Burkina Faso: Le Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU plaide pour un nouveau contrat social

Arrivé mercredi 20 mars après-midi, le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a rencontré ce jeudi matin le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, ainsi que plusieurs ministres dont celui de la Justice et celui des Affaires étrangères. Une visite qui intervient alors que le situation des droits de l'homme au Burkina est pour le moins malmenée.

Les sujets sensibles en matière d'atteinte aux droits de l'homme ne manquent pas au Burkina : réquisitions militaires forcées, utilisées par le pouvoir pour mettre « au pas » les leaders politiques, syndicaux ou représentants de la société civile qui se montrent un peu trop critiques ; raids dans des villages comme Zaongo, Karma, ou récemment Bibgou, conduisant à des massacres de civils par dizaine ou par centaines, sans que des enquêtes sur les responsabilités des groupes armés terroristes ou loyalistes ne soient menées ; enfin, on peut aussi mentionner les arrestations arbitraires comme celle, en janvier, de l'avocat Maitre Guy Hervé Kam pour suspicion de complot contre l'État.

La liste est longue. Selon le haut représentant des Nations unies, il faut un nouveau contrat social au Burkina Faso, c'est-à-dire créer un environnement favorable aux acteurs de la société civile et écouter les points de vue divergents, afin que chacun puisse exercer ses droits humains sans crainte de représailles.

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Mais sur le perron de la présidence, après sa rencontre avec le président de la Transition Ibrahim Traoré, Volker Turk a surtout exprimé sa « solidiarité avec le peuple burkinabè » qui « souffre énormément » d'une « situation sécuritaire extrêmement compliquée », avec plus de deux millions de personnes déplacées internes et 3800 victimes civiles en 2023. Le diplomate dit avoir mené des discussions « approfondies et étendues » sur le sujet.

Demande d'enquêtes sur des allégations de « violations graves »

« Les groupes armés sont responsables de la grande majorité de ces violations commises contre les civils. Il s'agit d'incidents impliquant plus de 86% des victimes. La protection des civils est primordiale. Une telle violence gratuite doivent cesser et les auteurs doivent répondre de leurs actes. »

Malgré l'annonce des mesures prises pour veiller à ce que le comportement des forces de défense et sécurité, et leurs supplétifs civils, les Volontaires pour la défense de la patrie, soit pleinement conforme au droit international humanitaire et au droit international des droits de l'homme, Volker Türk exhorte les autorités burkinabè à enquêter sur des accusations « de violations graves commises par les forces de sécurité et les Volontaires pour la défense de la patrie ». Elles « doivent faire l'objet d'enquêtes approfondies et de mesures correctives. C'est essentiel pour instaurer un climat de droit et d'ordre pour bâtir la confiance entre les civils et les autorités et pour éviter l'impunité. »

Volker Türk regrette que cette crise au Burkina Faso ait disparu de l'agenda international. Il appelle la communauté internationale à ne pas perdre de vue cette grave situation à laquelle sont confrontés les Burkinabè. Plus de 6,3 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire et les ressources mises à disposition sont totalement insuffisantes.

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