Sénégal: Développement de l'agriculture et souveraineté alimentaire - Bassirou Diomaye Faye fera-t-il mieux que Wade et Macky ?

La problématique de la sécurité alimentaire a été toujours au cœur des politiques agricoles des différents régimes qui se sont succédé au pouvoir. Si le gouvernement de l'ancien Président de la République Abdoulaye Wade avait porté son choix sur la plan Reva (Retour vers l'agriculture) et la Goana (Grande offensive pour la nourriture et l'abondance) pour être autosuffisant en nourriture, le Président Macky Sall a misé, quant à lui, sur le Pracas (Programme d'accélération de la cadence de l'agriculture sénégalaise) et la Stratégie nationale pour l'atteinte de la souveraineté alimentaire. Le nouveau Chef de l'Etat, Bassirou Diomaye Faye, dans son programme prévoit de mettre en place un modèle économique endogène d'industrialisation par substitution aux importations. Fera-t-il mieux que ces prédécesseurs ?

La question de la sécurité alimentaire a toujours préoccupé les autorités sénégalaises. Dès son accession au pouvoir en 2000, l'ancien Président de la République Abdoulaye Wade a mené des politiques agricoles pour permettre au Sénégal d'être à mesure de nourrir sa population. C'est dans cette dynamique que Me Wade avait lancé en 2006 le Plan-REVA (Retour vers l'agriculture). L'objectif de ce programme était de créer les conditions physiques et institutionnelles d'exercice d'activités de productions agricoles rémunératrices, durables qui garantissent le maintien de la ruralité et la fixation des populations. Le plan Reva n'a pas porté ses fruits malgré les milliards qui ont été décaissés pour sa réalisation. Deux ans après précisément en avril 2008, Abdoulaye Wade revient à la charge et lance la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l'Abondance (GOANA), une initiative qui vise à mettre fin à la dépendance alimentaire du Sénégal.

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Ces deux programmes ont mobilisé beaucoup de politiciens, proches du pouvoir d'alors, vers la terre. Ce qui avait même semé le doute chez des membres de la société civile qui avait demandé un audit des terres destinées à ces programmes. Après le départ de Wade du pouvoir, son successeur Macky Sall s'est beaucoup investi pour l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire au Sénégal. En 2014, il a lancé le Programme de relance et d'accélération de la cadence de l'agriculture sénégalaise (PRACAS) doté de 425 milliards de FCFA.

Cette option pour l'autosuffisance est une anticipation sur les grandes mutations du commerce international. Ainsi, les autorités ont porté leur slogan «Autosuffisances en riz en 2017» dans toutes les régions du pays. Quelques années après, on apprenait que les productions de riz paddy pour la campagne 2017/2018 étaient d'1 million 15 mille 334 tonnes, soit une augmentation de 7% par rapport à la campagne 2016/2017. Alors que l'objectif des autorités était d'atteindre une production d'1 million 80 mille tonnes de riz blanc, soit 1 million 600 mille tonnes de riz paddy à l'horizon 2017. L'échéance a été donc reportée jusqu'en 2019. Toutefois, cette autosuffisance en riz n'est toujours pas une réalité au Sénégal.

Durant ses dernières années à la tête du pays, après avoir subi les conséquences de la pandémie de la Covid-19 et de la crise Ukrainienne, le Chef de l'Etat Macky Sall s'est donné un mot d'ordre la souveraineté alimentaire au Sénégal. Ce défi n'est pas aujourd'hui relevé alors que Macky Sall va quitter le pouvoir le 2 avril prochain. Son successeur, le Président Bassirou Diomaye Faye qui vient d'être élu majoritairement par les Sénégalais va-t-il marquer la rupture par rapport à cet éternel recommencement des politiques agricoles au Sénégal ? En tout cas, dans son programme, il prévoit de mettre en place un modèle économique endogène d'industrialisation par substituions aux importations. Selon lui, il se construit prioritairement sur l'impératif d'un développement par l'industrialisation.

«Ce modèle aura pour fondements l'agriculture comme rampe de lancement, l'industrie comme relais et la finance au service du développement». Bassirou Diomaye Faye fera-t-il mieux que ses prédécesseurs ? De toute façon, il a du pain sur la planche si on sait que la vétusté des aménagements, le faible rythme de réalisation de nouveaux aménagements et les coûts de production sont autant de facteurs qui freinent encore le développement de l'agriculture au Sénégal.

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