Afrique: Le président Bouteflika en conférence de presse

13 Juillet 2001

Washington, DC — Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a fait la lumière sur ses pourparlers avec le président Geoge Bush au cours d'une conférence de presse qu'il a tenue vendredi. L'une des questions majeures qui ont été adressées, a dit Bouteflika, est celle de la coopération bilaterale dans les domaines culturel, militaire et surtout economique. Bouteflika a appelé le secteur privé americain à investir davantage en Algérie. Les compagnies pétrolieres américaines ont déjà investi plus de trois milliards de dollars et on s'attend à ce qu'elles investissent autant d'ici 2005.

Bouteflika a aussi appelé les Etats Unis à s'investir ailleurs dans le continent. Alors qu'il a fait l'éloge de la décision de George Bush de contribuer $200 milions de dollars à la lutte contre le SIDA en Afrique, il affirmé que les Africains s'attendent à plus d'action de la part de l'administration américaine. "Au sommet du G8 qui se tiendra le mois prochain en Italie, je m'attends à ce que les Etats Unis soutiennent la position africaine sur la dette et le developpement en Afrique" a-t-il déclaré. Cette position, proposée communément par le Sénégal et l'Afrique du Sud, a été adoptée par l'Organisation de l'Unite africaine (OUA) cette semaine à Lusaka.

Au cours d'un déjeuner offert en son honneur par la fondation Carnegie à Washington, plus tard dans la journée du vendredi, Bouteflika a repris le thème de l'Unité africaine. L'Algérie et le Nigeria avaient initialement soutenu l'initiative Millenium pour le développement en Afrique (connue sous son sigle anglais MAP) proposée par le président Thabo Mbeki. Cela a suscité des spéculations sur l'emergence d'un axe Alger-Abuja-Pretoria. Le président algérien a ecarté ces speculations en disant que les axes, outre leur nature dangereuse, appartiennent à une ère révolue. "Un axe veut dire une alliance contre quelqu'un, alors que tous les Etats africains oeuvrent pour le bien commun du continent" a dit Bouteflika.

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Sur le dossier de la mutation de l'OUA en l'Union africaine (UA), Bouteflika a qualifié cette action de "décision historique" tout en ajoutant que le fait que l'UA ait été parrainée par le leader Muammar Al-Gaddafi ne doit pas soulever d'appréhensions. "L'UA ne vise pas tel ou tel pays", a souligné Bouteflika. Toutefois, il a conseillé aux Africains de ne pas émuler l'exemple des Etats Unis d'Amérique en créant des Etats Unis d'Afrique. "Cela serait trop tôt, trop vite" a-t-il; ajouté.

L'une des questions vivement débatues lors du sommet de Lusaka et soulevée par Bouteflika vendredi est si le Sahara Occidental deviendra indépendant ou s'il sera absorbé dans la souverainté marocaine. Un plan recemment presenté par James Baker, envoyé spécial des Nations Unies, au Conseil de Sécurité préconise une autonomie limitée aux Sahraouis au sein du Maroc. Bouteflika s'est dit contre ce plan "parce qu'il veut contourner la question de l'autodétermination pour le peuple Sahraoui" a-t-il affirmé. Bouteflika a annoncé que son pays assistera au prochain round de Houston mais ne participera pas directement aux négotiations entre le Maroc et le Front Polisario.

La visite de Bouteflika à Washington a été dominée par la politique intérieure algérienne. Depuis la fin avril, l'Algérie a connu une série de manifestations massives et parfois violentes revendiquant plus de droits pour la population kabyle en particulier et plus de démocratie pour l'ensemble des Algériens. Le gouvernement a recemment interdit toute manifestation dans la capitale Alger. Bouteflika qui a été critiqué pour la manière dont il a géré le dossier a défendu sa position. Il a signalé qu'une minorité ne peut dicter sa volonte à une majorité et ajouté qu'il est "erroné de pércevoir ce qui ce passe en Algérie comme un conflit entre Arabe et Berbere. Nous sommes tous musulmans, Arabes et Berberes a la fois." Bouteflika, qui conclut sa visite samedi, s'est dit prêt à modifier la constitution algèrienne pour qu'elle reflète le mélange identitaire de son pays.

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