Maroc: Droit de grève, Code du travail, système de retraite... Autant de sujets ardus

Gouvernement et centrales syndicales reprennent langue sur fond de tensions sociales

Un nouveau round du dialogue social entre le gouvernement et les centrales syndicales aura lieu ce mardi 26 mars dans un climat de tension sociale dans plusieurs secteurs.

Plusieurs dossiers importants pourraient figurer à l'ordre du jour de cette séance, notamment le projet de loi organique régissant le droit de grève, la révision du Code du travail et la réforme du système de retraite. Dans son rapport annuel de 2023, Bank Al-Maghrib a mis en garde contre les conséquences du retard accusé dans la mise en oeuvre de la réforme de ce système dont les indicateurs de soutenabilité de certaines caisses reculaient considérablement et menaçaient l'équilibre des finances publiques. «Ce retard observé dans la finalisation de la réforme des retraites ne fera qu'alourdir son coût et accentuer ainsi les réticences des partenaires sociaux et les difficultés du dialogue social», a souligné la Banque centrale.

A rappeler que le ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a annoncé récemment dans une interview à nos confrères de L'Economiste que «le round d'avril du dialogue social devra connaître une issue heureuse pour ce projet important (projet de loi organique régissant le droit de grève)».

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Des sources syndicales mettent également en garde contre l'approbation d'une loi organique régissant le droit de grève qui pourrait porter atteinte au droit des travailleurs de protester en défense de leurs revendications légitimes. Elles craignent également que le gouvernement recoure au relèvement de l'âge de départ à la retraite pour résoudre la crise du système de retraite.

Un autre sujet brûlant constitue la principale préoccupation des centrales syndicales, à savoir l'augmentation des salaires et la réduction de l'impôt général sur le revenu, d'autant que le pouvoir d'achat des salariés a été énormément écorné ces dernières années à cause de l'inflation galopante et, partant, ils ont le plus grand mal à faire face à la hausse vertigineuse des prix. Les centrales syndicales revendiquent une augmentation générale et effective des salaires dans les secteurs public et privé afin de faire face à cette situation sociale difficile.

Alors que le gouvernement entame aujourd'hui un round du dialogue social, plusieurs départements du secteur public sont en ébullition.

A titre d'exemple, une grève aura lieu les mardi, mercredi et jeudi 26, 27 et 28 mars, et sera organisée par une coordination des syndicats des collectivités territoriales et de la gestion déléguée (syndicats affiliés à la FDT, l'UMT, la CDT, l'UGTM). Cette coordination revendique la création et l'activation des commissions provinciales des litiges liés aux ressources humaines et l'augmentation des salaires d'au moins 2.000 dirhams nets par mois.

La semaine dernière et pendant deux jours, les activités des tribunaux marocains ont été suspendues. Cette paralysie était due à une grève de 48 heures décidée par les membres du Syndicat démocratique de la justice (SDJ). L'objectif de cette action était de contraindre le gouvernement à assumer ses responsabilités et à honorer ses engagements pris lors des négociations du dialogue social.

Le taux de réussite du débrayage a atteint plus de 90% dans les tribunaux du Royaume, notamment à Tanger, Taza, Ouarzazate, Meknès, Inezgane. «La grève a connu un franc succès. On a enregistré des taux élevés dans tous les tribunaux du Maroc, mis complètement à l'arrêt. Des dossiers ont été suspendus et des séances ajournées», a affirmé Youssef Aidi, secrétaire général du SDJ, dans une déclaration à Libé, précisant que « le taux le plus faible (70%) a été enregistré à Rabat».

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