Congo-Kinshasa: L'autorité de régulation des médias veut canaliser la couverture de la situation sécuritaire

Le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) a émis une interdiction formelle aux organes de presse et aux journalistes, leur défendant de couvrir ou de diffuser des informations concernant les groupes rebelles sans se référer aux sources officielles. La profession s'insurge et s'inquiète.

Face à cette nouvelle instruction, les associations professionnelles des médias s'élèvent contre ce qu'elles considèrent comme une tentative de répression de la liberté de presse en RDC. Elles dénoncent ce qu'elles appellent « inféodation et manque d'indépendance de l'instance officielle de régulation ». Elles appellent à une action plus déterminée de la part de Judith Suminwa, la nouvelle Première ministre, pour défendre la liberté d'expression et garantir l'indépendance journalistique.

De son côté, le CSAC réfute ces accusations, affirmant agir dans le cadre de ses prérogatives et viser une plus grande responsabilité dans l'exercice de ses fonctions.

« Seulement, nous voulons que la parole soit dite dans les conditions plus ou moins responsables. Que la la profession journalistique s'exerce professionnellement, sans dérapage, sans militantisme », explique Christian Bosembe, président de l'institution de régulation. Il appelle aussi les officiels à collaborer : « Nous estimons que, lorsqu'il y a un vide, les journalistes vont souvent chercher l'information ailleurs. Il faut que les sources officielles soient en mesure de fournir, dans une période bien déterminée, les informations pour que les journalistes aient la facilité de les manipuler, de les traiter et de les diffuser. »

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Quant aux organisations professionnelles des médias, elles ne semblent pas convaincues. Elles égrènent une série d'évènements et d'actes qui tentent, d'après elles, à faire taire les médias. Elles citent par exemple la détention prolongée du journaliste Stanis Bujakera et les menaces proférées par des hauts magistrats contre les journalistes.

« Nous voulons aujourd'hui dénoncer cette volonté politique de la presse qui constitue à notre avis un grand recul sur le plan du droit et de la démocratie dans notre pays », indique Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de Journaliste en danger (JED).

Ces organisations disent rester mobilisées sur les questions majeures qui touchent au secteur de la presse et en particulier sur la défense de la liberté de la presse pendant ce quinquenat.

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