Congo-Kinshasa: Kinshasa ne s'attaque pas aux raisons de la surpopulation carcérale, selon la société civile

En République démocratique du Congo (RDC), les autorités ont mis en place une commission spéciale pour tenter de désengorger la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Alors que la prison la plus importe du pays compte plus de 15 000 détenus alors qu'elle avait été faite pour 1 500, les autorités veulent statuer au cas par cas sur des libérations. Mais la société civile juge que cette mesure n'est que cosmétique et ne règle pas le fond, car la magistrature se dit ne pas être entièrement responsable de la surpopulation.

Dans la prison centrale de Makala, seul le quart de détenus sont des condamnés. L'écrasante majorité est en détention préventive, certains sans dossiers, quand d'autres attendent depuis de nombreux mois ou années leur jugement. D'après Firmin Mvonde, le procureur près la cour de cassation, les prévenus eux-mêmes sont parfois à l'origine de leur séjour prolongé en prison : ils solliciteraient des remises et useraient de manoeuvres dilatoires lors de leur procès, selon le procureur.

Ce dernier ne reconnaît pas l'existence des détenus sans dossiers, ce qu'affirment pourtant plusieurs ONG. D'après Jean-Claude Katende, ces détenus sont souvent jetés en prison par les services de sécurité. Mais pour le président de l'Association africaine de droits de l'homme (Asadho), les raisons de la surpopulation carcérale restent multiples : « Il y a certains magistrats véreux qui considèrent que certains dossiers sont un fonds de commerce pour eux et qu'en envoyant quelqu'un en prison, il va tout faire pour donner de l'argent pour qu'il soit libéré. »

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« Ils vont tout simplement moisir en prison »

« Fort malheureusement, dit-il encore, il y a des personnes qui sont en prison et qui n'ont pas de moyens pour sortir. Un autre problème est que les gens sont détenus pour des faits bénins qui peuvent être réglés soit par classement sans suite, soit par paiement d'amendes. Une autre cause, c'est le fait qu'il n'y a pas de suivi de dossiers surtout pour les personnes qui sont pauvres, les gens qui n'ont pas de parents pour suivre le dossier, pas d'avocat : ils vont tout simplement moisir en prison. »

Des ONG pointent également des arrestations fantaisistes, des cas pour lesquels le procureur a promis des sanctions. Associations et magistrature sont en tout cas d'accord sur un point : la lenteur de la justice pour prononcer ses jugements contribue à la surpopulation des prisons en RDC

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