Afrique: Élections au pays - Pourquoi l'ANC s'attaque au nom du parti de l'ex-président Jacob Zuma

L'ANC, au pouvoir en Afrique du Sud, a réclamé mercredi devant un tribunal que le parti politique soutenu par l'ex-président Jacob Zuma change de nom et de logo, dénonçant un « vol de propriété intellectuelle et de patrimoine ». Un nouvel épisode dans l'affrontement entre l'ex-chef de l'État, poussé à la démission en 2018, et son ancienne formation, à deux mois des élections générales sud-africaines.

En Afrique du Sud, le nom d'un parti politique est au centre d'une bataille juridique. Il s'agit d'un petit parti, nouvellement formé - Umkhonto We Sizwe, également appelé MK - soutenu par l'ancien président du pays Jacob Zuma (2009-2018).

L'African National Congress (ANC) - formation au pouvoir depuis la fin de l'apartheid - a saisi la justice le 27 mars 2024 pour interdire l'utilisation de ce nom, dénonçant un vol de « propriété intellectuelle et de patrimoine ».

« Umkhonto We Sizwe » veut dire « lance de la nation », en zulu. C'était surtout le nom de la branche armée de l'ANC pendant l'apartheid, responsable d'opérations de sabotage, de guérilla urbaine. Et surtout, c'était une branche dirigée par Nelson Mandela, premier président noir du pays. Tout un symbole, puis MK représente donc la résistance armée contre l'apartheid.

L'ANC a déposé une requête en urgence pour empêcher ce petit parti d'utiliser le nom, estimant qu'il s'agit d'une utilisation illégale d'une marque, d'un symbole et de l'héritage de l'ANC. D'autant plus que le logo de nouveau parti est un combattant muni d'une lance et d'un bouclier, quasiment identique à celui de l'ancienne organisation armée.

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Élections générales en mai

Pourquoi cette bataille juridique maintenant ? Parce que le pays organise des élections générales le 29 mai 2024, que l'ANC est en perte de vitesse et qu'elle craint que MK attire les déçus de l'ANC avec sa rhétorique plus offensive. Mais également parce que cette nouvelle formation pourrait prêter à confusion en se faisant passer pour un parti lié à l'ANC. D'autant plus que MK est soutenu par l'ancien président Jacob Zuma.

Ce dernier est en conflit avec l'ANC, depuis son éviction à la tête du pays en 2018 et de cette formation politique, suite à de multiples affaires de corruption. Un Jacob Zuma encore très populaire dans sa province d'origine, le Kwazulu Natal, qui est la deuxième plus grosse province en termes de nombre d'électeurs. MK pourrait donc sérieusement affaiblir l'ANC, les sondages lui donnant jusqu'à 13% des voix au niveau national. L'ANC a tenté d'empêcher MK de se présenter aux élections du 29 mai mais elle a perdu cette bataille juridique et essaie donc d'obtenir qu'il change de nom.

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