Congo-Brazzaville: Témoignage - Gastrone Banimba évoque le journaliste Marcel Mallet

Marcel Mallet, un journaliste de la « génération des prénoms » qui s'en est allé, emportant humour et bonnes blagues dont se gargarisaient ses proches et sa corporation.

Vous avez dit Marcel Mallet ? Aussitôt, le curseur du Congolais qui l'écoutait, au pied du transistor branché sur Radio Congo, comme par reflexe, se mettait à la recherche de l'ethnie ou le département d'origine du journaliste qui parle. Pendant ce temps, la voix un peu rocailleuse mais dotée d'une tonalité, la voix du commentateur de la politique nationale, se mettait à informer sur la souffrance et son allégement jusqu'à encourager les bonnes actions. Cependant, la tête et les mains de l'auditeur qui tentait de déviner l'appartenance ethnique de cette voix lâche prise pour rattraper l'essentiel du message. Ah ! tribalisme quand tu me tiens...Tu as failli me détourner de l'actu.

En fait, autrefois à Radio Congo, outre cette voix de Marcel Mallet, existaient d'autres comme celles d'André Bernard, Christian Gilbert, Patrick Benjamin... Des voix féminines telles celles de Pauline Bal ; Rose Marcelle... Bref, à Radio Congo, c'était la norme : « La voix cachait le virus de l'identification ethnique ». C'est dans ce contexte que Radio Congo se forgeait de favoriser la circulation du mot, de la pensée, de l'image et des talents dans l'ensemble de l'espace national et international. C'est dans ce contexte qu'a baigné celui qui deviendra plus tard le rédacteur en chef, ensuite le directeur de l'information de Radio Congo.

%

A ce poste, il y a mille et une choses à dire ; mais on retiendra surtout son sens de la communication comme leader d'une rédaction caractérisée par le témoignage de sa propre vie professionnelle. Marcel Mallet parlait à la conférence de rédaction comme un livre. Mais à ma connaissance, il n'a pas eu le temps de sortir un livre. Cependant, il a abondamment parlé de l'éthique du journaliste, en parlant de lui en tant qu' ancien attaché de presse du président Marien Ngouabi, ou encore de reporter de Radio Congo...Mais pour tous ceux qui ont travaillé à la rédaction de cette radio, au centre-ville de Brazzaville, ils garderont de Marcel Mallet un homme d'un caractère jovial et d'un humour remarquable.

Par exemple, savez-vous pourquoi il n'était jamais en bras de chemise dans un milieu public ? Cela datait des années 1970, lors d'un voyage du président Marien Ngouabi, Marcel Mallet, alors attaché de presse à la présidence, est vite embarqué dans l'avion présidentiel, malheureusement habillé en « jean ». Arrivé en Chine, et pour des raisons protocolaires ou d'éthique, on lui fit porter la tenue chinoise avec col « Mao ». C'est dans cette tenue, disait-il, qu'il avait passé tout le séjour chinois. De retour au Congo, il décida d'abandonner son « look de jean » pour adopter un nouveau : le costume, quel que soit l'endroit et quel que soit le temps. Même après avoir abandonné le micro et repris son nom, sa popularité dans le milieu de la presse n'avait jamais pris une ride. Ce que, d'ailleurs, lui avait valu le plébiscite des suffrages des votants pour finalement aller faire valoir son expérience au Conseil supérieur de la communication en qualité de haut conseiller

Il meurt à 80 ans après avoir formé de nombreux journalistes. C'était une école, une grande école.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.