Madagascar: L'insurrection du 29 mars 1947 érigée en «symbole de l'identité malgache»

Le 28 mars 2024, Madagascar a commémoré la journée du 29 mars 1947. Ce jour-là, des insurgés, déterminés à s'élever contre la domination coloniale française, prennent les armes à Moramanga, à une centaine de kilomètres de la capitale. Un vent de colère gagne essentiellement l'est du pays, avant que Paris ne décide d'envoyer 18 000 soldats venus mater cette révolte. Quelle place tient ce moment aujourd'hui à Madagascar ?

Des exécutions sommaires, des civils torturés et des villages incendiés. À l'issue des 21 mois de la lutte qui les a opposés à l'armée française, les insurgés malgaches - des paysans pour la plupart - ne sont pas parvenus à libérer l'île de l'occupant français. Mais le 29 mars 1947 reste, en Afrique subsaharienne, l'une des premières révoltes contre l'administration coloniale française, affaiblie par la Seconde Guerre mondiale.

Roman national malgache

Un événement qui marque, depuis, le roman national malgache, explique l'historien et maître de conférence à l'université d'Antananarivo, Denis Alexandre Lahiniriko : « 1947, c'est un des événements majeurs utilisé pour justifier l'identité malgache actuelle mais aussi la situation dans laquelle Madagascar se trouve aujourd'hui. Par exemple, quand on lutte contre la pauvreté, on voit en 1947 le symbole de cette résilience malgache, de cette lutte de Madagascar pour la liberté. »

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De cet événement, commémoré chaque année par l'ensemble de la classe politique, il reste des mythes qui empêchent, estime ce spécialiste, la population de s'approprier en détail l'histoire de mars 1947. Parmi eux, la délicate question de l'unanimité du peuple malgache à l'époque de la révolte : « L'insurrection [de 1947] vient de la partie orientale de Madagascar, c'est-à-dire la côte Est. Le reste de Madagascar et en particulier Antananarivo, n'a jamais été dans la révolte. C'est d'ailleurs une des raisons de la relation difficile aujourd'hui entre les gens originaires des Hautes Terres centrales et les gens originaires de la côte orientale de Madagascar. Parfois on veut préserver cette image du nationalisme comme un mouvement idéal, auquel toute la population adhérait. Mais ça ne renvoie pas du tout à la réalité historique. »

Le bilan humain a longtemps fait débat

Le bilan humain du soulèvement a lui aussi longtemps fait débat. Le chiffre de 100 000 morts a été ancré dans la mémoire collective. Aujourd'hui, les historiens estiment entre 12 000 et 23 000 le nombre de victimes de la répression française.

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