Ile Maurice: Ne pas traiter «les travailleurs étrangers comme des criminels»

Suite à notre article paru le mardi 23 avril, dans lequel des ouvriers malgaches disaient être exploités et leurs passeports confisqués, des travailleurs sociaux malgaches affirment suivre la situation. Ils ont sollicité un avocat pour apporter une aide légale à leur compatriote. C'est ce que nous a expliqué le syndicaliste Faizal Ally Beegun. Ce dernier dit aussi suivre la situation. Il lance un appel aux autorités afin d'arrêter de traiter les travailleurs étrangers comme de vulgaires criminels.

Faizal Ally Beegun souligne que dans 90 % des cas, les contrats des travailleurs étrangers ne sont pas renouvelés à temps. «Chacun dit que ce n'est pas de sa faute. La compagnie dit que c'est le ministère, le ministère réfute. Beaucoup de travailleurs se retrouvent en situation irrégulière de cette façon et ils sont arrêtés par le Passport and Immigration Office (PIO). Ils sont menottés et enfermés au Chaland puis expulsés. Pourquoi est-ce que la police n'enquête pas pour savoir comment ils se sont retrouvés dans cette situation illégale ?», s'insurge Faizal Ally Beegun. Il déplore que lorsque les ouvriers se retrouvent dans une situation illégale alors que le contrat de ces travailleurs étrangers n'ont pas encore été renouvelés, ils sont alors contraints de travailler pour un salaire de misère.

Pour rappel, une dizaine de Malgaches qui logent dans une maison à Albion allèguent qu'ils seraient exploités. Leur passeport et leurs documents auraient été confisqués. Ils ne seraient pas nourris et n'ont pas encore reçu de salaire. Le propriétaire de la maison, un homme de 29 ans, a alerté le PIO après avoir fait cette découverte. Il louait sa maison au directeur d'une compagnie de construction qui a fait venir les Malgaches.

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Contacté, le gérant de la société nie toute exploitation. Il raconte qu'il a fait venir les Malgaches à Maurice pour une formation et qu'il devait entamer des démarches pour l'obtention d'un permis de travail pour eux, mais que ses démarches n'ont pas abouti. Il relate que si les Malgaches n'ont pas eu de permis de travail, c'est en partie de leur faute car ils n'auraient pas produit tous les documents nécessaires alors qu'ils avaient été avertis avant leur arrivée à Maurice. L'homme d'affaires dit avoir payé un billet aller-retour pour eux mais le délai est déjà passé et les travailleurs ne seraient plus sous sa charge depuis le 28 mars.

Sollicitée, la cellule de communication du ministère du Travail déclare que la Migrant Unit collabore avec le PIO pour les besoins de l'enquête dans cette affaire. Le Central Criminal Investigation Department a pris connaissance de l'affaire et compte ouvrir une enquête pour tirer cette affaire au clair.

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