Tchad: Les enjeux d'une élection

Comme annoncé, le peuple tchadien s'est rendu aux urnes, hier lundi 6 mai 2024, pour élire son nouveau président pour la conduite de la destinée du pays. Ils étaient plus de 8 millions de citoyens qui se sont mobilisés pour participer à cette élection jugée cruciale pour le pays par de nombreux observateurs internationaux.

De sources concordantes émanant de l'Agence nationale de gestion des élections (ANGE), les résultats provisoires sont attendus d'ici le 21 mai et un éventuel second tour pour le 22 juin prochain. Si cette élection est sensée mettre un terme à la Transition qui a duré plus de trois ans, il reste qu'elle se présente également porteur d'espoir pour le peuple tchadien.

Ce, au regard des soubresauts sociopolitiques qui ont émaillé l'histoire du pays, pendant cette Transition, mais aussi, depuis des lustres. Ils sont 10 candidats en lice pour briguer la magistrature suprême du Tchad dont les plus en vue sont le président sortant, Mahamat Idriss Deby et l'actuel Premier ministre, Succès Masra. Doit-on s'attendre à un duel inédit entre ces deux principaux favoris, tous acteurs de premier plan de la Transition ?

Loin s'en faut, si on s'en tient aux avis divers des acteurs de l'opposition politique. Ceux-ci estiment, en effet, que la candidature du chef de l'exécutif est une forte trahison pour certains de ses anciens partisans. Sans prétentions aucunes, dans un tel cas de figure, Succès Masra ne peut que se comporter en un « accompagnateur » du régime pour donner une caution démocratique, un simulacre de légitimité au président sortant à cette élection dont les résultats semblent connus d'avance.

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Au delà de tout, le souhait le plus important pour nombre de Tchadiens, épris de démocratie et de bonne gouvernance, est de voir leur pays parvenir à une véritable alternance dont ils ont longtemps rêvé. Cela, afin de relancer le pays sur une nouvelle voie de gouvernance inclusive pour le bien de tous. Faut-il le rappeler, le Tchad a longtemps été dirigé d'une main de fer par le défunt président, Idriss Deby père et n'a jamais tenu d'élections libres, démocratiques et transparentes, selon de nombreux médias.

Ainsi, on est tenté de se demander si l'alternance tant souhaitée de tous sera au rendez-vous, à l'issue du scrutin. D'ores et déjà, ce que l'on peut dire, c'est que les Tchadiens, de l'intérieur comme de l'extérieur, ont intérêt que cette échéance électorale puisse servir de socle pour rabibocher le peuple, recoudre le tissu sociopolitique et donner surtout au pays les chances crédibles d'une paix durable.

Car, ce n'est que par ce climat de paix, de cohésion de toutes les couches sociales que le pays peut se reconstruire dans ce contexte socio-économique difficile caractérisé par la crise économique et humanitaire que l'on connait. Dans cette dynamique, il appartient au prochain président qui sera élu, aux électeurs, aux leaders des partis politiques de privilégier l'intérêt général en s'abstenant de tout comportement belliqueux et belliciste susceptibles de réveiller les vieux démons. C'est par cela que le Tchad pourrait renouer avec sa notoriété d'antan dans un contexte de géopolitique changeant.

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