Togo: Législatives et régionales - Gagner maintenant la paix post-électorale

Les Togolais élisent leurs députés et, pour la première fois, leurs conseillers régionaux (photo d'illustration)

Le vote a eu lieu, place maintenant aux résultats. Le lundi 29 avril dernier, 4, 2 millions d'électeurs togolais se sont en effet rendus aux urnes pour élire les 113 députés de la future législature et les 179 conseillers régionaux.

Un double scrutin qui, de l'avis général, s'est déroulé dans le calme après une campagne apaisée, quoique brouillée par la modification constitutionnelle votée dix jours avant l'échéance par les députés sortants et qui continue de diviser la classe politique et la société civile togolaise.

La nouvelle loi fondamentale, qui a reçu à l'unanimité des votants l'onction parlementaire le 19 avril, fait passer le pays, rappelons-le, de la IVe à la Ve république en introduisant un régime parlementaire à la place du régime présidentiel. Le suffrage universel direct pour l'élection du président est de ce fait jeté aux orties politiques et la fonction de chef de l'Etat devient honorifique tandis que le vrai pouvoir sera dorénavant détenu par un président du conseil des ministres, en l'occurrence le président du parti sorti vainqueur des législatives.

Une ficelle trop grosse pour les adversaires du pouvoir qui y voient des micmacs politico-juridiques pour remettre à zéro le compteur de Faure Gnassingbé dont le bail présidentiel expirait en 2025, pendant que la majorité parle de rééquilibrage vertueux des pouvoirs et de rationnalisant des cycles électoraux pour faire notamment des économies d'échelle quand on sait ce que coûtent les élections.

Cette nouvelle donne politique aura, dans une certaine mesure, pollué les joutes qui ont souvent pris l'allure d'une campagne référendaire pour ou contre le nouveau texte, voire d'une présidentielle par anticipation. Quoi qu'il en soit, le vote se sera tenu «dans le calme et la sérénité», nonobstant quelques défaillances relevées par certains observateurs et même « des cas de fraudes » selon l'opposition sans qu'on sache s'ils sont vraiment réels ou s'il s'agit de crier au loup pour « décrédibiliser » l'affaire alors que des observateurs soulignent que « les insuffisances n'entachent pas la sincérité et la transparence du scrutin », selon une formule bien rodée.

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Les yeux des Togolais sont donc maintenant tournés vers la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a commencé à égrener l'interminable chapelet des données électorales. En vertu du code électoral, la CENI a six jours pour proclamer les résultats provisoires qui seront par la suite officiellement validés par la Cour constitutionnelle.

D'ores et déjà, au regard des premières tendances, la victoire de l'Union pour la république semble se dessiner. Si cette tendance devait se confirmer, serait-ce vraiment étonnant outre mesure en raison de la disproportion des forces en présence comme on a encore pu le constater durant les joutes électorales ?

D'un côté un parti majoritaire, né il y a 12 ans sur les cendres du rassemblement du peuple togolais (RPT), qui a une assise nationale solide , une véritable armada électorale, des moyens conséquents que procure sous nos cieux la gestion du pouvoir d'Etat et «un bilan largement positif» à en croire ses premiers responsables ; de l'autre une opposition souvent éparpillée et minée par des querelles de clocher, qui n'a pas toujours le nerf de la politique pour opposer une résistance farouche dans les urnes.

A quoi ils ajouteront les conditions d'organisation du scrutin (fichier et découpage électoraux, entre autres) qui ne seraient pas équitables et transparentes selon eux. Mais s'il est un chiffre qui sera particulièrement scruté, c'est le taux de participation, l'affluence dans les 14 271 bureaux de vote ayant été jugée faible à moyenne, en tout cas à Lomé, même si, à l'intérieur du pays, il y aurait eu par endroits un certain engouement.

Cette situation sociopolitique passablement délétère a souvent engendré des conflits postélectoraux plus ou moins violents dans ce qui était considéré jadis comme « la Suisse de l'Afrique ». Il s'agit donc maintenant, après la journée pacifique du lundi 29 avril, de gagner la paix postélectorale en privilégiant les voies de recours judiciaires prévues en cas de contentieux plutôt que de s'embarquer, de nouveau, dans un cycles de violences-répressions aux conséquences toujours fâcheuses, aussi bien pour le pouvoir que pour l'opposition.

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