Afrique: Le Maroc se veut base d'investissements américains vers le Maghreb et l'Afrique sub-saharienne

1 Novembre 2001
interview

Philadelphie, Pennsylvanie — Le Maroc entreprend depuis plusieurs années un ambitieux programme de privatisation dont la cadence n'a pas diminué depuis l'arrivée en 1998 du gouvernement d'alternance, mené par le socialiste Abderrahman Youssoufi. Et bien que l'économie marocaine soit étroitement orientée vers l'Union européenne, la classe dirigeante entame actuellement un processus d'ouverture sur de nouveaux marchés, notamment aux Etats-Unis d'Amérique. A l'occasion du sommet économique afro-américain organisé par la Corporate Council on Africa en Philadelphie, le ministre marocain des affaires générales Ahmed Lahlimi affirme, dans un entretien avec AllAfrica.com, que son pays cherche à devenir une base pour les investissements américains vers le Maghreb et l'Afrique sub-saharienne.

Que représente ce sommet pour le Maroc?

Il représente un cadre pour des contacts entre le Maroc et d'autres pays africains et des contact avec beaucoup plus d'investisseurs potentiels americains qui peuvent se rendre compte des opportunités qu'offre le Maroc et donc avoir peut-être l'envie d'y venir investir.

Quelles sont ces opportunités?

Elles sont énormes parce que le Maroc s'est engagé depuis les années 90 dans une voie de libéralisation de son économie, de promotion de l'Etat de droits dans le monde des affaires grâce à une législation sur la concurrence, sur la transparence des procédures administratives, des législations sur les privatisations, sur la gestion des services publiques.

Donc, sur la base de ce cadre global législatif et institutionnel, le Maroc a entamé une très forte politique de privatisation dans le domaine des technologies de l'nformation et d'autres domaines et il présente aujourd'hui, grâce à cette politique d'ouverture et de la libre entreprise, des opportunités dans les secteurs de l'agro-industrie, l'industrie mechanique, les textiles, le tourisme et également le secteur des telecommunications qui en est aujourd'hui des plus rentables et plus ouverts qui existent en Afrique.

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L'economie marocaine a traditionnellement été axée sur l'économie européene. Cela poserait-il problème aux investisseurs américains?

Les relations entre le Maroc et les Etats-Unis ont toujours été très bonnes et nous nous flattons d'avoir été le premier pays à reconnaître l'independance des Etats-Unis. Par ailleurs, nous sommes complétement en phase avec les Etats-Unis sur les valeurs des droits de l'hommes, de la tolérence et d'autres valeurs fontamentales qui nous unissent. Nous avons toujours été un allié sans complaisance mais très loyal au Etats-Unis. L'Europe est le premier partenaire du Maroc. Par ailleurs on a un accord de libre échange avec l'Europe et qui va commencer à se concrétiser à l'horizon 2010 et que nous commençons à préparer.

Et aujourd'hui s' il y a des groupes americains déjà installés au Maroc, nous considérons qu'il faut aller vers une zone de libre échange aussi avec les Etats-Unis pour que nos rapports avec l'Europe ne produisent pas un effect d'éviction des americains de notre marché. Ce que nous voulons réaliser pendant que nous allons vers les Etats-Unis c'est que les américains eux aussi soulèvent au maximum les barrières douanières qui s'opposent à l'ouverture des marchés américains au produits marocains.

Quels sont les secteurs qui d'après vous intéresseraient les américains?

Presque tous les secteurs. Nous sommes un pays qui a une diversité de potentialités extaordinaires. Nous sommes aussi un pays qui peut servir de base économique pour un déploiment américain vers le Maghreb et vers l'Afrique sub-saharienne avec laquelle nous entretenons des relations privilégiées. Tous les secteurs peuvent potentiellement intéresser les Etats- Unis mais surtout les secteurs des télécommunications, du tourisme et de l'agro-industrie. Toute une gamme de secteurs et de possibilités dont les hommes d'affaires américains peuvent profiter.

Vous avez dit que le Maroc peut servir de tremplin vers le reste de l'Afrique. Parlez-nous des activités du secteur privé marocain en Afrique sub-saharienne?

Le secteur privé marocain est très actif parce qu'il y a une ouverture très forte depuis l'arrivée du Roi Mohammed VI sur l'Afrique sub-saharienne, une consolidation des nos relations que ça soit avec la Mauritanie, le Senegal, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Cameroon et bien d'autres pays. Il est actif dans le secteur bancaire, les télécommunications, et l'industrie.

Comment voyez-vous les répercussions des événement du 11 septembre sur l'ensemble des économies africaines?

Je crois que plus un pays présentera l'image de la stabilité, de la transparence dans les affaires, de la bonne gouvernance, de la promotion des droits de l'homme et de l'Etat de droit dans le secteur de l'economie, plus il attirera et les investissements, et les touristes quand il a le potentiel pour cela. Je crois que le maroc est dans ce cas là. Et je pense que les capitaux aujourd'hui vont souvent avoir, avec ce qui s'est passé, présent à l'esprit cette dimension de stabilité pour faire leur choix des pays ou ils vont s'investir.

Je crois que le grand effort à faire dans tous les pays, pour faire face à cette situation et pour la dépasser c'est de consolider la démocratie et la transparence dans leur gestion et gouvernance et d'être plus ouverts encore sur les marchés extérieurs. C'est par cette voie que nous allons d'une part dépasser la crise mais aussi prévenir d'autres crises. Ce n'est que le libre échange économique et la libre expressions par les peuples de leurs aspirations et leur participation dans la chose publique que l'on évitera tous les sectarisme et toutes les violences.

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