Tunisie: Concours de recrutement de maitres assistants de l'enseignement supérieur agricole - A quand les résultats ?

22 Avril 2024

Le dépôt des candidatures avait été fixé du 1er au 31 août 2022. Ledit concours, coorganisé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche maritime, avait démarré le 1er septembre 2022. Mais les épreuves orales se sont déroulées sur six mois, soit de janvier à juin 2023, et ce, en fonction de la disponibilité des jurys.

Le communiqué ayant été publié le 27 juillet 2022 relatif au lancement d'un concours de recrutement de maîtres assistants de l'enseignement supérieur agricole a été accueilli par des centaines, sinon des milliers de docteurs, de doctorants et de chercheurs spécialisés dans les sciences en rapport avec le secteur agricole comme une délivrance tant attendue.

Les slogans scandés par ces diplômés chevronnés au chômage, lors des sit-in organisés à La Kasba à l'aube des événements du 14 janvier 2011, témoignaient -- souvenons-nous -- d'un profond sentiment d'injustice institutionnelle et sociale. Dix ans après, des effluves de dénouement s'annonçaient avec le lancement du concours, suite auquel bon nombre d'élites auraient enfin le droit à l'embauche et à une vie digne de leur mérite pourtant amplement justifié.

Qu'en est-il pour les 53 spécialités de priorité ?

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Le dépôt des candidatures avait été fixé du 1er au 31 août 2022. Ledit concours, coorganisé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche maritime, avait démarré le 1er septembre 2022. Mais les épreuves orales se sont déroulées sur six mois, soit de janvier à juin 2023, et ce, en fonction de la disponibilité des jurys.

L'objectif était de recruter 53 maîtres assistants de l'enseignement supérieur agricole, soit 16 maîtres assistants qui seraient intégrés à l'enseignement supérieur et 37 autres qui seraient recrutés en tant que chercheurs. Mieux encore : les 53 postes requis devraient répondre à 53 spécialités de l'enseignement supérieur agricole et de recherche scientifique; des spécialités dont certaines sont significativement spécifiques à des domaines bien définis, notamment la génétique forestière, l'amélioration génétique des céréales, la virologie végétale, l'entomologie, la phyto-mycologie, etc.

Doute sur la transparence

Après près d'une année d'attente, d'impatience et d'espoir, les résultats du concours n'ont toujours pas été divulgués. Pourtant, ils devaient l'être en septembre 2023... Pis encore : le suspense qui dure suscite tant d'interrogations voire de doutes sur la transparence des résultats. Des rumeurs circulent, même, sur l'éventuelle annulation de la proclamation des résultats ainsi que des recrutements prévus.

L'élite est-elle « rien » ?

Une telle situation enfonce, sauvagement, le clou du désenchantement de l'élite. On a beau pointer du doigt la migration des compétences tunisiennes au profit d'autres pays, d'autres systèmes et d'autres histoires. Parce que, finalement, c'est bien l'élite qui crée l'Histoire via le Savoir. La notoriété des pays développés vient, justement, de l'investissement dans le Savoir, dans les sciences, dans la recherche scientifique et dans le développement technologique. Ne pas croire en le mérite de l'élite c'est vouer au gâchis des avancées qui feront, hélas, avancer d'autres pays, d'autres civilisations à nos dépens !

Et en dépit d'une impitoyable leçon que l'on ne cesse d'assimiler, en boucle, les mêmes leurres sont perpétués, les mêmes conséquences sont vécues non sans amertume... Encore faut-il souligner que les docteurs, les doctorants et les chercheurs de l'enseignement supérieur agricole n'ont d'autres issues professionnelles que l'enseignement et la recherche.

Aussi, intégrer le secteur industriel, s'installer pour leur compte ou s'adonner à la formation sont-elles des alternatives qui relèvent de l'impossible. Les seules « roues de secours » qui s'offrent à eux ne sont autres que des contrats provisoires, signés avec certains laboratoires de recherche ; des contrats dits « d'ouvrier» ou «d'étudiants chercheurs », suite auxquels le docteur, le doctorant ou encore le chercheur reçoit un modique salaire allant de 400 à 600DT, tout au plus.

Au final, qu'il soit contractuel ou chômeur, un docteur, un doctorant ou un chercheur relevant de l'enseignement supérieur agricole n'est nullement considéré comme un citoyen actif ou digne d'un statut qui sied à son mérite. Sur la CIN, devant le terme «profession», l'on mentionne généralement : « rien ». Pour les femmes, elles ont souvent droit à : « à la maison »...

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