Congo-Kinshasa: Emoi après le bombardement à Goma, le Rwanda dément toute participation

Les tirs de roquettes qui ont touché vendredi 3 mai les camps de déplacés au sud-ouest de Goma, dans l'est de la RDC, ont provoqué de nombreuses réactions. Le gouvernement congolais et la diplomatie américaine ont accusé le Rwanda d'être à l'origine de ce bombardement. Des accusations réfutées ce samedi 4 mai par Kigali.

Au lendemain des frappes, l'émoi est toujours vif en République démocratique du Congo. Aucun bilan officiel n'a été communiqué, mais selon des sources humanitaires, une dizaine de civils ont été tués. Le président congolais Félix Tshisekedi, en tournée européenne, a annoncé qu'il allait écourter son voyage pour rentrer à Kinshasa dès ce week-end. La nouvelle Première ministre Judith Suminwa a elle fait part de son indignation, face « à cette attaque lâche et barbare ». Même tonalité du côté du porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, qui évoque un « crime de guerre ».

De nombreuses ONG et acteurs humanitaires ont aussi dénoncé cette attaque contre des déplacés. Tout comme la Mission onusienne dans le pays (Monusco), qui évoque une « escalade de violence aveugle contre les civils », mais reste néanmoins prudente quant à l'origine des frappes.

Washington pointe le Rwanda du doigt ; « absurde », répond Kigali

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Cette prudence n'est pas partagée par le département d'État américain. Washington a clairement pointé la responsabilité du Rwanda dans cette attaque, estimant que ce dernier provenait des positions de l'armée de Kigali et du groupe rebelle du M23. « Il est essentiel que tous les États respectent la souveraineté et l'intégrité territoriale de chacun », a estimé le responsable américain Matthew Miller.

Ces accusations ont été balayées par Kigali : ces conclusions sont « ridicules » et « absurdes », a commenté la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, rapporte notre correspondante à Kigali, Lucie Mouillaud. « Les RDF, une armée professionnelle, affirme la porte-parole sur le réseau social X, n'attaqueraient jamais un camp de déplacés internes ». Selon elle, il faut regarder « les criminels FDLR et Wazalendos, soutenus par les FARDC, pour ce genre d'atrocités ».

This is ridiculous Matthew, how do you come to this absurd conclusion? The RDF, a professional army, would never attack an IDP camp. Look to the lawless FDLR & Wazalendo supported by the FARDC, for this kind of atrocity. https://t.co/vtyawZLxBp-- Yolande Makolo 🇷🇼 (@YolandeMakolo) May 4, 2024

Des accusations contre les forces progouvernementales congolaises qu'ont également formulées les rebelles du M23.

Des enquêtes sont en cours pour déterminer les responsables des bombardements, alors que les humanitaires dénoncent depuis plusieurs mois la proximité des positions d'artillerie avec les camps de déplacés.

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