L'enquête exclusive de Confidentiel Afrique sur la SN-SOSUCO, parue le 3 avril 2024 a précipité la reprise en main par les autorités de la transition burkinabè du dossier du géant sucrier du pays.

Un coup de pied dans la fourmilière. Alors que tout semblait être au point mort, on rebat les cartes. Aux allures d'un « rappel à l'ordre », un vent de purge s'installe au coeur de la société pour sauver ce fleuron de l'économie nationale. Toutefois, souffle une source à Confidentiel Afrique, la « tâche ne sera pas aisée » et il va falloir « faire un état des lieux dans l'immédiat ».

Le dossier est si brûlant qu'on découvre de jour en jour des cafards dans les placards. C'est le cas de ces factures astronomiques du transport- camionneurs soutirées à SN-SOSUCO qui font » halluciner » par la société SOBA, propriété de l'homme d'affaires burkinabè El Hadj Djanguinaba Barro, par ailleurs PCA de la SN-SOSUCO et président d'honneur de la Chambre de commerce de Bobo Dioulasso.

Le partenariat, que la Nouvelle société sucrière de la Comoé (SN-SOSUCO) a scellé, depuis plusieurs années, avec la Société commerciale Barro et Cie (SOBA) pour le transport de son personnel, s'exécute-t-il dans les règles de l'art? Il est difficile de l'affirmer, au regard des pratiques pas catholiques, dont Confidentiel Afrique a eu écho, avec des preuves à l'appui.

D'après les clauses de prestations évoquées par nos sources, SOBA doit en principe assurer le transport du personnel de la SN-SOSUCO avec 17 camions, pour la plupart de marque Mercedes. Cette société appartient au vieux et richissime opérateur économique, El Hadj Djanguinaba Barro, par ailleurs PCA de la SN-SOSUCO et président d'honneur de la Chambre de commerce de Bobo Dioulasso. Il est présent dans plusieurs secteurs, dont entre autre l'agriculture, l'hôtellerie, le transport et le transit.

Pour le mois entier, SOBA facture un camion de transport à 3 031 680 F C CFA à la SN-SOSUCO, selon les documents lus par Confidentiel Afrique. Si le partenariat se veut gagnant-gagnant, SOBA s'est livré au fil du temps à des agissements peu recommandables, avec l'aide de complices à la SN-SOSUCO, d'après nos informations.

Au lieu des 17 camions comme convenu, la société d'El Hadj Djanguinaba Barro a géré le transport du personnel avec 14 camions, pendant plusieurs mois, voire, des années, a appris Confidentiel Afrique. Pour autant, SOBA continuait à facturer les 17 camions, comme si de rien n'était. A titre d'illustration, la facture N°156/2023/ SOBA comptant pour février 2024 tient compte des 17 camions, alors que 14 camions ont effectivement assuré le service, comme l'indique le tableau de suivi du mois concerné, consulté par Confidentiel Afrique.

Le DG de la SN-SOSUCO peste et demande des comptes à SOBA

De sources digne de foi, il a fallu le départ de son poste du désormais ex-directeur de la culture la SN-SOSUCO, Séraphin Dembélé, en janvier dernier, pour que le pot-aux-roses soit découvert. Les mêmes informateurs rapportent, que ce cadre avait promu son frère cadet, A.D, comme représentant de la SN-SOSUCO à SOBA.

Mais avec son départ, son frangin a été également demis de ses fonctions au profit d'un intérimaire. C'est l'intérimaire, qui aurait constaté le non-respect des engagements par SOBA, après une vérification minutieuse. L'ex-directeur de la culture et son frère cadet, étaient-ils de mèche avec SOBA pour soutirer de l'argent à leur entreprise, la SN-SOSUCO ? Les spéculations vont bon train...

En tous les cas, les paiements des prestations de SOBA étaient conditionnés à son aval. Pour voir clair dans cette affaire, le DG de la SN-SOSUCO, Mouktar Koné, a adressé, le 4 mars 2024, une lettre à qui de droit pour faire part de la situation et demander des comptes. En réaction, le PDG de SOBA a, selon toute vraisemblance, fait profil bas, dans une correspondance adressée au DG de la SN-SOSUCO et dont Confidentiel Afrique a obtenu copie.

« Suite aux consttations établies par vos services au niveau des camions de transport des travailleurs, après vérification, nous marquons notre accord pour déduire des factures en cours de paiement, le surplus facturé des camions qui s'élève à trente-trois millions trois cent quarante-huit mille quatre cent quatre-vingt francs (33 348 480 F CFA) », a écrit le PDG de SOBA. Si El Hadj Djanguinaba Barro reconnait qu'il y a maldonne, à travers sa correspondance, certaines sources croient dur comme fer, que les pratiques frauduleuses dans le transport du personnel ont commencé sous l'ex-directeur de la culture, Séraphin Dembélé et que les préjudices subis par la SN-SOSUCO pourraient dépasser les 33 millions F CFA.

Suite à son départ du poste de directeur de la culture, Séraphin Dembélé a été promu nouveau DG de la SN-SOSUCO, début février 2024, à la faveur de la reprise de la société par l'État burkinabè. Mais suite à une plainte de l'actionnaire majoritaire de la boite, SUCRE PARTICIPATION, qui a estimé que l'État burkinabè n'a pas respecté la procédure de reprise de la SN-SOSUCO, sa nomination a été suspendue par le Conseil d'État.