Madagascar: Rencontre politique à Tsimbazaza - Christine Razanamahasoa évoque le « changement » depuis 2009

À l'occasion de la réunion politique qu'elle a organisée à Tsimbazaza, la présidente de l'Assemblée nationale a souligné qu'une suite sera donnée à cette nouvelle étape de son initiative.

La présidente de l'Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa, lève petit à petit le voile sur son projet politique. Si certains attendaient l'annonce de sa candidature aux prochaines législatives, les ambitions de la patronne de la Chambre basse semblent vouloir dépasser les murs de Tsimbazaza. Samedi dernier, à l'occasion d'une rencontre politique qui s'est tenue à la « cafétéria » de l'Assemblée nationale à Tsimbazaza, Christine Razanamahasoa a commencé à muscler son discours contre le régime en place.

« Le peuple malgache s'engouffre dans une pauvreté profonde », lance-t-elle pour contredire les discours officiels sur le sujet. « Madagascar n'a vécu aucune guerre civile, pourtant les Malgaches demeurent dans la pauvreté », poursuit-elle. Et d'enchaîner, « Je ne serai pas complice de la situation actuelle et je suis dans l'obligation de tirer sur la sonnette d'alarme à propos de la difficulté qu'endurent actuellement les Malgaches ». Le discours de la présidente de l'Assemblée nationale se trouve ainsi en total décalage avec celui de l'Exécutif, lequel se trouve, à cet effet, dans la ligne de mire de Christine Razanamahasoa.

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L'ancienne figure du camp de Andry Rajoelina affiche de plus en plus ses couleurs et se met à dos son ancien patron. Accusée de « traîtrise » par certaines langues, et s'étant vue écartée de la majorité présidentielle à la Chambre basse, la présidente de l'Assemblée nationale affirme que « Les réalités actuelles ne conviennent pas du tout à ce que la population a attendu à l'issue du mouvement populaire d'il y a 15 ans ». Cette dernière faisant référence au mouvement de 2009 dirigé par Andry Rajoelina, actuel président de la République. Christine Razanamahasoa, alors fervente partisane du « mouvement orange » à cette époque, estime avoir été « trahie » à son tour. « Je crois actuellement que notre naïveté nous faisait croire à certaines tromperies déjà latentes à cette époque », soutient-elle devant ses partisans, samedi dernier, à Tsimbazaza.

Pseudo-liberté

La présidente de l'Assemblée nationale n'entend alors pas se cantonner au discours. Elle a réitéré, samedi dernier, que « le pays est confronté à un problème de personne ». À son retour d'un voyage officiel en France, il y a deux semaines, Christine Razanamahasoa avait déjà abordé ce sujet. Elle a rappelé à Tsimbazaza, que « Les grands projets structurants (énergie, route, autoroute, grandes mines) subissent des difficultés dans leur mise en oeuvre à cause d'une question de personne ». La présidente de l'Assemblée nationale évoque alors le « changement », un mot qui a eu l'acclamation des participants à la réunion de samedi dernier. On vit actuellement dans une « pseudo-liberté », soutient-elle, et « les choses ne peuvent plus durer ». La patronne de la Chambre basse assure donc qu' « il y aura une suite à donner » à cette réunion de Tsimbazaza. Elle assure également que « les pays avec qui j'ai établi des contacts, lors de mes voyages, ont tous manifesté leur soutien pour développer notre pays ».

Absence massive

L'initiative a, toutefois, rencontré des obstacles, ne parvenant à réunir qu'un nombre restreint de députés. Parmi les députés de l'opposition présents à cet appel figuraient Eleonore Johasy et Hanitra Razafimanantsoa, tandis que d'autres personnalités notables telles que les anciens ministres Roland Ranjatoelina et Bernard Marcel se sont également joints à l'événement à Tsimbazaza aux côtés des « Raimandreny », selon les propres mots de la présidente de l'Assemblée nationale, comme Raymond Ranjeva, Charles Rabemananjara et Désiré Ramakavelo.

Cependant, malgré les appels à la mobilisation lancés à travers les médias et les réseaux, l'initiative de Christine Razanamahasoa a échoué à susciter une réponse significative dans les rangs du camp présidentiel. L'absence était notable parmi les partisans du président de la République lors de la réunion à Tsimbazaza, samedi dernier. Ni les députés, ni les membres du gouvernement, ni les chefs de partis affiliés à la mouvance présidentielle n'ont répondu à l'invitation, laissant l'événement marqué par une absence massive de représentation de la part du pouvoir en place.

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