Congo-Kinshasa: La reprise des exécutions est «du populisme» et ne servira pas «à mettre fin à la guerre»

L'organisation Ensemble contre la peine de mort a organisé, lundi 8 avril, au barreau de Paris, une conférence sur la question de la peine de mort en République démocratique du Congo (RDC) et la levée du moratoire sur la question, décidé par le gouvernement congolais. Kinshasa dit s'attaquer aux trahisons dans l'armée dans le contexte de la guerre contre le mouvement rebelle M23 à l'Est. Mais pour l'organisation, il s'agit d'« un raccourci » du gouvernement et « qui relève du populisme »

Pour les autorités de la RDC, le rétablissement des exécutions vise à émettre de « l'ordre dans l'armée et débarrasser l'armée des traitres » dans la guerre à l'est du pays, mais aussi à « endiguer la recrudescence d'actes terroristes et de banditisme en milieu urbain entraînant mort d'homme ».

L'organisation Ensemble contre la peine de mort a organisé une conférence à Paris sur la question de la peine de mort en RDC. Elle a alors récusé ces arguments et constats, comme l'a martelé Firmin Yangambi Liboté, lui-même ancien condamné à mort et avocat au barreau de Kisangani.

Il n'y a pas de raison de penser que le rétablissement de la peine de mort servirait à mettre fin à la guerre dans l'est du Congo. C'est un raccourci que prend le gouvernement, qui relève de la propagande et du populisme. On décourage par la violence, par l'exécution, des personnes qui sont, en fait, condamnées généralement au terme d'un procès où ils n'auront pas garanti les droits de la défense. Car il ne faut pas non plus se voiler la face, le président lui-même dit que la justice congolaise est malade. Et laisser cette même justice malade « malade » avoir le pouvoir d'ôter la vie à des personnes humaines est une grande violation de la personne. On ne dit pas aussi que le commandant suprême des forces armées, c'est le président de la République ? Et si le président de la République, commandant suprême des forces armées, pense que seule la peine de mort peut ramener la discipline au sein des forces armées, c'est un aveu d'échec de son autorité en tant que commandant suprême. La question de la trahison existe dans toutes les armées du monde, elle n'est pas spécifique au Congo.

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