Madagascar: Conjoncture - Une situation alarmante pour le secteur des grandes mines

D'une manière quelque peu alarmiste, l'ambassadeur du Japon avait récemment lancé un appel à l'Etat pour que ce dernier examine de près la situation complexe que traverse actuellement Ambatovy.

Les propos du diplomate japonais n'étaient évidemment pas liés uniquement au fait qu'Ambatovy est une société minière qui comporte des intérêts japonais.

Effets néfastes.C'était bien plus une manière d'alerter l'opinion sur les difficultés qui s'annoncent pour l'industrie minière, et sur l'économie nationale toute entière au vu du rôle important que joue le secteur minier dans le tissu économique. Sur le terrain, les effets néfastes des difficultés rencontrées par Ambatovy sont déjà ressentis. Notamment du côté des nombreux sous-traitants et prestataires d'Ambatovy dont les contrats sont revus à la baisse, avec ce que cela suppose de mesures antisociales comme la mise au chômage technique ou encore le licenciement de leurs employés.

Des mesures inévitables mais qui, malheureusement, impactent l'existence de nombreuses familles quand on sait le nombre important de ces petites et moyennes entreprises partenaires d'Ambatovy. Et cette dernière n'est pas un cas isolé. Un autre géant de l'industrie minière malgache, en l'occurrence Rio Tinto QMM est également dans une situation qui n'est pas facile. Son directeur exécutif a récemment confirmé dans nos colonnes que cette année sera difficile et que plusieurs mesures seront déployées pour y faire face, notamment la maîtrise des coûts les plus lourds et la gestion optimale des contrats de fournitures de biens et de services. Là encore, les mesures risquent d'impacter sur les sous-traitants et les prestataires en contrat avec la compagnie.

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Crises internationales.On ne peut en aucun cas blâmer ces entreprises minières puisque cette crise n'est pas de leur responsabilité, mais provient plutôt d'un contexte international très difficile. En effet, à l'origine de ces difficultés, se trouvent les crises internationales actuelles, notamment la guerre en Ukraine et celle de Gaza. Ces deux conflits provoquent à eux-seuls des contractions de la consommation générale dans le monde, rendant la production bien supérieure à la demande mondiale.

Les cours connaissent une chute significative depuis l'année dernière, à l'instar du nickel qui a frôlé les 30 000 dollars à la fin de l'année 2022 pour se retrouver à 18 000 à la clôture de vendredi dernier après une chute lente mais constante. De son côté, le directeur exécutif de QMM, David Alexandre Tremblay a expliqué que la consommation mondiale de peinture a diminué. Un phénomène qui a provoqué la fermeture de nombreuses usines de production de peintures. Des fermetures qui provoquent des difficultés pour QMM dans la mesure où l'industrie de la peinture utilise l'ilménite pour produire le pigment blanc nécessaire à la production de la peinture.

Pertes économiques.En tout cas, ces crises internationales ne sont pas simplement porteuses de difficultés, elles installent durablement des incertitudes sur le futur, ces guerres étant toutes loin de se terminer. Et la situation actuelle n'augure rien de bon pour l'économie nationale. Des pertes économiques ne sont pas à écarter puisque l'industrie minière est grande pourvoyeuse de devises étrangères et de recettes fiscales.

Pour ne citer par exemple que le nickel qui est le premier produit d'exportation de Madagascar, représentant certaines années plus de 30% des exportations du pays. Outre la baisse de ces recettes de devises, il faut s'attendre certainement aussi à la baisse des recettes d'impôts. Mais les conséquences économiques immédiates sont les plus à craindre, outre d'éventuels licenciements économiques qui sévissent déjà à Toamasina, consécutives à la baisse des dépenses locales, l'avenir proche n'est pas forcément simple pour le tissu économique local. Y a-t-il péril en la demeure ?

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