JIJEL — El Ghrayef, une crêpe traditionnelle, alvéolée et moelleuse, que l'on nomme différemment selon les régions de l'Algérie (Baghrir, Qorsa, tibouâjajin, entre autres), préparée le premier jour de l'Aïd El-Fitr, est un mets dont les Jijéliens ne peuvent se passer en ce jour de fête.

Immédiatement après l'annonce de la fin du mois sacré de Ramadhan par la Commission nationale d'observation du croissant lunaire, les ménagères se précipitent pour mettre "la main à la pâte" et préparer les Ghrayef qui seront cuites le lendemain au matin afin d'être consommées chaudes.

Pour qu'elles soient réussies, El Ghrayef doivent être préparées avec "la semoule la plus blanche que l'on puisse trouver sur le marché", souligne Samia, une sexagénaire connue pour être une orfèvre en la matière à Jijel, Igilgili selon son nom antique.

Mais le vrai secret réside dans le pétrissage de la pâte (additionnée d'oeufs, de S'men, de sel et d'eau) qui doit être "travaillée" longuement jusqu'à ce qu'elle devienne presque liquide et exempte de poches d'air, explique cette ménagère.

Après avoir terminé le processus de préparation et de pétrissage (à la main !, insiste Samia), la pâte est placée dans un récipient pendant toute une nuit jusqu'au petit matin de l'Aïd El-Fitr.

C'est alors que les ménagères se lèvent pour faire cuire El Ghrayef sur un plat d'argile. Une cuisson qui demande savoir-faire et dextérité, les crêpes formant, sous l'effet du feu, des alvéoles qui valent à ces crêpes le nom de "mille trous". Lorsque le reste de la famille se réveille, tout le monde est à table pour se délecter d'une crêpe badigeonnée de beurre fondu et de miel avant la prière de l'Aïd.

"La préparation de ce mets au premier jour de l'Aïd El-Fitr est une tradition transmise de génération en génération, et sa préparation ne peut être abandonnée", déclare une autre Jijélienne répondant au nom de Salima. Et d'ajouter que "manger El Ghrayef, évite de consommer trop de sucreries dès le premier jour de l'Aïd".