Tunisie: Tunis: Un été politique qui s'avère très chaud

2 Juillet 2001

Washington, DC — L'arrestation de le 26 juin de Sihem Ben Sedrine, journaliste et porte parole du Conseil National des Libertés en Tunisie, a de nouveau focalisé l'attention de l'opinion publique internationale sur la situation politique en Tunisie. L'arrestation a été denoncée comme une violation flagrante des libertés civiles par Amnesty Internationale, Human Rights Watch et La Fédération Internationale Des Droits de l'Homme qui estiment que le nombre de prisonniers politiques en Tunisie serait de l'ordre de mille personnes.

L'arrestation de Ben Sedrine a aussi déclenché une séries de manifestations d'appui dans plusieurs villes européenne and amené le Parti Socialiste en France, qui maintient des relations économiques et politiques priviligiées avec son ancienne colonie Nord africaine, à appeler le gouvernment tunisien à faire preuve de plus de respect pour les droits des Tunisiens.

Ben Sedrine fut arretée suite à une plainte en diffamation déposée contre elle par un juge tunisien. La journaliste qui participait à un débat télévisée sur la chaine Arabe Al-Mustaqilla qui émet à partir de Londres, a cité le juge en question comme disant que la justice tunisienne est sous le contrôle du gouvernment. Son proces est fixé pour le 5 juillet.

Selon les militants des droits de l'homme, cette action contre Ben Sedrine est la plus récente d'une series d'arrestations visant à museler l'opposition. Ils citent l'arrestation de plusieurs personnalités éminentes tel Mohamed Moada, ancien prisonnier politique et figure chevronnée de la scène politique tunisienne. Moada avait envoyé une lettre au président Zine El Abidine Ben Ali dénoncant ce qu'il qualifié de manque de liberté et de pluralisme politique en Tunisie.

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Depuis qu'il a accédé au pouvoir en Novembre 1987, suite à un coup constitutionnel contre feu président Habib Bourguiba, Ben Ali est au sommet du Rassemblement Démocratique Constitutional (RDC) au pouvour. En février dernier, Ben Ali a reitéré que le RCD continuera d'assumer le rôle de "leadership aujourd'hui et demain" parce que , selon lui, il permet au pays de faire des pas géants sur le chemin du progrès. La Tunisie est actuellement l'une des success stories de l'Afrique. Depuis plusieurs années, son économie connait un taux de croissance de plus de quatre pour cent tout en s'appuyant sur un secteur touristique dynamique qui attire plus de 4 million de touristes étrangers chaque année, soit l'équivalent de la moitié de la population locale.

Mais selon les opposants, ce succès a été réalisé au prix fort des libertés politiques qui ont été sacrifiées. Bon nombre de Tunisiens se disent favorables à la politique anti-Islamiste du président Ben Ali dans les années 1980 et 1990. Cepandant, ils pensent que la situation a changé depuis et que seule la démocracie et le respect des libertés pourraient actuellement garantir au pays une vraie stabilité politique.

Au mois de mai dernier, Ben Ali a déclaré en exclusivité à des médias locaux -- une première depuis sa prise du pouvoir -- que "la démocratie et le pluralisme sont pour moi un choix irréversible", avant d'ajouter que "si nous avons opté en la matière pour un cheminement progressif et avons banni toute improvisation, c'est pour éviter les retours en arrière et d'autres glissments qu'ont connus sous d'autres cieux certaines experience..."

Alors que les bouleversements politiques chez le voisin algérien semblent préoccuper tout le monde dans la région, les opposants tunisiens ne sont guère convaincus que la répression soit le meilleur moyen de sauvegarder les acquis du pays. Selon ces opposants, il est essentiel de lever le ton de la contestation et de revendiquer plus de libertés. Reste à savoir si ces critiques s'avereraient suffisantes pour amener le gouvernment à elargir le champs politique. Une chose est certaine cepandant: Tunis ne risque pas de se désintéresser à la campagne menée par les militants des droits de l'homme, surtout en en France mais aussi dans d'autres pays influents de l'Europe.

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