Washington, DC — Après dix heures de discussions à Brazzaville, les onze chefs d'Etat africains ont annoncé leur verdict aux reporters et syndicalistes qui attendaient avec une vive impatience.
"Il fallait choisir," a annoncé le président Ivoirien Laurent Gbagbo, "Il fallait discuter, il fallait voir clairement pour que notre multinationale ne meure pas. Air Afrique ne mourra pas."
Le sommet a adopté un plan de sauvetage proposé au départ par le gouvernement français et visant à créer une nouvelle Air Afrique, financirèment et juridiquement séparée de l'ancienne, qui sera operationnelle dans trois mois. Son lancement coûtera environ US$70 millions qui seront fournis par la compagnie aérienne française Air France, selon une déclaration du président sénégalais Abdoulaye Wade à l'issue du sommet.
Dans cette nouvelle situation, 35% des actions d'Air Afrique seront entre des mains françaises, 28% entre celles des gouvernements africains, 30% seront gardées par les investisseurs africains privés et le personnel de la compagnie africaine gardera le reste.
Le président Wade a également annoncé que tout le personnel de l'actuelle compagnie basculera dans la nouvelle, sauf ceux qui préféreraient la retraite anticipée ou le départ volontaire.
Plus tard, Air France a annoncé qu'il n'est pas question de garder tout l'effectif et qu'il y aurait des licenciements.
Néanmoins, le secrétaire général de l'inter-syndicale d'Air Afrique a loué le plan, disant qu'il "partage la poire en deux", liquidant la dette d'Air Afrique tout en permettant à la compagnie de continuer de voler. Il a également dit que la question des avantages des salariés serait traitée dans des prochaines négociations.
L'adoption du plan français implique le départ de Jeffrey Erickson, l'administrateur américain actuel d'Air Afrique, au terme de son mandat qui expire le 31 août. Erickson, nominé par la Banque mondiale pour structurer la compagnie africaine, recommendait la mise en chômage de 2000 des 4,200 employés d'Air Afrique. Les chefs d'Etat africains actionnaires de la compagnie ont rejecté ce plan.
Air Afrique, qui a été créée en 1961 pour servir d'outil de coopération franco-africaine et être le symbole d'un continent nouvellement independant, a commencé à sombrer dans la crise dès le début des années 90. Accusé de mauvaise gestion, la compagnie a accumulé environ US$417m de dettes.