Gabon: Le ministre de l'Économie vante le bilan de ses 200 jours aux affaires

Le Dialogue national inclusif (DNI) s'ouvre mardi 2 avril, sept mois après la prise de pouvoir par les militaires. Le président de la transition Brice Oligui Nguema promet une vaste consultation. Pour les autorités, c'est aussi le moment de dresser, voire de vanter leur bilan, comme l'a résumé le ministre de l'Économie Mays Mouissi dans un document d'une soixantaine de pages, consulté par RFI.

Le document dresse 51 réalisations dont la levée des sanctions de la Banque africaine de développement qui témoigne, d'après le ministère, d'un retour de la confiance des bailleurs de fonds, ou encore de l'augmentation spectaculaire des recettes fiscales et douanières. Or, il n'y a pourtant pas eu d'accroissement de l'assiette fiscale, ni du taux d'imposition, ou même des tarifs douaniers. Le professeur de sciences économiques Gabriel Zomo Yébé explique ce dernier point par ce qu'il appelle « l'effet Oligui » :

« Pour moi l'effet Oligui, c'est un effet psychologique : c'est la peur qu'a suscitée l'arrivée de nouvelles autorités auprès des douaniers qui sont évidemment obligés de faire correctement leur travail, donc d'appliquer les réglementations en vigueur. Les douaniers n'étaient pas les seuls concernés, tous les Gabonais se sont mis à travailler », a observé l'enseignant.

Des prix encore élevés faute de concurrence

Pour ce qui est de la lutte contre la vie chère, le ministère insiste sur le maintien des subventions sur la farine de blé ou encore de la gratuité des transports publics. Six produits de grande consommation comme la viande de boeuf ou de porc sont présentés comme en baisse mais il faut aller encore plus loin, insiste Gabriel Zomo Yebé qui déplore l'absence d'une véritable politique de la concurrence au Gabon.

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« C'est bien de montrer cette différence de prix, mais il fallait justifier tout ça par une bonne politique de la concurrence. L'abus de marge bénéficiaire, la collusion entre des entreprises en situation de quasi-monopole, l'abus même de position dominante sont condamnables et expliquent en partie le niveau des prix élevés au Gabon. »

Le ministère se félicite aussi de la mobilisation 485 milliards de FCFA sur le marché financier régional. Cela doit permettre de financer des projets prioritaires et d'apurer une partie de la dette intérieure.

Les attentes des Gabonais ? Du travail

Le Dialogue national inclusif s'ouvre ce mardi 2 avril. C'est l'une des principales étapes de la transition qui a démarré après la prise du pouvoir par les militaires le 30 août dernier. Qu'attendent les Gabonais de cette grand-messe qui prend fin le 30 avril prochain ? Notre correspondant Yves-Laurent Goma leur a posé la question dans les rues de Libreville.

Jerry Mikandekan, chargeur de bus à la cité Damas dans le 4ème arrondissement, attend des résolutions sur le travail : « Ce que nous voulons, ce que nous cherchons, nous, jeunes Gabonais, c'est le travail. Nous ne sommes pas faibles ! Être à la maison sans rien faire ? Non, nous ne voulons pas ça. »

Lutte contre le chômage, mais aussi contre la vie chère et de meilleures conditions d'apprentissage sont les principales attentes des jeunes et des femmes : « Que le chômage baisse, que la vie des Gabonais change, qu'ils soient enfin écoutés. On espère aussi la fin des détournements : le vol des denirs publics, c'est trop là », expose cette jeune femme. « Que le dialogue s'occupe plus du social », demande un homme.

Beaucoup des Gabonais attendent aussi une réforme des institutions promise par les militaires lors de leur prise du pouvoir. « J'attends de ce dialogue qu'il y ait des institutions fortes et non des hommes forts. C'est-à-dire que quand on décide de faire deux mandats, qu'il n'y en ait que deux et non un troisième. »

À quelques heures de l'ouverture du dialogue, plusieurs personnes se disent oubliées et demandent au président Brice Clotaire Oligui Nguema de revoir la liste des participants.

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