Ile Maurice: La préparation du Budget sur fond de controverses sur le salaire minimum

La réunion conjointe du privé-public du vendredi 5 avril, conçue comme une plateforme d'échange sur l'environnement des affaires, s'est déroulée dans une atmosphère cordiale malgré la décision du gouvernement d'augmenter le salaire minimum national dans le secteur privé en janvier, passant de Rs 11 575 à Rs 15 000, soit une hausse de Rs 3 525.

La huitième édition de la réunion du comité conjoint des secteurs privé et public n'avait rien de comparable aux sept autres éditions. Ses travaux se sont déroulés dans une situation où le prochain Budget que l'État se propose, selon toute vraisemblance, de présenter incessamment interviendra à la fin du présent mandat du gouvernement actuel. Ce ne serait pas juste d'affirmer que les représentants du secteur privé n'étaient pas à l'aise ou manquaient d'enthousiasme. Cependant, lorsqu'une élection est derrière la porte, les acteurs du secteur privé s'offrent une période d'attente.**«Dans une atmosphère pareille, souligne l'un d'eux, il est plus que certain que les acteurs du secteur privé vont attendre avant de s'engager dans ces projets d'investissement.» Autrement dit, un projet d'investissement a besoin de stabilité politique dans le temps pour se matérialiser.

Si l'atmosphère était cordiale, il y a cependant quelque chose qui fait tiquer plus d'un dans le secteur privé. Il s'agit de l'entrée en vigueur depuis le 1er janvier d'une décision du Conseil des ministres, lors de sa réunion du 1er décembre 2023, de mettre en application une proposition du National Wage Consultative Council pour le salaire minimum mensuel national passe de Rs 11 575 à Rs 15 000. Sur ce plan, deux écoles de pensée s'affrontent. Pour certains au sein du secteur privé, une hausse de salaire devrait être tributaire des fondamentaux propres au fonctionnement d'une entreprise. Autrement dit, une hausse de salaire doit être le résultat de l'effort préalablement fourni par un employé en vue d'atteindre les objectifs de croissance préconisée par l'entreprise. Cette hausse, estiment-ils, pourrait ne pas inciter les employés du privé à fournir les efforts nécessaires pour justifier une hausse de leur salaire.

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Renganaden Padayachy, ministre des Finances, à sa sortie des travaux de cette réunion, a, lui, précisé l'approche du gouvernement sur ce plan.«L'amélioration des conditions de travailest un élément qui va permettre au travailleur d'être productif. C'est une posture qui fait partie de notre nouvelle trajectoire où le développement humain occupe une place des plus importantes. Nous sommes convaincus que l'amélioration des conditions de travail et des salaires et la stabilité au niveau du facteur humain auront un impact positif sur la productivité et, par ricochet, sur la performance économique du pays. Nous ne voulons laisser personne de côté; nous parlons tant des individus que des entreprises.» Le ministre a souligné que cette orientation s'articule autour de trois facteurs, le social, l'économie et l'écologie, précisant que le pays est dans une période charnière après quatre années d'épreuves.

La leçon qu'elles ont permis au pays de tirer, c'est de faire de la recherche de la résilience sur les plans social, économique et écologique une priorité. Pour Renganaden Padayachy, l'évolution du niveau de résilience par rapport à ces trois facteurs est liée. Sur le plan social, le gouvernement veut s'assurer que les travailleurs aient les conditions de travail en perpétuelle situation d'amélioration, condition indispensable pour aider le gouvernement à réaliser son ambition d'atteindre, en 2024, un taux de croissance de 6 %, bien au-delà des 4,9 % préconisés déjà par Statistics Mauritius. «Après cette période difficile où nous avons dû prendre les mesures devant permettre au pays d'avancer, nous sommes tenus de nous poser la question suivante : quelle est donc la prochaine étape que nous allons devoir amorcer. Nous avons reçu beaucoup de propositions par le biais des budgets memos. Cette réunion nous a permis de préciser et d'affiner la nature même de ces propositions. Le secteur privé est un partenaire du gouvernement. Il règne une confiance mutuelle entre nous. Après tout, nous travaillons tous dans l'intérêt supérieur du pays. Il est impossible qu'on soit d'accord sur tout. Cependant, nous sommes maintenant suffisamment équipés pour la préparation du Budget.»

Ce n'est un hasard que Maurice Stratégie et l'Economic Development Board, aient choisi The Docks 2 pour tenir cette réunion. Ce sont deux organisations à qui le gouvernement a confié la mission de tracer l'avenir de ce pays dans un monde où l'innovation s'impose comme seul outil capable d'évoluer dans un monde en perpétuelle mutation.C'est par la production d'une vidéo que Maurice Stratégie, dont la présidence est assurée par Dev Manraj, secrétaire financier et un pion clé dans la préparation des budgets, va déployer de façon répétitive les orientations retenues des recherches qui se sont appuyées sur le potentiel que les outils inspirés des technologies innovantes peuvent fournir. Ces orientations permettent de comprendre que le pays a su s'équiper pour évoluer en face de l'incertain. Sa mission consiste à réunir les compétences, tant du privé que du public, des universités et de la société civile en général, pour ne formuler des orientations de politiques socio-économiques que sur la base des résultats de recherches.

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