Ile Maurice: Entre espoir et désillusion, le chemin est semé de... nids-de-poule

Au no 17, les promesses de revitalisation urbaine demeurent lettre morte, tandis que les rues se détériorent avec des nids-de-poule parsemant les voies. La présence de toxicomanes ajoute à l'inquiétude, de même que la prolifération de chats et chiens errants. Malgré les annonces de nouveaux projets, leur concrétisation se fait attendre. Les politiciens ne sont pas sur le terrain, déplorent des habitants. Dans l'attente de solutions, ces derniers cherchent toujours la lumière au bout du tunnel.

Le gouvernement place de grands espoirs dans de nouveaux projets pour revitaliser la Ville-Lumière. Cependant, les habitants de Curepipe entendent souvent parler de ces projets sans pour autant voir leur concrétisation. La construction d'un Urban Terminal, d'un nouveau bâtiment pour accueillir les marchands du marché central et l'installation d'une piscine sont autant de projets qui devraient voir le jour dans les mois à venir. Néanmoins, pour l'instant, les habitants et les commerçants se posent des questions sur leur avenir.

Les résidents de la circonscription no 17 sont plutôt réservés par rapport à des discussions en face-à-face, mais ils ont beaucoup à exprimer. Leur principale préoccupation concerne l'état des rues. «Il faut attendre les élections générales pour voir certaines rues être goudronnées. En ce moment, les nids-de-poule au centre-ville sont bouchés, mais il suffit de jeter un coup d'oeil aux alentours, y compris aux ruelles», explique un quinquagénaire de Résidence Atlee. «Chez moi, les drains sont souvent obstrués et, avec les pluies fréquentes, la cour est régulièrement inondée.» Un autre habitant de la Brasserie souligne qu'un pylône électrique près de chez lui est privé d'électricité depuis deux ans. «Et pourtant, on appelle Curepipe la ville lumière !» Il affirme avoir entrepris des démarches auprès de la mairie, mais en vain.

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Un autre problème persistant est la présence de toxicomanes à toute heure de la journée. Ils errent souvent aux abords de la gare Jan Palach Sud, selon les habitants. «Ils ne sont pas agressifs, mais ils sont toujours en groupe et nous craignons qu'ils ne nous attaquent. Au lieu de cibler uniquement les vendeurs ambulants, pourquoi la police est-elle si rarement présente dans ces zones ?» se demande une marchande du Bruce Square. «Nous travaillons parfois jusqu'à tard, surtout pendant les périodes de fête, et nous sommes préoccupés pour notre sécurité. Nous avons soulevé ce problème avec la mairesse, mais personne n'est venu nous voir, alors que nous sommes à seulement quelques mètres de la mairie.» Avec l'arrivée de nouvelles infrastructures, elle se demande si les clients seront au rendez-vous. «À 14 heures, il est rare de voir des clients, alors imaginez ce qui nous attend. Nous espérons ne pas rencontrer les mêmes problèmes que ceux du Victoria Terminal à Port-Louis...»

D'autres travailleurs, cette fois-ci au marché, expriment leur préoccupation de la présence de rats, surtout à l'arrière du marché où les livraisons sont effectuées. Avec les poubelles présentes, l'odeur nauséabonde ne fait rien pour améliorer la situation des employés des magasins environnants. «Construire de nouvelles infrastructures alors que celles qui existent déjà sont laissées sans soutien», se plaignent les commerçants de viande et de poisson. Tous attendent avec impatience de connaître les plans des différents candidats pour cette circonscription.

Perspective

Les Mauves et leurs alliés espèrent reconquérir leur ville

Depuis 1976, au cours des 11 dernières élections générales, les résidents de la circonscription no 17 ont oscillé entre les Bleus du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) et les Mauves du Mouvement militant mauricien (MMM), toujours accompagnés d'alliés. En 1976, trois représentants du PMSD ont été élus, mais ils ont été évincés en 1982 par l'alliance MMM-PSM (Parti socialiste mauricien) pour être réélus en 1983 avec sir Gaëtan Duval. Lors des élections de 1987, les habitants ont une fois de plus placé leur confiance en eux.

Cependant, les années suivantes ont vu l'émergence du MMM et de ses alliés. En 1991, Amédée Darga, Maxime Sauzier et Sanjit Teelock ont été élus devant les trois candidats de l'alliance Parti travailliste (PTr)-PMSD. Par la suite, des représentants mauves ont été élus associés à différents alliés. En 1995, aux côtés du PTr, Clarel Malherbe, Jacques Chasteau de Balyon et Motee Ramdass ont remporté les élections. En 2000, une alliance avec le MSM a permis à Éric Guimbeau, Gérard Paya et Sunil Dowarkasing de s'imposer avec la majorité des voix. La même alliance en 2005 a de nouveau fait confiance à Éric Guimbeau et Sunil Dowarkasing, accueillant également une nouvelle venue, Mireille Martin.

En 2010, associé cette fois-ci à l'Union nationale (UN) et au Mouvement mauricien social-démocrate (MMSD), le MMM a remporté les élections avec Éric Guimbeau, Satish Boolell et Steven Obeegadoo. 2014 a marqué un tournant avec le départ des Mauves de la circonscription. L'Alliance Lepep (MSM/PMSD/ML) a élu Adrien Duval et Malini Sewocksingh du PMSD ainsi que Stephan Toussaint (MSM). En 2019, l'Alliance Morisien avec Steven Obeegadoo et Kenny Dhunoo a été élue et Michaël Sik Yuen du PTr a réussi à se faire une place.

Sheila : «Dès qu'il pleut, l'eau s'infiltre partout... dois-je me sauver ou sauver mes marchandises?»

«À Dubreuil, un des principaux problèmes auxquels nous sommes confrontés est la prolifération de chats et chiens errants, une situation préoccupante à bien des égards. Après avoir vécu dans la région pendant 34 ans, je constate qu'il y a eu beaucoup de développements, mais l'avenir reste incertain. Sur mon lieu de travail, au Bruce Square, je rencontre un problème récurrent : dès qu'il pleut, l'eau s'infiltre partout, me laissant dans l'embarras. Dois-je me sauver ou sauver mes marchandises ? Nous avons soulevé cette question à la mairie, mais aucune solution n'a encore été trouvée, ce qui est particulièrement préoccupant pour notre sécurité.»

Saïd : «Je ne souhaite pas voir ces députés revenir dans notre circonscription»

«Depuis leur élection, nos députés se sont évaporés dans la nature. Résidant à la rue du Couvent de Lorette, je n'ai jamais croisé ni Steven Obeegadoo, ni Kenny Dhunoo. Michaël Sik Yuen, je l'ai aperçu seulement deux fois. Les infrastructures routières laissent à désirer. Du début de ma région jusqu'au rond-point de Wooton, la route est si étroite qu'il faut souvent s'arrêter pour laisser passer les véhicules volumineux. Les impasses sont truffées de nids-de-poule. On essaie maintenant de goudronner quelques routes, à quelques mois des élections. En tant que pensionnaire, je suis encore sur le marché du travail, la hausse de la pension n'a fait qu'augmenter le coût des produits que je dois acheter, sans parler des médicaments, souvent très chers, voire en rupture de stock. En tout cas, je ne souhaite pas voir ces députés revenir dans notre circonscription.»

Ahmed : «Le bazar laisse à désirer et l'état des rues est préoccupant»

«Nous constatons qu'à part la rénovation de l'hôtel de ville, aucun changement significatif n'a été opéré à Curepipe. Le bazar laisse à désirer et l'état des rues est préoccupant. Après 17 heures, la ville devient déserte, au point que l'on éprouve de l'appréhension à y circuler. En tant que chauffeur de taxi, même lorsque vous avez réussi à gagner un peu d'argent le matin, il faut se contenter de cela, car l'activité ralentit considérablement par la suite.»

Anju : «Les autorités ne se manifestent jamais pour venir écouter nos problèmes»

«En tant que commerçante au bazar, je ne peux pas me plaindre de l'activité de vente et d'achat de légumes. Les clients parviennent à se procurer de la nourriture, ce qui est essentiel. Cependant, ils se plaignent souvent de l'augmentation des prix tant pour les produits alimentaires que non-alimentaires. Cette hausse est particulièrement remarquable pour les légumes, même les planteurs en témoignent. J'espère que les projets de rénovation annoncés prendront en compte la nécessité d'améliorer les espaces de stationnement, car il est actuellement difficile de trouver une place. De plus, nous réclamons davantage de propreté, notamment en ce qui concerne les produits alimentaires. Les autorités ne se manifestent jamais pour venir écouter nos problèmes. Nous payons des taxes municipales, mais nous ne constatons aucun changement, surtout en ce qui concerne la présence des marchands ambulants à chaque coin de rue. En revanche, ils sont très prompts à donner des amendes si l'on dépasse son emplacement de vente...»

Francis : «Il est alarmant de constater le nombre de jeunes drogués que nous croisons»

«Je tiens à préciser d'emblée que je suis apolitique, mais je suis tout de même satisfait de ce que le gouvernement actuel fait pour le pays. En tant que pensionnaire, je peux au moins profiter un peu de ma retraite. Bien sûr, les produits restent relativement chers, et je me demande si les autorités ne pourraient pas exercer un certain contrôle sur les prix. Dans l'ensemble, je peux facilement me déplacer grâce au métro. Cependant, il est alarmant de constater le nombre de jeunes drogués que nous croisons, surtout lorsque l'on observe le nombre de patients à la méthadone à la station de police d'Eau-Coulée le matin.»

François Antonio : «On a l'impression d'être abandonnés»

«Depuis 2018, la municipalité a construit un centre à Malherbes, qui est désormais achevé mais toujours pas inauguré. Malgré sa nouveauté, le bâtiment semble déjà vieillir. Récemment, il a été utilisé pour la distribution de poubelles. Cependant, la municipalité est pratiquement inexistante, incapable même d'aider à l'organisation d'événements en raison d'un prétendu manque de liquidités. Pourtant, il n'y a pas de pénurie de fonds pour le bien-être social, surtout avec le gouvernement qui supervise cette instance. Même le fait que le ministre Toussaint habite dans la région n'a rien changé. On a l'impression d'être abandonnés. Ce sont finalement les habitants et les travailleurs sociaux qui tentent de prendre en charge la situation. Nous nous demandons comment la méthadone peut être administrée dans la cour du poste de police, sans encadrement adéquat pour les bénéficiaires. De plus, la police semble impuissante, à titre d'exemple, avec huit cas de vol signalés dans la région en un seul week-end. Il ne faut pas s'étonner si les habitants prennent les choses en main, comme cela a été observé sur les réseaux sociaux, voire s'ils s'en prennent aux voleurs par désespoir.»

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