Le Canada salue le solide partenariat avec le Groupe de la Banque africaine de développement et veut élargir sa coopération au développement

4 Avril 2024
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African Development Bank (Abidjan)
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La vice-présidente principale du Groupe de la Banque africaine de développement Bajabulile Swazi Tshabalala a reçu, lundi 25 mars 2024 au siège de la Banque à Abidjan, la sous-ministre adjointe du Canada chargée des Affaires internationales pour l'Afrique subsaharienne, Cheryl Urban. La réunion a permis d'échanger sur les moyens de renforcer les relations entre l'un des actionnaires essentiels de la Banque et la plus importante institution du développement en Afrique.

Plusieurs sujets étaient au menu des discussions des deux personnalités : la prise en compte du genre dans les opérations de la Banque, la lutte contre les changements climatiques, la promotion de la jeunesse et de l'emploi pour les jeunes, les réformes des institutions financières de développement, les innovations et les perspectives de la Banque à la suite de l'adoption récente de sa nouvelle Stratégie décennale.

« Le partenariat avec le Canada est très important pour nous. Ce partenariat est solide et il y a plusieurs choses que j'ai toujours appréciées à propos de la Banque africaine de développement, dont sa capacité à innover notamment dans le cadre de la réforme des dispositifs d'adéquation des fonds propres des banques multilatérales de développement », a d'entrée de jeu déclaré, Cheryl Urban.

« Au sommet africain sur le climat, de nombreux dirigeants ont parlé du climat, des finances, des défis liés à l'accessibilité, de la demande de concessionnalité, entre autres. Il me semble qu'une voix de plus en plus forte et peut-être plus unie se fait entendre en Afrique pour réclamer une modification des institutions financières internationales », at-elle poursuivi. Tout en rappelant que le Canada s'apprête à succéder à l'Italie en 2025 à la présidence du G7, elle a souhaité entendre les responsables de la Banque sur ces divers sujets.

La stratégie genre

Entourée de hauts responsables de la Banque, la vice-présidente principale a mis au-devant les différentes actions de la Banque sur le genre. Elle est revenue sur l'initiative AFAWA (acronyme en anglais, pour Initiative pour favoriser l'accès des femmes au financement en Afrique) de la Banque, qui vise à combler le déficit de 42 milliards de dollars de financement pour les entreprises détenues ou dirigées par des femmes. Sur le plan interne, la Banque a adhéré à l'initiative EDGE ((Equity, Diversity and Gender Equality) et travaille sur la parité homme-femme au sein de la haute direction. « La nouvelle stratégie décennale de la Banque indique que toutes nos activités doivent intégrer la dimension de genre à 100 % ; un objectif pour lequel le Conseil d'administration de l'institution a été très clair », a expliqué avec force, Mme Tshabalala.

Changements climatiques

Tout en restant le continent qui pollue le moins, l'Afrique est celui qui subit le plus les effets des changements climatiques. L'Afrique reçoit moins de 3 % des financements climatiques mondiaux d'où la nécessité d'augmenter les financements en faveur du continent. Rien qu'en 2023, la Banque a consacré plus de 40 % de ses ressources au financement climatique, et reste l'unique institution de financement du développement à avoir consacré plus de 50 % de ses financements aux changements climatiques (9 % en 2016 et plus de 50 % en 2023).

Mme Tshabalala a rappelé que la Banque a décidé de ne plus financer de projet de charbon mais considère le gaz comme une énergie de transition dans le développement de l'Afrique. De même, la Banque soutiendra le développement de nouveaux combustibles propres pour l'industrialisation, y compris le gaz naturel mais aussi l'hydrogène vert qui représente une alternative certaine.

Le Fonds africain de développement a approuvé la création d'un Guichet d'action climatique, comme instrument spécifique destiné aux 37 pays les plus vulnérables du continent. Le Guichet a déjà mobilisé 429 millions de dollars et devra consacrer 75 % de ses ressources à l'adaptation, 15 % à l'atténuation et 10 % à l'assistance technique et au renforcement des capacités. Le Canada est invité à rejoindre des donateurs tels que le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas dont les dons ont permis au Guichet de lancer ses premiers appels à projets qui ont suscité des centaines de demandes de financements qui dépassent de loin les montants en jeu.

« Sur le financement du climat, nous avons des ressources dédiées à l'identification et à la mobilisation de l'expertise canadienne pour pouvoir relever certains défis, a précisé Michel Lacourcière, conseiller économique à l'ambassade du Canada en Côte d'Ivoire. Peut-être que c'est une piste à explore pour notre collaboration dans le domaine des changements climatiques ».

Stratégie décennale et empreinte sur le terrain

La vice-présidente principale est aussi revenue sur la Stratégie décennale du Groupe de la Banque adoptée récemment par le Conseil d'administration avec les contributions des gouvernements, de la société civile et des communautés économiques régionales, mais aussi de l'Union africaine. Cette stratégie alignée sur l'Agenda 2063 de l'Union africaine et les Objectifs de développement durable prend en compte les discussions en cours sur la réforme du système multilatéral de financement et les biens publics mondiaux et régionaux.

La stratégie, a-t-elle indiqué, évoque également la présence de la Banque sur le terrain. Actuellement, sous différentes formes, la Banque est présente dans 43 des 54 pays régionaux. La présence sur le terrain fait une énorme différence dans la qualité du dialogue. Elle a souhaité la présence physique de la Banque en Amérique du Nord, en plus de la présence actuelle en Asie, au moment où les gouverneurs poussent la Banque à mobiliser davantage de ressources institutionnelles et surtout du secteur privé.

Elle a souligné que le Canada pourrait également apporter un soutien important dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la sécurité.

Concernant l'appui à la jeunesse, la Banque, a expliqué Mme Tshabalala, a créé la banque d'investissement pour l'entreprenariat des jeunes (YEIB, sigle en anglais pour Youth Entrepreneurship Investment Bank) et s'investit également dans le Fonds de garantie pour l'Afrique car, « dans certains pays, les garanties sont très importantes ».

Quant à l'intégration régionale, outre les discussions renforcées avec les communautés économiques régionales, la Banque appuie le secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine. Le Canada peut jouer un rôle important par le renforcement de capacités et l'appui technique au secrétariat et aux États, surtout les plus vulnérables. La Banque va consacrer cette année, 20 % de ses opérations aux projets intégrateurs dans différentes régions, a-t-elle précisé.

Partenaires de développement

La Banque travaille aussi en étroite collaboration avec d'autres banques multilatérales de développement pour faire face à certains défis comme le financement des infrastructures, le climat, l'acheminement des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international vers les banques régionales de développement.

« En tant qu'actionnaires et partenaires de développement, nous comptons sur votre soutien, a ajouté Mme Tshabalala. Le Canada peut aussi intervenir dans les nombreux fonds fiduciaire multidonateurs de la Banque ou les banques d'investissement pour l'entreprenariat des jeunes ».

À propos des innovations, la Banque émet des obligations hybrides et a obtenu l'autorisation des gouverneurs du Fonds africain de développement de lever des fonds sur le marché financier international.

Le Canada a été invité à participer avec ses entreprises à la prochaine édition de l'Africa Investment Forum (AIF) prévu en décembre à Rabat, au Maroc.

La vice-présidente principale était accompagnée, entre autres responsables, de Catherine Baumont-Keita, directrice de son cabinet et chargée du Département des opérations de gestion, Yvette Glele Ahanhanzo, directrice du front office du Complexe chargé du développement de l'intégration régionale, Valerie Dabady, chef de la Division mobilisation des ressources, finances et politiques, Keffo Hervé PiKam, chef de la Division fonds fiduciaire, chargé des relations avec le Canada.

La ministre Cheryl Urban était accompagnée notamment, de l'ambassadeur du Canada en Côte d'Ivoire, Anderson Blanc, de la première secrétaire de l'ambassade chargée de la programmation panafricaine et régionale, Eve S. Beremwoudougou, de la chargée principale des missions multilatérales à l'ambassade et assistante principale de l'administrateur de la Banque pour le Canada, Stéphanie Minou, du responsable pour le Capo Verde et le Liberia et ancienne responsable du portefeuille du Groupe africain de développement à Ottawa, Nicole Gesnot et du chargé de programme pour le Sahel, Alexander, McGill.

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