Madagascar: Gaspillage alimentaire

« Aza manao horirika Ambohipeno, ka aleo lo toy izay ho an-kavana ». Ce qui signifie littéralement : « Ne faites pas comme les gens d'Ambohipeno qui préfèrent voir pourrir leurs arums au lieu de les donner à manger à leurs amis ou parents ».

Gaspillage alimentaire

Ce proverbe malgache illustre bien - même si la scène fait plutôt mal - ce qui s'est passé à Antsiranana où un millier de sacs de riz viennent d'être brûlés au lieu d'être cuits par des ménages qui n'ont pas toujours les moyens de se payer ce PPN à 900 Ar le kapoaka. Rarement « manara-penitra » avec un fond parfois cabossé pour glaner quelques grammes au détriment du consommateur final pour qui l'autre dicton populaire « mihinam-bary aza misy latsaka » (il y a des grains de riz qui tombent lorsqu'on en mange) n'est plus une excuse.

Tellement le prix du kilo de riz ne fait pas... rire à ventre déboutonné. Ce qui amène à se poser des questions par rapport à ces milliers de sacs incinérés à Toamasina, Mahajanga et dernièrement à Antsiranana. Pourquoi les a-t-on laissés pourrir au lieu d'alimenter - au propre comme au figuré - les « vatsy tsinjo » et/ou « tosika fameno » voire le « vary mora ».

Du temps de la Révolution socialiste, le régime aurait crié au « sabotage économique ». Aujourd'hui, c'est du gaspillage alimentaire face aux plus de 70% de Malgaches qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté dont 85% en milieu rural. Là même où vivent 90% des producteurs de riz, la principale culture vivrière quoique cela ne fasse plus... vivre.

Pleinement. Sur le plan économique, ces milliers de sacs incinérés auraient eu, un tant soit peu, un effet régulateur sur le prix du riz sur le marché si on ne les avait pas laissés pourrir. Sans compter ses impacts sur le « sosialim-bahoaka » qui redevient en vogue en cette saison électorale où la récolte de riz en « kapoaka » ou en sac pour les candidats les mieux nantis, s'annonce bonne pour la campagne 2024.

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