Washington, DC — Décrivant la situation dans le Nord du Soudan comme étant «une situation déseperée», le Secrétaire d’Etat américain a annoncé que le gouvernment américain allait abandonner sa politique consistant à envoyer la plus grande partie de son aide humanitaire aux victimes de la guerre dans le Sud du Soudan. «Nous n’utilisons pas l’aide alimentaire comme une arme politique» a precisé Powell, «donc il n’y a pas de connotation politique à l’aide alimentaire. Le changement est strictement dû aux besoins dans le Nord».

Environ 17 000 tonnes de vivres initialement destinées au Bangladesh ont été finalement octroyées au Soudan. "Cela nous fera gagner du temps",a affirmé Andrew Natsios, administrateur de l’USAID, qui vient juste de conclure une visite en Afrique, en compagnie du Secrétaire d’Etat Collin Powell. 23 000 tonnes supplémentaires seront envoyées au Soudan plus tard.

Malgré la décision annoncée il y a moins d’une semaine, par le département d’Etat de faire délivrer par l’entrepreneur DynCorp de Reston en Virginie 3 millions de dollars américains en assistance logistique aux opposants l’Alliance Démocratique Nationale, basée dans Sud du Soudan, certains observateurs voient là un important changement en cours.

"Nous ne sommes contre aucune des parties," a affirmé Powell durant une confèrence de presse à Nairobi, «Nous voulons voir une réconciliation». Cependant, 18 mois auparavant, la Secrétaire d’Etat Madelaine Albright avait rencontré le chef de la rebellion soudanaise, John Garand , durant une visite à Nairobi.

Powell qui est connu pour son opposition à la nomination d’envoyés spéciaux , a aussi dit aux journalistes, qu’il est en train de considérer la possibilité de nommer un envoyé spécial au Sudan qui s’engagerait avec les parties interessées à redynamiser une partie de processus de paix qui avait été mise en place.

C’est un grand changement, a affirmé un membre du Congrès impliqué dans les affaires africaines.

Powell reconnaît que le gouvernment soudanais ne nous fera jamais confiance tant qu’il pensera que les Etats-Unis soutiennent le Sud.

Siddig Abdallah, conseiller à l’ambassade du Sudan, a cependant annonceé avec beaucoup plus de réserve: «nous accueillons avec joie ce changement. Nous considererons favorablement toute participation constructive dans les affaires soudanaises . Nous pensons que les USA peuvent jouer un role important afin de mettre fin à cette guerre." Interrogé sur l’importance de l’aide humanitaire dans le Nord par rapport au soutien logistique pour les rebelles sudistes, il a repondu qu'il ne voulaint pas se «prononcer au nom de l’administration américaine."

Le gouvernment améericain vient juste de réviser sa politique envers le Soudan. Toutefois, avec l’intense lobbying des groupes chrétiens, qui accusent le gouvernment de mener une guerre religieuse contre les non-musulmans, et le lobbying des groupes des africains-américains mécontents des informations selon lesquelles les milices pro-gouvernmentales réduisent les non-musulmans en esclavage, les contours de la politique américaine au Soudan restent flous.

D’après C. Payne Lucas d’Africare, ce sont les mains de Powell qui vont modeler cette politique. "Le fait que le Secrétaire d'Etat soit allé en Afrique en cette période, avec tout ce qui se passe au Moyen-Orient et dans les Balkans, est très important," a affirme Lucs en ajoutant:"Il ne peut pas sauver le Soudan, mais il peut attirer l’attention de l’administration sur ce pays."