Afrique: Médiations tous azimuts, et après ?

Le Forum économique mondial tenu à Riyad, en Arabie saoudite, les 28 et 29 avril, a réuni les poids lourds de l'économie et des leaders d'opinion. La cause palestinienne, sujet non moins lourd, a été forcément mise sur la table des négociations.

Après avoir épuisé les propositions, les contre-propositions, les réunions sans fin, lesquelles, toutes, n'ont pas donné de résultats tangibles, le Qatar, qui était la tête de pont des négociateurs, fait profil bas dans la médiation. Il se met provisoirement en retrait et réexamine tout le dossier Hamas ; c'est désormais l'Egypte et l'Arabie saoudite qui sont aux avant-postes pour envisager une solution « rapide » aux négociations sur une trêve à Gaza.

La situation régionale a-t-elle changé pour que les acteurs principaux changent de rôle ? Incontestablement, puisque Netanyahu ne voit rien venir des échos des contestations dans son pays et dans le monde, principalement dans les universités américaines ; n'entendant toujours pas les voix de la paix et de la sagesse, il a encore soif de sang et a réitéré sa volonté d'attaquer la bande de Rafah, la poche du territoire gazaoui à la frontière de l'Egypte. Certains ministres israéliens proposent même de déplacer les populations gazaouies vers Rafah et l'Egypte. Conséquences à imaginer dans un tel cas (improbable) : les risques d'un affrontement, ne fût-ce que par escarmouches, entre l'Egypte et Israël.

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Aussi, les négociateurs égyptiens sont-ils montés au créneau et se sont empressés d'aller en Israël. Ils ont envoyé un message d'espoir : une délégation du Hamas étudie une nouvelle offre de trêve. « Une réponse écrite va venir aussi vite que possible », apprend-on du Caire.

De son côté, l'Arabie saoudite, qui s'est jusque-là trouvée un peu marginalisée par une série d'événements et de développements, profite de la présence des grands responsables au Forum économique pour montrer qu'elle est un acteur régional avec qui il faut compter. Elle a également envoyé une délégation en Israël, précédant l'arrivée du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Etant des alliés des Occidentaux et oeuvrant pour leurs intérêts d'abord, Le Caire et Riyad mettent donc les bouchées doubles pour progresser dans ces négociations et tenteraient tant bien que mal de convaincre le Hamas d'accepter l'offre israélienne.

Parmi huit points proposés de l'offre soumise, un point constituerait un obstacle de taille : une trêve de 40 jours contre la libération d'otages et de prisonniers. Le Hamas exige un cessez-le-feu durable et non pas provisoire, il veut aussi que les Palestiniens retournent dans le nord et dans le centre de Gaza, régions ravagées par l'armée israélienne.

L'opinion internationale retient son souffle en attendant la réponse du Hamas qui viendrait aujourd'hui.

Comme pour mettre fin à tout espoir de paix, voilà qu'hier, mardi, dans l'après-midi, Netanyahu anticipe et fait monter les enchères et déclare que « l'armée israélienne entrerait dans Rafah, qu'un accord de trêve pressenti soit conclu ou non ». Cette déclaration sans nuances est adressée à tous les négociateurs, elle signifie que l'offre est indiscutable. 34.535 civils tués, cela ne semble pas lui suffire. Avec l'entrée de l'armée à Rafah, les Gazaouis peuvent sonner l'alarme et s'attendre à un nouveau massacre. Du sang, encore du sang.

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