Au Tchad, quelle stratégie désormais pour Succès Masra et les Transformateurs ? Toujours formellement Premier ministre, le candidat estime avoir remporté la présidentielle du 6 mai. Néanmoins, jeudi 16 mai, après le rejet de ses recours par le Conseil constitutionnel, il a constaté l'épuisement de la voie légale, appelé au calme et à la patience. Dans son discours, Succès Masra a évoqué une « solution politique » et semblé se projeter déjà sur les prochaines échéances électorales.
Un des principaux cadres des Transformateurs confesse que son mouvement a « payé pour apprendre : tout a été mascarade et fabrication », selon lui.
Toutefois, « des cases ont été cochées, nous avons pour la première fois affronté les électeurs », ajoute-t-il. Pour les Transformateurs, aucun doute, ils ont emporté la « victoire morale », à défaut des chiffres officiels. Ils ont labouré le terrain, rencontré les populations des campagnes, des régions moins favorables, les chefs traditionnels. Soit une manière de dépasser leur image de parti citadin des réseaux sociaux.
Leur objectif est le changement de l'intérieur, en « trois ans ou trente ans », écrit le musicien Ray's Kim sur les réseaux sociaux.
Craignant un nouveau « 20 octobre », Succès Masra a encouragé ses militants à rester pacifique. Il regarde déjà vers les élections législatives qui devraient avoir lieu en fin d'année, peut-être couplées aux locales : il faut servir le peuple « à tous les échelons », a-t-il dit.
Car si le « copilote » autoproclamé de la transition devrait quitter le cockpit directionnel de la Primature, il n'est pas impossible que certains de ses proches restent pour influencer la suite : « on ne doit pas tous descendre de l'avion », estime l'un d'entre eux.
Les partis boycotteurs appellent « à la mobilisation pour des actions de défiance politique et civique »
Désormais, les partis qui ont également boycotté tout le processus électoral réagissent aux résultats officiels. Les partis politiques d'opposition sous la dénomination du Groupe de concertation des acteurs politique (GCAP), qui avaient boycotté tout le processus électoral, déclarent ne pas « reconnaître ces élections », ni ses résultats, ni l'élection de Mahamat Idriss Deby comme président-élu de la République du Tchad.
Devant les médias vendredi 17 matin à Ndjamena, les membres du GCAP étaient ont « lancé un appel à la mobilisation pour des actions de défiance politique et civique, qui seront lancées sur tout le territoire national », a annoncé l'un des porte-paroles du GCAP, Max Kemkoye, également président du parti UDP.