Sénégal: Violences basées sur le genre - Des données fiables attendues d'une étude pour intensifier la lutte

Dakar — L'organisation civique de promotion des droits de l'homme Invictus Africa a lancé, mardi, les travaux de validation de la méthodologie de "Womanity Index" (indice de féminité) au Sénégal, de concert avec Budgit Sénégal, une organisation promouvant l'engagement des citoyens, a constaté l'APS.

Ces travaux permettront de recueillir des données fiables pour lutter plus efficacement contre les violences basées sur le genre.

"Nous voulons que les membres de la société civile et certaines organisations luttant pour les droits des femmes aient des données fiables, pour pouvoir interpeller les gouvernants, afin qu'ils agissent en donnant des réponses adéquates à travers des actes", a précisé Bulky Shonibare, directrice de Invictus Africa.

"Womanity Index" est à la fois un classement et un rapport complet sur l'état de la prévention et de la réponse à la violence basée sur le genre au Nigeria, au Ghana et au Sénégal.

La première étude a été réalisée et publiée en 2023 au Nigeria par Invictus Africa, une organisation civique qui promeut les droits de l'homme et l'égalité des sexes, par le biais d'un plaidoyer axé sur les données.

Au Sénégal, le processus vient de démarrer et consiste à proposer une méthodologie pour lancer une étude permettant de fournir des données justes et fiables.

%

Cette méthodologie sera discutée et adoptée par les représentants de la société civile sénégalaise et certaines organisations luttant pour les droits des femmes.

"Nous voulons que les membres de la société civile et certaines organisations luttant pour les droits des femmes aient des données fiables pour pouvoir interpeller les gouvernants, pour qu'ils agissent en donnant des réponses adéquates à travers des actes", a indiqué Mme Shonibare.

Pour le Sénégal, dit-elle, les acteurs de la société civile jouent "un rôle important" par rapport aux réponses sur les violences basées sur le genre.

"Donc, nous évaluons les gouvernants, et pas la société civile", a souligné la directrice d'Invictus Africa.

Cette étude se base sur cinq indices : les lois et la politique, l'accès à la justice, les services de soutien, l'information, la sensibilisation et les budgets et dépenses.

Cette initiative annuelle a été lancée en partenariat avec Budgit Sénégal, une organisation civique utilisant la technologie pour promouvoir l'engagement des citoyens.

Les représentants d'Invictus Africa ont saisi l'occasion pour rappeler les formes de violence à l'encontre des femmes.

Il s'agit du harcèlement, des violences physiques, mentales et psychologiques, de la violence économique ou des abus financiers, comme refus à son partenaire d'un accès au financement, ainsi que des violences causées par des autorités spirituelles ou religieuses.

Les participants à cette rencontre ont également relevé d'autres formes de violence, comme la violence selon le contexte et la zone, avec l'exemple de Kédougou, une zone minière caractérisée par des formes de violence spécifiques. S'y ajoute la violence de femmes contre d'autres femmes.

"La violence qui impacte le plus est celle morale et psychologique, car elle est pernicieuse et est le nid de la violence physique et de toutes les autres violences ; elle est insupportable à cause de son caractère tabou et du fait qu'elle n'est pas couverte spécifiquement par la loi", a fait remarquer Yéya Ly, membre du Haut Conseil des collectivités territoriales.

D'après elle, la force d'avoir de telles données, c'est de "définir un plaidoyer pour des lois et des politiques qui pourront répondre à ces questions".

"Les données sont une faiblesse au Sénégal ; nous souffrons beaucoup du manque de données fiables et viables, donc cette rencontre est une belle opportunité", a expliqué Rokhiatou Gassama, présidente du Conseil sénégalais des femmes.

Les représentants d'Invictus Africa et de Budgit Sénégal ont promis de prendre en compte toutes les remarques et propositions dans le questionnaire de l'étude.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.