Afrique de l'Ouest: Tensions entre Niamey et Cotonou - Il faut privilégier les intérêts des peuples

C'est un nouvel épisode de tensions dans les relations entre Cotonou et Niamey. En effet, les autorités béninoises ont décidé, le 6 mai dernier, de bloquer l'embarquement du pétrole brut nigérien en interdisant leurs eaux aux bateaux qui devraient assurer le transport de la matière première pour exportation. Une mesure «difficile mais nécessaire», selon le président Patrice Talon qui explique qu'elle répond à une nécessité de rétablir des échanges économiques formels entre les deux pays. En effet, à entendre le chef de l'Etat béninois, la fermeture des frontières nigériennes au Bénin, a engendré des échanges économiques informels, entraînant une hausse des prix des céréales de part et d'autre de la frontière.

Mais en vérité, derrière ce langage diplomatique du président béninois, se cache une réelle volonté des autorités de ce pays, de sanctionner le Niger pour avoir maintenu ses frontières fermées avec le Bénin qui lui a pourtant tendu la main en ouvrant les siennes. En tout cas, cette attitude des généraux nigériens passe mal à Cotonou, d'autant qu'ils ont déjà rouvert leurs frontières avec la plupart de leurs voisins, y compris le Nigéria qui a pourtant fait voir des vertes et des pas mûres au Niger après le coup d'Etat du 26 juillet 2023.

Patrice Talon a donc décidé de frapper là où ça peut faire mal, en attaquant la junte nigérienne au portefeuille. En effet, le blocus du pipeline qui devrait permettre au Niger de porter la production de son pétrole à 110 000 barils par jour, selon certaines sources, peut porter un énorme coup à l'économie de ce pays confronté à une grave crise exacerbée par l'insécurité liée au terrorisme et la conjoncture mondiale.

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Les deux pays doivent pouvoir tirer leçons de cette crise

Mais avait-on besoin d'en arriver là? Où est donc passée la solidarité légendaire africaine? Ces prises de décisions radicales de part et d'autre constituent-elles le meilleur moyen de dissiper les nuages des tensions? Autant de questions qui amènent à s'interroger sur l'attitude de certains dirigeants. Encore une fois, des dirigeants africains s'illustrent de manière négative aux yeux du monde entier.

Parce que ces querelles de coépouses entre les pouvoirs de Niamey et de Cotonou sont loin d'être dans l'intérêt de leurs peuples respectifs. Au contraire, ces tensions diplomatiques qui ne retombent pas et semblent s'amplifier avec leur lot de décisions inopportunes, pénalisent plus les populations qui, dans un contexte de mondialisation, ne peuvent pas vivre les unes sans les autres.

Il ne faut donc pas se méprendre à mélanger affaires et politique. Car, à tout le moins, les ambitions personnelles des dirigeants ne sauraient primer sur les besoins essentiels de leurs concitoyens. C'est la satisfaction de ces besoins qu'ils doivent même avoir comme combat prioritaire à mener. Cela dit, les deux pays (Niger et Bénin) doivent pouvoir tirer leçons de cette crise et comprendre qu'ils ont plus à gagner à s'entendre qu'à se combattre. Il faut savoir raison garder et privilégier surtout les intérêts des peuples.

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