Cote d'Ivoire: Viabilité de la dette ivoirienne- Toujours au cœur des débats entre politiques et universitaires à Abidjan

27 Avril 2024

L’analyse de la viabilité de la dette, prenant en compte tous les ratios, notamment celui relatif à la liquidité, indique que la Côte d’Ivoire est à risque de surendettement modéré, a rassuré la ministre de l’Economie, du plan et du développement, Nialé Kaba.Elle présidait, le jeudi 25 avril 2024 à Abidjan Sofitel Hôtel Ivoire, la cérémonie de présentation du rapport « Risque Pays Côte d’Ivoire 2024 », organisée par Bloomfield Investment.« En ce qui concerne le niveau de la dette, il convient de noter, avec un taux d’endettement de 58,1% à fin 2023, que le pays est en deçà du seuil communautaire de 70% du PIB », a affirmé Nialé Kaba.

La ministre a, par ailleurs, rappelé le vote de la loi portant politique nationale d'endettement et de gestion de la dette publique par l'Assemblée nationale, qui « vient renforcer davantage la gestion de la dette et permet d’anticiper les risques y afférents ».

En réponse aux différents points d’attention soulevés par le rapport, liés notamment, au climat des affaires, aux performances macroéconomiques, à la gestion de la dette publique, au système monétaire et financier, et au risque sociopolitique, Nialé Kaba a soutenu qu’ils font déjà l’objet d’attention par le gouvernement. Ce, « à travers la mise en œuvre de mesures de mitigation, notamment, le renforcement de la surveillance et de la réglementation des prix des produits de grande consommation, l’élaboration en cours d’une Stratégie de mobilisation des Recettes à Moyen Terme (SRMT), la rationalisation des exonérations, afin d’améliorer les recettes fiscales, le développement des grappes industrielles et des agropoles tout en renforçant l’écosystème de gestion et de développement des infrastructures industrielles. Mais que de disent des enseignants et chercheurs ivoiriens de l’endettement de la dette ivoiriens ?

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Le point de vue de certains universitaires

Pour éviter le risque de surendettement, la Côte d’Ivoire doit chercher à contenir sa dette en dessous de 60% et ramener son déficit budgétaire au plafond communautaire de déficit public (Uemoa) de 3% du Pib d’ici 2025.  Selon le Professeur Prao Yao Séraphin de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, « en 2022, le déficit budgétaire de la Cote d’Ivoire était de 6,8% du Pib. En 2023, il était de 5,2% et est projeté à 4,1% du Pib en 2024. Pour rappel, c’est un fort endettement et un fort déficit budgétaire (plus de 13% du Pib) qui ont plongé la Grèce dans la crise en 2008. La Côte d’Ivoire en est loin mais son taux d’endettement est préoccupant et la nécessité de changer de trajectoire s’impose. » ( Cf : www.afrikchallenges.info)

Le président du Mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » dans une tribune disait que le pays ne peut plus continuer sur cette voie de développement importé, avec l’épargne des autres. Le pays doit changer de cap pour jeter les bases d’un développement autocentré et réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs. Ses recettes sont vulnérables aux fluctuations des cours des matières premières et 40% de ces recettes proviennent des impôts sur le commerce extérieur. Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », « le gouvernement doit réduire son train de vie en supprimant les institutions et les postes budgétaires non essentiels au fonctionnement de l’Etat. Cette réduction peut avoir un impact positif sur la mobilisation des ressources locales afin d’éviter de s’endetter davantage » Aussi, le prof Prao rappelle : « avant l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative Ppte en juin 2012, le stock de la dette publique de la Côte d’Ivoire se chiffrait à 8 645,0 milliards de Fcfa, dont 2 271,1 milliards de Fcfa au titre de la dette intérieure et 6 373,9 milliards de Fcfa au titre de la dette extérieure. Au 31 décembre 2012, suite à la réduction de dette extérieure obtenue au point d’achèvement de l’Initiative Ppte, ce stock se chiffrait à 6 129,8 milliards de Fcfa dont 3 839,8 milliards de Fcfa de dette extérieure. »

Également, dans   la contribution en question le Prof Prao ajoute que « la dette publique qui représentait 73% du Pib avant le point d’achèvement de l’Initiative Ppte ne valait plus que 35% du Pib après l’atteinte du point d’achèvement. Le service de la dette, lui, est passé de 500 milliards par an à 230 milliards de Fcfa. Le profil de la dette extérieure s'est donc nettement amélioré après le point d'achèvement Ppte en 2012, rendant ainsi possibles de nouveaux emprunts. En fin juin 2023, la dette de la Côte d'Ivoire se chiffre à plus de 25 000 milliards de Fcfa, soit 25739,2 milliards de franc Cfa (chiffres du ministère des Finances et du Budget). A cette même date de fin 2023, le ratio d’endettement se situe à 58,1%. En 2022, il était de 56,7% et est projeté, selon les prévisions du Fonds monétaire international (Fmi), à 57,3% en 2024. »  ( Cf :www.afrikchallenges.info)

Comme on le dit à Abidjan,  « prendre crédit est doux mais rembourser est très difficile »

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