Madagascar: Soja Lahimaro - « Le Grand-Sud n'est plus un cimetière de projet, l'UNICEF à l'oeuvre »

Eva Kadilli, la Directrice Régionale de l'UNICEF pour l'Afrique orientale et australe, en visite officielle à Madagascar, a effectué une descente dans le district d'Ambovombe, région Androy, les 21 et 22 avril derniers. Cette descente a aussi été l'occasion de mettre en avant les différents projets qui ont été mis en place par cet organisme onusien dans cette partie de la Grande île. Des projets qui profitent à des milliers de personnes.

Au fil des années, le Grand Sud de Madagascar a été étiqueté comme étant un cimetière de projet. La visite d'Eva Kadilli, Directrice Régionale de l'UNICEF pour l'Afrique orientale et australe dans la région Androy, les 21 et 22 avril, a été une occasion pour le gouverneur de la région, Soja Lahimaro, de démontrer l'inexactitude de cette affirmation.

Cet organisme des Nations Unies a activement participé au développement du sud de Madagascar, en particulier de l'Androy, en s'impliquant dans les domaines de l'éducation, de l'eau, de l'assainissement, de la nutrition, de la santé, de la communication, de la jeunesse et de l'égalité des genres. « Cette région a été appelée cimetière de projet, berceau de l'insécurité, capitale de la famine ou kere, mais la réalité est totalement différente. Tout cela, grâce à l'intervention de l'UNICEF, grâce à un travail acharné et de longue haleine. Nous, en tant qu'autorité régionale, nous pouvons déduire avec fierté que nous sommes sur la bonne voie. La réalité d'il y a 10 ou 20 ans est différente de celle d'aujourd'hui », selon Soja Lahimaro.

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D'un autre côté, Eva Kandilli n'a pas manqué de souligner durant cette visite que de nombreux efforts ont déjà été déployés pour la maternité et l'enfance, et qu'il y a encore de nombreux défis à relever dans différents domaines d'action de l'UNICEF. « C'est merveilleux de voir comment un projet de dessalement de l'eau garantit l'accès à l'eau potable aux familles d'Ambondro, dans le sud de Madagascar. Ce projet est formidable pour la santé de la communauté, bénéficiant aux femmes et aux enfants qui doivent souvent aller chercher de l'eau », lance à son tour la Directrice Régionale de l'UNICEF pour l'Afrique orientale et australe en évoquant les avantages des projets de l'UNICEF dans le domaine Wash, tout en sachant que l'eau demeure un problème vital dans le sud de Madagascar.

Une eau potable grâce à la désalinisation.Un système de désalinisation de l'eau, financé par l'UNICEF a été mis en place dans la commune d'Ambondro. Cela permet de répondre aux besoins en eau des communautés.

Ce système fonctionne à l'énergie solaire et fournit aux habitants 3 m³ d'eau par heure, soit 24 m³ par jour. « Il couvre les besoins d'un tiers des habitants d'Ambondro. Avant que cette installation ne soit faite, la population n'a eu comme recours que le fait d'acheter des eaux distribuées en charrette dont le prix se situe entre 800 et 1000 ariary le jerrican. Il est à savoir que la même quantité d'eau désalinisée est à 650 ariary. C'est la toute première adduction d'eau potable munie d'un système de désalinisation pour toute la région, un modèle qui sera utilisé pour les futurs partenaires », selon Julson Paul Razafimandimby, Directeur régional de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène (DREAH) de la région Androy.

Cette eau désalinisée est principalement utilisée pour la consommation. « Mon enfant ne souffre plus de diarrhée depuis que nous utilisons cette eau. Nous l'utilisons pour notre consommation, pour faire la cuisine et utilisons les eaux que nous achetons en charrette pour l'agriculture et l'élevage », témoigne Sana, une mère de famille.

Sensibilisation de 286 000 enfants.La visite d'Eva Kadilli à Ambondro a aussi été l'occasion d'échanger avec les enfants en âge scolaire et les adolescents qui ont bénéficié des actions pour la lutte contre la malnutrition. Les scouts sont chargés de l'éducation nutritionnelle, permettant aux jeunes et aux enfants d'adopter un comportement sain.

La sensibilisation est surtout orientée sur l'hygiène alimentaire et la connaissance des dix groupes alimentaires de base, ainsi que la mise en pratique des bonnes habitudes. « Il s'agit d'un projet pilote qui a été démarré en mai 2023, pour s'achever en mai 2024. Le projet couvre six districts au sein des régions Androy et Anosy qui sont Amboasary, Taolagnaro, Bekily, Beloha, Tsihombe et Ambovombe. Des ateliers au sein desquels les enfants peuvent apprendre à cuisiner et même concourir à travers des dînettes sont financés et soutenus par l'UNICEF sur le plan technique et les ingrédients locaux utilisés lors de cet événement sont aussi pris en charge » , rapporte Jaona Rakotoarisoa, responsable auprès du Tily Madagasikara.

286 000 enfants seront les bénéficiaires de cette éducation nutritionnelle qui est effectuée au niveau de 240 écoles et 240 sites communautaires au cours d'une année. « Mes parents ne me laissaient pas prendre un couteau en main auparavant de peur que je ne me coupe. Après cette formation et cette sensibilisation, j'ai été en mesure de les aider dans les tâches quotidiennes. Je partage aussi chez moi les connaissances que j'ai acquises à travers la préparation de nourritures variées et saines », témoigne Noella, une des bénéficiaires.

Des kits pour la réinsertion et le maintien scolaire.L'École primaire publique (EPP) Tsimananada a été confrontée à un fort taux d'abandon scolaire mais grâce à l'appui de l'UNICEF, des progrès ont été enregistrés dans la réinsertion scolaire des élèves. 24 élèves ont été réinsérés pour cette année scolaire selon Fangnanantsoa, chef de la Zone d'administration pédagogique (ZAP).

« Avec les chefs fokontany, nous avons fait du porte-à-porte pour convaincre les parents de réinscrire leurs enfants. Des kits scolaires ont été ainsi remis aux élèves concernés puisque les problèmes financiers figurent parmi le premier motif de leur abandon », a-t-il expliqué. Des formations sur la méthode Teaching at the right level (TARL) ont également été dispensées aux enseignants pour que les élèves puissent acquérir rapidement des compétences de base en lecture et en calcul, quel que soit leur niveau scolaire à travers des activités ludiques.

Une formation en éducation inclusive a aussi été dispensée aux enseignants pour qu'ils puissent prendre en main les enfants en situation de handicap. Malgré cet appui important de l'UNICEF, le manque d'infrastructures se fait grandement sentir ainsi qu'une insuffisance manifeste de tables-bancs où une grande majorité d'élèves s'assoient à même le sol .

Appui à la survie des enfants malnutris.Sur les 2995 enfants dépistés, 557 sont atteints de malnutrition aiguë sévère sans complication, selon les données obtenues auprès du Centre de santé de base (CSB) niveau II d'Ambovombe. Ces enfants bénéficient d'aliments thérapeutiques prêts à l'emploi communément appelés Plumpy Nut pour leur prise en charge grâce à l'appui de l'UNICEF.

Tout en sachant que les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère sont neuf fois plus susceptibles de mourir qu'un enfant en bonne santé, mais avec un traitement approprié. Cet organisme onusien offre aussi son appui pour la mise en oeuvre des stratégies avancées qui consistent à aller à la rencontre des communautés pour les campagnes de sensibilisation à l'amélioration de la santé maternelle et infantile.

Renforcement des compétences de vie.Le programme de renforcement des compétences de vie (Life skills), un composant du programme Let us learn vise à renforcer les compétences de vie des adolescents à travers des sessions d'apprentissage et de partage. Les Jeunes pairs éducateurs (JPE) ont reçu différentes formations sur l'approche «Life skills» sur différents modules abordant les compétences de base sur la connaissance de soi, les règles de vie en communauté et sur d'autres thématiques.

« Nous traitons plusieurs thématiques comme la grossesse précoce, la lutte contre le mariage des enfants, le lavage des mains avec du savon ainsi que bien d'autres encore. Nous aidons les adolescents à mieux comprendre les comportements et les bonnes pratiques pour réussir leur vie », explique Andrananivo, animatrice Life skills.

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