Ile Maurice: Alliances et mésalliances

Le fait est indéniable : personne ne connaît la force électorale du PMSD avec précision, cela faisant longtemps, très longtemps même, depuis que ce parti ne s'était pas présenté seul à l'électorat ou comme partenaire majoritaire d'une alliance. Ce qui est aussi certain c'est que le PMSD est bien, bien loin de commander 44 % de l'électorat comme en 1967...

Il y a eu 12 élections générales depuis 1967. Selon Wikipédia, le PMSD a cessé d'être une force politique principale après la grande défaite de 1982 (60-0), aux côtés du PTr et du RPL, et faisant face au MMM-PSM. C'est un constat raisonnable. Aux élections de 1983 et de 1987, le PMSD fut partenaire minoritaire de gouvernements MSM.

En 1991, ce furent le MSM et le MMM qui formèrent un gouvernement. En 1995, c'est au tour du PTr de diriger avec le MMM ; le Parti Gaëtan Duval (PGD), affrontant l'électorat seul comme un grand, récoltant... 6,33 % des voix. En 2000, c'est le gouvernement 'à l'israélienne' MSM-MMM. En 2005, le PMXD est au pouvoir avec le PTr et... le PMSD est dans l'opposition.

En 2010, l'alliance de l'Avenir (PTr, PMSD, MSM) gagne les élections face à l'Alliance du coeur. Nous savons tous où est le PMSD en 2014 et en 2019, mais ce qui me frappe c'est que le PMSD n'a jamais été au gouvernement avec le MMM de Bérenger qui est, qu'on l'apprécie ou pas, d'une culture politique plutôt différente, même maintenant, ce qui explique sans doute le fait qu'il a engendré, au cours des ans, tant de factions dissidentes, y compris le MSM !

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Qui hérite prioritairement de l'espace électoral urbain est possiblement la question qui a rendu difficile le dialogue de base entre Bérenger et Duval ? Encore que d'autres ont souligné combien Bérenger avait été conciliant et avait fait certaines propositions à l'avantage du PMSD ! Il n'est pas non plus à écarter que Bérenger, tacticien redoutable, ait eut conscience qu'en l'absence du PMSD, aujourd'hui divisé, il y avait 8 tickets à prendre ! Le stratège, lui, a-t-il cependant bien intériorisé le coût électoral de la manoeuvre ? On le saura éventuellement...

Ce qui n'est pas pour dire que le PMSD n'a aucune valeur, mais la valeur de ce parti, un brin trop familial, est plutôt faible sur le plan électoral et XLD le sait bien. Il doit aussi savoir que son principal crédit trouve racine dans son coup d'éclat de principe face aux menaces du Prosecution Commission Bill en décembre 2016 et, plus récemment, dans son travail bien fait comme leader de l'opposition, dûment mandaté par ses 'seniors' du PTr et du MMM.

La nation lui doit d'ailleurs des remerciements pour cela ! Tout étant relatif, cependant, les coquelets du PMSD, par contre, n'ont jamais dû piocher très dur pour arriver au pouvoir dans le passé et ont semblé croire qu'il suffisait, pour tout investissement, de manoeuvrer fort, au bon moment, pour maximiser le pounak dans la mangeoire ? Ce n'est pas si simple...

Ayant trop exigé d'un côté, vont-ils maintenant tenter d'en faire de même de l'autre ? La realpolitik va-t-elle aussi asphyxier la dignité qui demeure ? Qui d'autre au PMSD qui reste, à part XLD, coincé qu'il est entre ses rôles de chef de parti et de chef de famille, pourrait s'en faire un souci... ?

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Au Moyen-Orient, la situation est devenue on ne peut plus confuse.

Avant l'attaque du Hamas du 7 octobre, la situation semblait évoluer vers plus de stabilité. Les accords d'Abraham avaient scellé, en 2020, une 'normalisation' entre Israël d'une part et les Émirats arabes unis (UAE) et Bahreïn d'autre part. S'ensuivirent des accords avec le Maroc et le Soudan. Sous la houlette de la Maison Blanche de Trump, chacun y trouva son compte : l'UAE et Bahreïn avec plus de commerce et des achats d'armes ; le Maroc obtenant des États-Unis qu'ils deviennent le premier pays à 'reconnaître' leur annexion du Sahara occidental et le Soudan échappant derechef à la liste d'États terroristes, tout en bénéficiant de prêts de 1,5 milliard de dollars ! Ainsi va le monde transactionnel et «tout-argent» décrit dans «The art of the deal» ?!

Une condition tacite de ces accords était, par ailleurs, que l'on trouve une solution à la question palestinienne, ce qui n'a été, d'aucune façon, une réussite jusqu'ici. Pourtant, ces accords n'ont été dénoncés par personne, même après Gaza ! Ces rapprochements, complétés sur la toile de fond des États-Unis établissant son ambassade à Jérusalem, en annonçaient d'autres avec le monde arabe principalement sunnite, l'Arabie saoudite en tête, inquiète qu'elle était des élans nucléaires des chiites d'Iran et souhaitant, en passant, éliminer les tensions guerrières de la région vu ses ambitions de diversification économique. En effet, le projet intégré, NEOM (*), au coût pharaonique de 1,5 trillion de dollars - pas riches s'abstenir -, peut bien se passer de l'image créée par le Hezbollah, le Hamas, ISIS, Assad et autres Houthis dans la région, pour mieux tenter de réussir !

C'est d'ailleurs principalement pour ne pas être oubliés et marginalisés par ce fort courant de recherche de paix et de développement ralliant les Arabes aux Israéliens, que le Hamas aura décidé de se rappeler à l'attention du monde le 7 octobre dernier... Entre-temps, les Saoudiens s'étaient même rapprochés de l'Iran en mars 2023, grâce à une médiation de la Chine, ce qui lui ouvrait théoriquement des voies diplomatiques dans sa guerre contre les houthis chiites, au Yémen, après 10 ans de guerre indécise...

Depuis, on assiste à l'affreuse guerre à Gaza, avec ses 33 000 morts, dont deux tiers de femmes et d'enfants, à un raid israélien sur un consulat iranien militarisé à Damas et la 'punition' de l'Iran, au cours de laquelle d'étranges comportements se sont révélés.

D'abord, Reuters a annoncé que l'Iran avait prévenu la Turquie - un membre de l'OTAN - de ce qu'il allait entreprendre, 72 heures avant ! Une telle démarche, y impliquant rapidement les Américains, n'invitait ni à l'effet de surprise, un préalable pourtant minimum en temps de 'guerre', ni à une escalade au-delà du visuellement nécessaire pour crédibiliser une réplique ! On ne sait à quel point cette attaque avait été détaillée à l'avance, mais le fait est que les 350 drones lents et autres missiles lancés sur Israël samedi dernier ont, à une exception près, tous été détruits et que bien plus de missiles de précision que de drones aurait mieux aidé à hausser le ton. On enregistrait une seule victime : une petite fille bédouine de 7 ans, Amina, grièvement blessée par du shrapnel.

Les États-Unis ont largement aidé Israël à se défendre, avec la Grande-Bretagne et... la Jordanie, dans l'espace aérien duquel volaient, sans permission, les projectiles iraniens destinés à Israël. L'Égypte, les Émirats et l'Arabie saoudite ont aussi été des points d'appui se voulant discrets pour contrer l'initiative iranienne. En quelque sorte, l'Iran, qui avait jusqu'ici refusé d'attaquer Israël en direct, préférant utiliser ses intermédiaires du Hezbollah, de Hamas, des houthis et autres, a réussi samedi soir à galvaniser une petite coalition arabe tacite contre son 'escalade'.

Il était à espérer que le cabinet de guerre israélien comprenne que cette victoire relative suffisait en la circonstance, une alliance 'de fait' contre l'Iran, ne se refusant pas par les temps qui courent. Cependant, vendredi, le tac au tac reprenait, même si les belligérants souhaitaient, clairement épeler cette tactique infantile, en lettres... plutôt minuscules.

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Autres circonstances, autres alliances ! Les BRICS existent depuis un temps déjà, essentiellement pour contrer l'hégémonie des Américains et de ses alliés, post-1945. À la base de ce mouvement, nous parlons surtout de la Chine, 2e économie mondiale, qui, n'étant ni démocratique, ni encore très développée sous le critère PIB/tête, n'est pas membre du G7 et souhaite donc mener un regroupement d'intérêt 'à lui'.

Le problème des BRICS n'est pas tant d'être outrageusement dominés par la Chine - avec 65 % du PIB consolidé (comme le G7 l'est par les États-Unis, d'ailleurs... avec 58 %), mais de ne pas avoir une épine dorsale commune. Si le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont bien des profils semblables, peut-on en dire autant du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud ; auxquels il faudrait maintenant ajouter les disparités de l'Égypte, de l'Éthiopie, de l'Iran et des Émirats ? L'Argentine, dûment invitée à rejoindre le BRICSEEIE s'est désistée après l'élection du fantasque et nouveau président Milei. C'est un signe.

Les alliances 'naturelles' sont bonnes à concrétiser et les alliances a priori incohérentes ont, évidemment, des défis bien plus substantiels à relever...

(*) NEOM

(**) Reuters l Iran told Turkey in advance of its operation against Israel, Turkish source says

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