Bénin: La menace terroriste

Même s'il n'est pas dans la même situation que certains pays voisins, où le phénomène a pris de l'ampleur, le Bénin est dans le viseur des groupes terroristes. Les autorités de ce pays côtier ont beau clamer que la situation est sous contrôle, la menace est omniprésente au Nord du pays, dans le parc W, complexe naturel transfrontalier de près d'un million d'hectares, cogéré avec le Burkina Faso et le Niger. Si les attaques terroristes contre les civils et les Forces de défense et de sécurité ont commencé sur le sol béninois en décembre 2021 avec parfois des accalmies, elles n'ont pas cessé.

Aux agressions terroristes qui ont déjà fait plusieurs dizaines de morts, se sont ajoutés les enlèvements d'individus qui sont passés de zéro en 2021 à 33 en 2023, selon l'ONG Global Initiative Against Transnational Organized Crime. D'ailleurs, le 8 février dernier, 5 gardes forestiers et un soldat ont péri dans une embuscade au Nord du pays. Dans cette zone infestée par des groupes extrémistes, les exactions ont contraint plus de 12 000 personnes à fuir leurs foyers et champs.

Le Bénin est incontestablement dans l'oeil du cyclone et c'est tout naturellement que les plus hautes autorités ont pris les devants, dans l'espoir de limiter les dégâts, voire d'enrayer la menace djihadiste. Entre autres, l'armée a considérablement renforcé sa présence dans le Nord du pays et pris un certain nombre de mesures relatives à l'acquisition d'équipements militaires et à la limitation de mouvements d'individus dans le Nord.

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Si les investissements dans la lutte contre le terrorisme ont permis d'améliorer momentanément la situation sécuritaire, amenant le Porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, à dire que le terrorisme s'était évanoui en terre béninoise, le caractère asymétrique du phénomène n'a pas tardé à resurgir.

Les terroristes, qui se sont infiltrés sur le sol béninois, sont plus que jamais actifs. Une situation qui a de quoi nourrir légitimement les inquiétudes au pays de Patrice Talon. On a vu comment le terrorisme est entré chez les voisins malien et burkinabè, pour ensuite devenir un fait de société difficile à combattre, en dépit des efforts colossaux déployés par les dirigeants des Etats affectés. Dans la sous-région ouest-africaine en proie au terrorisme, il ne serait pas bon, qu'un autre connaisse la même situation que ceux qui se débattent déjà comme de beaux diables pour bouter l'hydre terroriste hors de leurs frontières.

Le Bénin a tout intérêt à maintenir en permanence la veille, pour ne pas connaitre de mauvaises surprises. En la matière, le pays mesure pleinement les enjeux et c'est tant mieux. Des unités d'intervention des Forces de défense et de sécurité béninoises n'ont-elles pas organisé, courant février passé, un exercice militaire de libération d'otages dénommé Métropolis 2024, en vue de parer à d'éventuelles attaques en zones urbaines.

La prudence et la vigilance doivent être de mise. Dans le combat sans relâche contre les forces du mal, les autorités béninoises gagneraient surtout à renforcer la collaboration avec leurs voisins nigérien et burkinabè. Realpolitik oblige, Ivoiriens et Burkinabè se sont parlés la semaine dernière, à travers leurs ministres de la Défense respectifs, Tene Birahima Ouattara et le général de brigade Kassoum Coulibaly.

C'est un fait de haute portée à saluer à sa juste valeur. Pour le bien-être des populations, le dialogue entre Etats ne doit jamais être rompu dans la sous-région ouest-africaine, malgré la divergence des intérêts. Les peuples vivent les mêmes réalités et partagent, dans la plupart des cas, les mêmes défis, à quelques différences près.

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