vote des députés et qui, de surcroît, encourage des dépenses hors budget d'État.

Des économistes de l'université de Benghazi à qui le chef du Parlement a demandé conseil, ont donné un avis défavorable qui n'a visiblement pas été pris en compte.

La Libye a pourtant dépassé le Nigeria, en février dernier, en matière de production de pétrole pour devenir le premier pays producteur en Afrique. Quant aux dépenses publiques, elles ont atteint un record de 165 milliards de dinars en 2023. La Cour des comptes libyenne a dénoncé le manque de clarté de ses dépenses.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.