Togo: Révision constitutionnelle - L'opposition peut-elle faire plier Faure ?

Président de la République Togolaise, Faure Gnassingbé

Le Togo est encore plongé dans une nouvelle crise politique. Cette fois-ci, elle est consécutive à la révision constitutionnelle initiée par le pouvoir en place. En effet, sous l'impulsion du régime de Lomé, l'Assemblée nationale a adopté, le 25 mars dernier, à la majorité de plus de 4/5 de ses membres, le projet de loi portant révision de la Constitution de la République.

Il n'en fallait pas plus pour que l'opposition donne de la voix, si elle ne rue pas dans les brancards. Elle accuse le président Faure Gnassingbé de vouloir s'éterniser au pouvoir à travers cette révision en contournant subtilement la clause limitative du nombre de mandats. A-t-elle réellement tort ? Assurément non ! En effet, la nouvelle révision constitutionnelle est, en réalité, un changement de Constitution en ce sens que le Togo passe à une nouvelle République, plus précisément de la IVe à la Ve. Et du même coup, par ce changement, le pays passe d'un régime présidentiel à un régime parlementaire.

Or, on le sait, les changements de constitutions en Afrique, ont toujours été des occasions pour les présidents en exercice de remettre le compteur à zéro en anéantissant les effets de la clause limitative de mandats. Au regard de tout cela et des multiples expériences en la matière sur le continent, les récriminations des opposants togolais ne sont pas infondées. Car, il faut le dire. Faure n'a jamais manifesté son désir de quitter le pouvoir.

Il faudra se garder de tout triomphalisme

En tout état de cause, la pression de la société civile et de l'opposition, dès l'annonce de l'adoption de loi portant révision de la Constitution, a eu des effets, puisque le pouvoir de Lomé s'est abstenu de promulguer le texte qu'il a décidé de renvoyer devant les parlementaires à l'effet de procéder à une seconde lecture. Si pour certains, ce recul de Lomé, est une victoire d'étape pour les contestataires, il faudra cependant se garder de tout triomphalisme.

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D'où la nécessité pour l'opposition de maintenir la pression dans le but de contraindre Faure à abandonner son projet de modification constitutionnelle. A cet effet, des manifestations sont prévues les 11, 12 et 13 avril prochains. Mais l'opposition peut-elle faire plier Faure ? La question mérite d'être posée quand on sait que le régime togolais, depuis Gnassingbé-père à aujourd'hui, a toujours su sortir la tête haute des multiples crises politiques auxquelles le pays a été confronté.

Faure a donc l'expérience de la gestion des crises politiques. Il a réussi à casser toutes les grandes contestations contre son régime. Si fait qu'au Togo, l'exil politique est la chose la mieux partagée par tous ceux qui osent s'opposer au prince régnant. En fin lecteur de Machiavel et ayant les moyens de l'Etat à sa disposition, le président togolais a toujours su bien manier le bâton de la répression et la carotte de la corruption. Si bien que pour l'instant, il reste toujours fort face à une opposition et une société civile à la peine.

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